Un enfant est frappé avec une ceinture par son père et sa belle-mère
Le matin au collège l’enfant se plaint de douleurs au niveau du bras. Il est envoyé pour des examens à l’hôpital où les médecins diagnostiquent une fracture de l’humérus ainsi qu’une lésion de 10 cm sur l’épaule gauche. La maman est appelée mais étant absente (elle est en Martinique pour raison médicale), la sœur de celle-ci est contactée pour venir chercher l’enfant. Une ITT de 21 jours est prescrite.
Des soupçons de maltraitance et/ou violences sont évoqués, aussi les gendarmes sont-ils saisis et ouvrent une enquête. Le garçon qui est âgé de 11 ans, déclare qu’il a été frappé la veille par sa belle-mère. Sa tante a déposé plainte. Lors de son audition, le garçon explique que sa belle-mère n’est jamais contente de lui, qu’elle le frappe régulièrement ainsi que son père. Il se «sent mal aimé » au sein de cette famille recomposée, son père et sa belle-mère ayant eu un enfant ensemble.
La belle-mère, ED, formatrice/enseignante âgée de 38 ans, est entendue. Elle nie les faits avant de reconnaître avoir frappé son beau-fils. Elle ne se souvient plus de combien de coups elle a donnés et affirme que c’était la première fois. Ce jour-là, le 23 septembre 2019, elle va le chercher au collège, il n’est pas là, elle le cherche et le trouve. Puis ils rentrent ensemble à la maison. Le père n’est pas encore rentré. A la barre du tribunal, elle poursuit le récit, en pleurs : «Je l’ai engueulé…», dit-elle. «Vous avez craqué ? », lui demande le tribunal. Après un long moment de silence, elle évoque le comportement de l’enfant, qu’elle avait jusqu’alors caché. «Il s’est mis devant moi avec les poings serrés… Je voulais pas le dire… J’ai eu peur… C’était jamais arrivé», lâche-t-elle en sanglots. «Sur le canapé, il y avait des vêtements, j’ai attrapé la ceinture et lui ai dit de desserrer les poings», reconnaît-elle. Et elle l’a frappé. Ensuite, elle est allée dans sa chambre.
Vers 22 h, le père, LD, pompiste et âgé de 37 ans, rentre à la maison. Il voit son fils dans le salon en train de regarder la télévision «alors qu’il n’avait pas fait ses devoirs». «On a discuté, on a fait les devoirs mais il n’y arrivait pas. Il jouait. Il était minuit et l’enfant se lève à 5 heures... ça m’a énervé », raconte le père. «J’ai perdu le contrôle, j’ai pris ma ceinture qui était sur moi et l’ai battu. J’ai peut-être frappé cinq ou six fois, je ne sais plus», ajoute-t-il. Il a aussi précisé qu’il avait ensuite vu des marques sur le bras de son fils et lui avait passé de la pommade.
«On ne saura pas tout dans cette affaire», convient le parquet pour qui il est toutefois difficile de croire que le père et la belle-mère aient frappé pour la première fois l’enfant le même jour, à quelques heures d’intervalle sans le savoir. Nul doute en revanche que le contexte familial est compliqué. ED a été elle même frappée quand elle était petite ; l’enfant est reconnu «difficile » ; la maman confirme qu’il a des difficultés à l’école «mais que ça va mieux et qu’il n’a pas le caractère de serrer les poings ». «La belle-mère considère l’enfant comme son fils mais il ne l’aime pas », souligne son avocate.
Après ces faits, l’enfant a été placé en famille d’accueil par le juge aux affaires familiales pendant sept mois. Le père est depuis séparé de sa femme, mais celle-ci continue de rendre visite à l’enfant chez sa mère avec son accord.
Le procureur requiert à l’encontre du père et de la belle-mère qui n’a cessé de pleurer à l’audience, une peine de huit mois de prison avec sursis, une amende de 1 500 euros, une interdiction d’exercer une activité professionnelle et bénévole en contact avec des mineurs pendant trois ans ainsi que les deux peines obligatoires pour ce genre de faits, à savoir une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans et une inéligibilité.
Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis à l’encontre des deux prévenus, une interdiction d’exercer une activité professionnelle et bénévole en contact avec des mineurs ainsi qu’une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans et une inéligibilité pendant deux ans.
Le tribunal a également reçu la constitution de partie civile de la victime représentée par sa maman ; son père et son ex belle-mère doivent chacun lui verser la somme de 500 euros de dommages et intérêts.