Un bateau a chaviré et un autre a pris à l'eau à l'entrée du chenal à Sandy Ground
Il est 19h12 samedi soir quand la gendarmerie de Saint-Martin prend contact avec le CROSS-AG (Centre régional opérationnel de secours et de sauvetage des Antilles-Guyane) et annonce qu’un témoin à terre vient de leur signaler un navire en feu près du pont de Sandy Ground ; peut-être suite à une collision avec un autre bateau. Il ajoute qu’un navire vient de chavirer et que des gens sont à l’eau et qu’un ou deux autres navires sont peut-être impliqués pour un total de trois embarcations.
À 19h16 le CROSS-AG engage les pompiers de Saint-Martin, puis alerte les bénévoles de la station SNSM de sauvetage en mer de Saint-Martin à 19h20. Les premières informations sont un peu confuses, mais le CROSS indique qu’il y a peut-être eu une collision entre 2 ou 3 bateaux près du Pont de Sandy Ground; avec une douzaine de personnes à l’eau et possiblement un des navires en feu.
Grosse intervention en perspective ; il est donc décidé d’engager deux équipes de sauveteurs avec les 2 moyens nautiques de la station.
La Rescue Star appareille en premier à 19h50 avec quatre équipiers pour récupérer d'éventuels naufragés ; elle est suivie 5 minutes plus tard de la vedette SNS 129 avec 5 équipiers et les lances incendies pour éteindre le feu éventuel. Ils arrivent quelques minutes plus tard devant l'entrée du chenal du pont de Sandy Ground.
Les pompiers et les gendarmes sont déjà sur place, à terre, et de nombreux résidents de Sandy Ground sont présents sur le littoral. Le vent souffle à 20 nœuds et une grosse houle déferle à l'entrée du chenal. La Rescue Star rencontre beaucoup de débris flottants, puis trouve un premier petit bateau de 18 pieds entre 2 eaux ; mais il n’y a personne dans l’eau. La SNS 129, moins manœuvrable que le semi-rigide, reste un peu plus en dehors du chenal ; il n’y a aucun feu sur zone et pas d’odeurs de brûlé.
Les pompiers à terre prennent en charge les personnes impliquées, qui avaient toutes réussi à nager jusqu’au rivage et à sortir de l'eau grâce à l'assistance des riverains de Sandy-Ground, avant l’arrivée des secours. Le CROSS confirme à la VHF que tous les passagers ont été récupérés et qu’il n’y a plus personne à l’eau, mais demande quand même à la SNSM de balayer la zone, afin de localiser les navires impliqués. Outre le petit bateau de 18 pieds, proche de l'entrée du chenal mais presque complètement coulé, le premier, de 25 pieds, avait chaviré et dérivé à l’envers pour aller s’échouer sur la côte, plus au sud.
Il n’y a aucun signe du troisième bateau ; et la SNSM ne peut rien faire sur zone pour les deux navires sinistrés, vu l'état de la mer et n’étant pas une société de renflouage. A 21h10, le CROSS donne donc liberté de manœuvre aux deux moyens nautiques qui reviennent à quai à la Marina Fort-Louis à 21h25, sans avoir été vraiment utiles, car alertés tardivement.
C’est donc la fin de cette mission ; mais, 2 heures et demie plus tard, les équipiers bénévoles de la SNSM seront mobilisés à nouveau pour un autre sauvetage (récit à lire dans le prochain article).
Récit du naufrage par le capitaine
Le lendemain, la SNSM apprend, par un des capitaines impliqués, ce qui s’est réellement passé près du pont de Sandy Ground.
Il nous raconte qu’ils sont un groupe d’amis sur trois bateaux qui se suivent pour rentrer au port dans le lagon de Simpson Bay, après une journée en mer. A l'approche du chenal de Sandy Ground, le premier capitaine, sur le bateau de 25 pieds, rate l'entrée du chenal qui n’est pas balisée de nuit (et le pont n'est pas éclairé non plus). Il se trouve alors trop vers la droite, sur une zone de hauts fonds, et est surpris par une grosse déferlante. Il n’a même pas le temps de donner un coup de barre que le bateau chavire et les huit personnes à bord sont éjectées dans l’eau, à 200 mètres de la côte.
Le capitaine nage en dessous du bateau pour s’assurer que personne n'est coincé sous la coque ; puis il fait l'appel dès qu'il remonte pour savoir où sont tous ses passagers. Entre temps, le deuxième bateau qui les suivait de près essaie de s’approcher pour aider leurs amis ; mais ils se trouvent eux aussi du mauvais côté du chenal, près du banc de sable, et se prennent une grosse vague à leur tour. Leur bateau ne chavire pas, mais il se remplit d’eau, les batteries sont sous l’eau, le moteur cale, la pompe de cale s’arrête et le bateau commence à couler. Il y a cinq personnes (dont une enfant) à bord de ce bateau de 18 pieds, mais ils ont le temps de se mettre à l’eau avec leurs gilets de sauvetage.
Les riverains entendent des cris de panique et viennent voir ce qui se passe ; les naufragés arrivent tous à regagner le rivage et les habitants de Sandy Ground les aident à sortir de l’eau ; leur apportent des serviettes et tentent de les réconforter en attendant l’arrivée des secours terrestres.
Fort heureusement, le troisième bateau du groupe, qui ne les suivait pas d’aussi près, a réussi à rentrer dans le chenal et revenir à bon port avec ses 6 passagers.
Contrairement à ce qui a pu être suggéré sur les réseaux sociaux, l'alcool n'était pas un facteur (tests d’alcoolémie réalisés par la gendarmerie) ; il s’agit simplement d’une erreur de navigation. Erreur humaine dont le premier capitaine prend la pleine responsabilité. “Je me suis planté tout bêtement, en l'absence de balisage lumineux du chenal et d'éclairage du pont”, dit-il à la SNSM.
Le bateau qui s'est échoué sur la côte a été dévalisé la nuit même ; l’autre a continué de dériver entre 2 eaux, avant de s'échouer lui aussi.