Reconstruire en bord de mer, oui mais…
L’une des principales oppositions au projet de révision du plan de prévention des risques naturels (PPRN) est la mesure qui interdit la reconstruction d’un bien situé en zone rouge foncé et détruit à plus de 25 % de ses structures ou au niveau de ses fondations.
La mission menée par Dominique Lacroix et Jean-François Desbouis, a pu identifier qu’entre 20 et 25 maisons dont une dizaine à Sandy Ground étaient concernées. «En conséquence, elle recommande de privilégier le principe de réduction dans un traitement au cas par cas».
En d’autres termes, la mission considère que le nombre relativement faible de maisons détruites par la submersion marine lors du passage d’Irma, ne justifie pas l’interdiction totale de reconstruire sur le littoral comme suggérée par la Deal. De plus, à long terme, cette mesure pourrait avoir un impact sur l’aménagement du territoire : si demain davantage de maisons venaient à être détruites dans les zones rouge foncé, comment les riverains pourraient-ils se reloger ? Et où ?
La mission propose une alternative : permettre la reconstruction mais à la condition de réduire la vulnérabilité. C’est déjà ce que Dominique Lacroix et Jean-François Desbouis avaient soumis en 2018 dans l’Aude suite à des inondations. «Il est clair que, dans un double contexte de pression démographique sur le littoral et de préservation d’un développement dans des zones plus défavorisées, souvent en arrière-pays, il ne faudrait pas en conclure à l’impossibilité de toute urbanisation, avec une règle stricte de non constructibilité en zone rouge. Il importe de se donner les moyens de prévoir de vivre avec un risque acceptable et accepté, grâce à des mesures tendant à une meilleure résilience du territoire, ne passant pas exclusivement par la protection», est-il écrit dans le rapport de mission Retex Aude (retour d’expérience) à la laquelle Dominique Lacroix et Jean-François Desbouis avaient participé.
A Saint-Martin, la mission Lacroix suggère donc d’autoriser la reconstruction des bâtiments détruits en zone rouge foncé à une condition : que le propriétaire puisse «garantir une réduction significative de la vulnérabilité» ; cette garantie devant être prouvée par «une étude obligatoire d’architecte indiquant dans une notice jointe à la demande de permis de construire les modalités prévues pour parer au risque».
Dominique Lacroix et Jean-François Desbouis avaient déjà évoqué cette mesure lors de leur déplacement à Saint-Martin, les ministères des Outre-mer et de la Transition écologique l’ont approuvée. Annick Girardin a donc demandé lundi dernier aux services de la préfecture de la transcrire dans le nouveau règlement.
Cette mesure s’appliquera tant aux habitations particulières, qu’aux bâtiments professionnels, hôtels et dans tous les quartiers. La mission «considère que ce principe doit valoir tout type de construction afin d’assurer un traitement homogène et équitable de tous les secteurs et de toutes les situations».
En revanche la mission approuve la mesure de la Deal, consistant à interdire «la construction de nouveaux projets sur des secteurs où il n’y a jamais eu de construction» en zone rouge. La mesure sera donc retenue dans le règlement définitif du PPRN.