10e condamnation pour alcool au volant : il demande à Jésus Christ de "lui donner une seconde chance"
JT qui aura 55 ans le mois prochain, est convoqué devant le tribunal de proximité de Saint-Martin pour avoir conduit sans permis et sous l’emprise de l’alcool le 1er avril dernier.
Ce jour-là il a bu un verre d’un «alcool très fort» car il a «des soucis avec sa femme». Il prend le volant de sa voiture et klaxonne à plusieurs reprises. Son comportement interpelle les gendarmes qui le contrôlent au niveau de Galisbay. Les militaires observent que l’individu tient un discours incohérent, sent l’alcool, a du mal à tenir debout et le regard vitreux. Un test d’alcoolémie est réalisé et va révéler la présence de 1,33 mg d’alcool par litre d’air expiré, le seuil réglementaire étant 0,25. Les gendarmes constatent en outre que le permis de conduire français du conducteur a été annulé par la justice. JT est placé en garde à vue et convoqué devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin le 23 avril. Mais comme la loi le lui permet, il demande un délai pour préparer sa défense. Son procès a donc été reporté au 19 mai.
Durant ce temps de préparation, son avocat lui a conseillé d’entamer une cure de désintoxication et de réunir les preuves l’attestant pour les montrer aux juges. Ce que JT a fait. A la barre, le prévenu confirme «avoir commencé une purge», que quelqu’un l’appelle deux fois par jour pour vérifier son état et assure qu’il a la volonté de changer. «J’ai demandé à Jésus de me donner une dernière chance», confie-t-il. Et de préciser qu’il «boit, comme le médecin lui a dit, de la bière sans alcool».
Son conseil fournit au tribunal l’attestation du médecin. En revanche, il conserve les analyses sanguines. «Mon client les a faites, je les ai mais je ne vous les donnerai par car le taux de gamma GT reste supérieur à la norme…», confie le conseil en insistant sur le fait que le taux ne pourra diminuer qu’au bout d’un certain temps. «Mon client fait en plus du diabète et a besoin d’un sevrage dont les effets ne peuvent pas encore être visibles », a-t-il ajouté.
Sans aucune difficulté, JT reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Ils sont d’autant plus graves que le mis en cause se trouve en situation de récidive. C’est en effet la dixième fois ce mercredi qu’il comparaît devant un tribunal pour conduite sans permis et ou sous l’emprise de l’alcool depuis 1998.
Concernant le permis, il explique que les gendarmes lui avaient dit qu’avec son permis délivré par les autorités d’Anguilla, il pouvait louer une voiture côté hollandais et circuler en partie française. «Sauf que votre permis d’Anguilla est périmé depuis 2017», lui fait remarquer le tribunal. Il explique en outre s’être, depuis les faits, renseigné pour passer le permis en partie française auprès d’une autoécole : «on m’a dit que je devais repasser le code et que pour la conduite, c’était bon».
Comme dans toute affaire, le tribunal pose des questions au mis en cause sur les faits qui lui sont reprochés mais également sur sa personnalité. Et les réponses de JT ont attiré l’attention des magistrats. Il est employé par la collectivité en tant que concierge, perçoit un salaire de 2 200 euros. Il a aussi des revenus fonciers à hauteur de 2 000 euros par mois et des recettes issues de sa société de location de voitures à Anguilla de l’ordre de 3 500 euros par mois. Et en toute franchise et simplicité, il précise aux juges : «je vends aussi des langoustes !»
Intrigués le parquet et le tribunal demandent des précisions sur cette dernière activité qui apparaît totalement illégale. JT explique : «oui je vais souvent pêcher avec des gendarmes… Une fois on a même vu un requin et le gendarme l’a tué», dit-il en citant trois prénoms. Les confidences ne s’arrêtent pas là : «je pêche avec une bouteille », ajoute-t-il.
- « Vous pêchez la langouste avec un bouteille ?, lui demande le juge,
- Oui, répond-t-il aisément.
- Mais vous savez que c’est interdit de pêcher la langouste avec une bouteille ?
- Ah non je savais pas, les gendarmes me l’avaient pas dit, je vais leur dire alors».
Après s’être écarté quelques minutes du cœur du débat, le tribunal le recentre sur l’affaire. Le parquet qui considère que JT est «un danger public sur la route », requiert une peine d’un an de prison aménageable, une interdiction de passer le permis de conduire durant six mois et une amende de 1 000 euros.
Après en avoir délibéré, le tribunal prononce une peine d’un an de prison dont six mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans comprenant l’obligation de suivre des soins, une amende de 2 000 euros et l’interdiction de passer le permis de conduire durant six mois.
Avant de quitter la salle d’audience, JT demande tout de même au procureur et au juge s’il peut quand même conduire son scooter car il ne peut pas marcher pour aller travailler, son pied est enflé.