Elle «disjoncte» car son fils lui ramène une robe alors qu'elle lui a demandé une jupe
Un dimanche à 17h50, une grand-mère va à la gendarmerie pour déposer plainte : son petit-fils (soit le fils de sa fille) est victime de violences. Examiné par un médecin aux urgences, il présente des traces de coups sur le corps ainsi qu’une morsure au pouce. Il a une incapacité totale de travail (ITT) de 2 jours. L’enfant âgé de 13,5 ans a été battu par sa mère, SR, 38 ans.
Accusée de violences, celle-ci était convoquée jeudi devant le tribunal de proximité de Saint-Martin mais était absente. L’enfant était présent, accompagné et représenté par l’association Trait d’Union (administrateur ad hoc). A l’appel des causes le matin, le juge a demandé à ce que le jeune garçon ne soit pas présent à l’audience pour «ne pas le traumatiser».
Les faits remontent au 23 février de cette année. SR demande à son fils d’aller lui chercher une jupe grise et il revient avec une robe grise. Son erreur l’a énervée. En partant, il aurait aussi bousculé son demi-frère, un bébé d’un an et demi, un comportement qui l’a encore plus énervée. SR tape alors son aîné sur la cuisse. Toujours selon elle, il lui aurait également donné des coups de poing. «Ça m’a fait disjonctée», a-t-elle expliqué aux gendarmes lors de son audition.
Elle saisit ainsi un marteau pour frapper son aîné. Ce dernier tient l’outil pour empêcher sa mère de le frapper. Comme il ne veut pas lâcher le marteau, elle prend une rallonge électrique pour le fouetter «jusqu’à ce qu’il lâche». L’enfant demande à sa mère d’arrêter. «Je lui ai remis deux coups…», poursuit-elle lors de son interrogatoire.
L’enquête va révéler un contexte familial difficile. Alors que son fils est âgé de trois -quatre ans, SR quitte Saint-Martin pour aller en métropole chercher un travail. Elle laisse alors son fils à sa mère le temps que sa situation se stabilise. Mais elle ne va jamais reprendre son enfant qui est élevé par la grand-mère maternelle (la mère de la prévenue).
SR est revenue récemment à Saint-Martin avec un second enfant âgé d’un an et demi et la situation est tendue avec son grand garçon. Elle le traite «d’assisté et d’handicapé » et n’accepte pas qu’il lui réponde pour se défendre. Alors elle le corrige et l’insulte.
Il ressort du dossier qu’elle lui a dit «bâtard, connard, emmerdeur, chien». Elle le traite aussi de «petite princesse». Elle précise néanmoins : «je ne le déteste pas, seulement il m’énerve parfois ». Elle admet en outre l’avoir déjà tapé. «La dernière fois, c’était quand il est allé voir l’assistante maternelle». Toujours aux gendarmes, elle a confié qu’elle «montait rapidement en pression ». «Je ne m’arrête pas. Mais quand j’ai fini d’aboyer, je te fous la paix, sinon je mords» », a-t-elle ajouté.
«Le droit de correction existe mais il a des limites. On n’a pas le droit de fouetter un enfant», a insisté le tribunal. Suite au dépôt de plainte, le jeune de 13 ans a été placé chez sa grand-mère maternelle par la juge des enfants qui suit la famille. La mère, quant à elle, est repartie en métropole avec son plus jeune enfant à qui parfois «elle donne juste de petites tapes».
«Ce sont des faits effrayants. Le jeune a expliqué avoir été tapé a minima une fois par semaine», a déclaré le vice-procureur qui a requis une peine de quinze mois de prison avec sursis à l’encontre de la mère dont le casier judiciaire est vierge.
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné SR à une peine de huit mois de prison avec sursis. Il a également reçu les demandes de constitution de partie civile de la victime et de dommages et intérêt. Cette partie là de l’affaire a été renvoyée sur intérêt civil.