30.06.2020

Fibre optique : création d’une société Tintamarre pour financer le génie civil

Concrètement, le déploiement de la fibre optique sur le territoire signifie le remplacement du cuivre par la fibre et l’enfouissement des réseaux. Le coût de ce génie civil (tranchées et fourreaux soit 90 km d’artères) est estimé entre 10 et 11 millions d’euros.

Par manque de moyens financiers, la COM a renoncé à réaliser seule les travaux. Aussi deux options se sont-elles présentées : soit les travaux de génie civil sont réalisés par les opérateurs privés eux-mêmes comme Orange, Dauphin Telecom ou THD Tel, soit ils le sont par une société ad hoc dont l’objet sera la construction, le financement et l’exploitation de ces réseaux.

Le choix de la majorité des élus s’est porté sur la deuxième option. «C’est le seul moyen de maîtriser nos réseaux numériques», convient le président Daniel Gibbs. «Le réseau appartiendra indirectement à la COM» a confirmé la Caisse des Dépôts et consignations (CDC), partenaire financier. C’est ainsi qu’est né le projet de Tintamarre, une société par action simplifiée (SAS).

La SAS aura trois actionnaires : la COM à hauteur de 40 %, la CDC à hauteur de 40 % et des opérateurs à hauteur de 20%. La CDC qui a participé à la rédaction des statuts et à la définition de l’objet de la société, a proposé à l’ensemble des opérateurs numériques présents à Saint-Martin d’entrer au capital. Orange et THD Tel ont décliné la proposition, Dauphin l’a acceptée ainsi que MSR mais plus tardivement.

Dans ce contexte, un projet de statuts a été rédigé et ce document a été présenté ce matin aux élus du conseil territorial réunis en séance plénière. Il a fait l’objet d’un long débat entre l’opposition et la majorité.

Louis Mussington, leader du MJP, a exprimé son incompréhension et son insatisfaction à ce que la Caisse des Dépôts puisse détenir 40 % du capital de la société. Il a aussi regretté que d’autres partenaires saint-martinois «non industriels» (terme employé dans le document) et non impliqués dans le monde du numérique ne puissent entrer au capital. «A quel moment s’est-on posé la question si des entrepreneurs de l’île qui ne sont pas forcément des « partenaires industriels » seraient intéressés et voudraient participer au capital ?», a demandé Louis Mussington qui a qualifié la CDC «d’usurpateur».

Absente de la séance mais présente sur les réseaux sociaux, Bernadette Davis, conseillère territoriale et aussi membre du MJP, souhaite que des Saint-Martinois puissent également investir. «Nous Saint-Martinois sommes prêts à être des investisseurs», a-t-elle écrit en commentaire du live de la séance plénière.

Selon le projet de statuts tel que distribué aux élus ce matin, les actionnaires seront la COM, la CDC et Dauphin Telecom. Au moment de la rédaction, MSR n’avait pas encore validé sa participation d’où sa non-inscription dans ledit document. Et l’incompréhension.

Au début du projet seuls les opérateurs FTTH pouvaient entrer au capital, or MSR n’est pas un opérateur FTTH. Mais au final sa participation au capital de Tintamarre a été rendue possible. Le directeur de l’entreprise présent dans la salle, a été invité par le président de la COM à le confirmer de vive voix. Cela a rassuré les élus de l’opposition. Toutefois Louis Mussington campe sur sa position de pouvoir faire entrer au capital d’autres entrepreneurs.

La CDC a en outre expliqué que le capital de la société sera ouvert d’ici quelques mois. Et pourra présenter sa candidature qui voudra. Daniel Gibbs souhaite néanmoins que seuls des acteurs du monde numérique soient retenus.

Six mois après sa création, Tintamarre devra avoir un capital de 600 000 euros : 240 000 apportés par la COM, 240 000 par la CDC et 120 000 par les opérateurs.

La création de la société et la participation de la COM au capital ont été adoptées par les élus.

Estelle Gasnet