L'impact des crises post Irma et du covid sur les recettes de l'aéroport de Juliana
Les vols commerciaux en provenance et vers les USA devraient rouvrir le 1er août. Hier, l’Institut John Hopkins annonçait un nouveau record de contaminations quotidiennes aux Etats-Unis avec 60 000 infections recensées mardi.
Si ne pas rouvrir l’aéroport Juliana (dont 98,6 % du trafic sont des vols commerciaux), trop tôt peut être justifiée d’un point de vue sanitaire, économiquement elle est très risquée pour le territoire dont près de 80 % de l’économie reposent sur le tourisme.
Les éléments de contexte
Les passagers au départ génèrent 60 % des revenus de l’aéroport et 60 % de ces passagers sont des touristes de séjour.
Selon les rapports annuels d’activité 2013 et 2014*, les deux tiers des revenus sont issus des taxes aéroportuaires et passagers. En 2014, celles-ci sont de 39,48 millions dollars, elles sont 2,5 fois supérieures aux charges de personnel, lesquelles représentent un tiers des dépenses total de l’établissement.
A noter que les charges de personnel (des 268 employés) s’élèvent à 15,8 M$ en 2014, dont 11,24 millions de salaires.
Le même rapport indique que «les passagers au départ de Juliana représentent la plus importante des trois catégories de passagers (départ, arrivée, transit, ndlr) car ils paient des taxes qui constituent 60 % des revenus de l’aéroport». 834 902 passagers au départ ont été enregistrés en 2014, soit une moyenne mensuelle de 69 575. 60 % de ces passagers au départ étaient des touristes, les autres étaient des résidents.
Impact des crises sur les recettes de Juliana
Suite au passage d’Irma, le nombre de visiteurs a nettement chuté et les principales recettes n’ont pas permis de couvrir les charges de personnel.
Au premier trimestre 2014, Juliana avait accueilli 158 032 touristes, cette année seuls 74 395 l’ont été de janvier à mars selon les données du gouvernement de St Maarten. C’est 2,1 fois moins.
Dans ce décompte, les voyages des résidents ne sont pas comptés (leur nombre ne sont pas encore communiqués).
Ces 74 395 touristes ont généré sur trois mois 2,9 millions de dollars de recettes au titre de la «Sint Maarten Airport Departure Tax» dont le montant est de 39 dollars selon le détail précisé par Delta Air lines sur une simulation de billet SXM-New York. Auxquels s’ajoutent 818 345 dollars de «Improvement fee». Soit un total de revenu 3,7 M$ contre 9,8 M$ en 2014 (sans compter les Passenger Screening fees).
Les charges trimestrielles de personnel étant de l’ordre de 3,95 millions de dollars (selon le rapport de 2014) voire un peu moins cette année dans l’hypothèse où elles ont suivi la tendance à la baisse amorcée au début des années 2010, les seules recettes issues de la taxe passagers permettent tout juste de les couvrir ce premier trimestre, ce qui n’était pas encore arrivé depuis Irma.
Par ailleurs, les dépenses dites classiques se sont ajoutées d’autres charges depuis Irma liées à la reconstruction du terminal. Autant de charges auxquelles l’établissement doit faire face sans recettes depuis la fermeture des vols commerciaux. D’où l’intérêt économique d’en rouvrir le maximum le plus tôt possible.
Poids économique des passagers des Etats-Unis
En 2014, la direction de l’aéroport déclarait que la moitié des passagers dits au départ, étaient originaires des Etats-Unis. Soit 414 170 Américains embarquant sur l’année. Ou 103 542 par trimestre. A titre comparatif, le nombre de touristes de séjour en provenance d’Amérique du Nord était de 107 526 au premier trimestre 2014.
Cette année un total de 74 395 touristes toutes nationalités confondues ont été accueillis au cours des trois premiers mois de l’année.
Sur la base d’une «Departure tax» de 39 dollars, les seuls 414 170 passagers des Etats-Unis généraient 16,15 millions de dollars de recettes, soit plus que les dépenses de personnel.
D’où l’intérêt de permettre aux touristes des USA très fidèles à l’île, de revenir le plus tôt possible.
* Rapport le plus récent consultable sur le site internet de la plate-forme.