Bagarre entre deux jeunes femmes, l'une donne des coups de couteau à l'autre
Elles ont 19 et 27 ans et habitent le même secteur à Quartier d’Orléans. MB et JW ont comparu mercredi dernier devant le tribunal de proximité de Saint-Martin, la plus âgée en tant que victime de violences avec usage d’une arme commises par la plus jeune.
Un vendredi début mai, le fils de JW crache au visage de MB. En retour MB gifle le gamin qui va rapporter les faits à sa mère. En colère, cette dernière somme MB de ne plus revenir chez elle. Le surlendemain, MB revient rendre visite au frère de JW, qui est son ami, pour lui demander des renseignements sur les funérailles de sa grand-mère. «Elle voulait sortir de la maison par derrière mais elle avait laissé son vélo devant…», racontera le frère. Les deux filles se retrouvent donc nez à nez. Une dispute éclate et dans l’action, MB sort le couteau qu’elle avait dans sa poche et pique à plusieurs reprises JW.
Les gendarmes sont appelés. Sur place, MB est désignée comme l’auteur de l’agression. Elle est interpellée, placée en garde à vue puis en détention provisoire. Le lendemain, les gendarmes retournent dans la cour où se sont déroulés les faits et retrouvent le couteau avec une lame de 11 cm.
MBs a fait l’objet d’une comparution immédiate le 5 mai mais comme la loi le lui permet, elle a demandé un délai pour préparer sa défense. Elle a aussi obtenu un contrôle judiciaire. Jusqu’au procès, elle a dû pointer tous les vendredis à la gendarmerie et avait interdiction d’entrer en contact avec la victime et de paraître à Quartier d’Orléans ; des obligations qui ont été respectées.
Concernant, la victime, blessée, elle a été transportée au centre hospitalier où les enquêteurs sont venus l’interroger quelques jours plus tard. Elle a eu 21 jours d’interruption de temps de travail (ITT).
A la barre du tribunal, MB reconnaît les faits sans difficulté. Elle explique que JW la menaçait et qu’ainsi pour se protéger, elle avait pris un couteau. Son conseil a fourni au juges des messages écrits et postés sur les réseaux sociaux par JW, disant qu’elle «espérait que la justice allait la [MB] mettre en prison». En face, l’avocate de la victime affirme que sa cliente «a faillé mourir, que MB l’a presque tuée avec une arme de combat».
Dans son instruction de l’affaire, le tribunal a essayé de savoir qui a donné le premier coup. La question est posée en premier à la victime. «On s’est battues comme ça », répond JW. La question est répétée et la même réponse est donnée. Selon le seul témoin direct– le frère de la victime et ami de l’auteure des faits – JW a poussé en premier MB, les filles sont tombées à terre et MB a sorti un couteau.
«Au lieu de parler, on se bagarre, on a recours à la violence», commente le vice-procureur qui ne cache pas son exaspération. «On appelle cette île la friendly island. Mais pourquoi met-on le qualificatif friendly ? », demande-t-il. Cette question, le représentant du ministère public, la pose souvent dans ses réquisitoires dont un grand nombre sont prononcés dans des affaires de violences. Dans celle de ces deux jeunes filles, il admet que le gamin n’avait pas à cracher au visage de quelqu’un, qu’il s’agit «d’un signe de mépris ». «Mais que doivent faire deux adultes dans une telle situation ? MB a mal réagi », poursuit le vice-procureur. Et la mère du gamin aussi. «Au lieu de dire, pourquoi as-tu craché ? Au lieu de lui expliquer que cela ne se fait pas, on part crescendo dans la violence… Le dimanche, quand elles se voient, au lieu de se parler, d’essayer de calmer la situation, elles se bagarrent. On réagit de manière épidermique», constate-t-il. «On a là deux jeunes femmes qui sont incapables de réfléchir. On est dans la rancune, dans la vengeance… alors que c’est la veillée de la grand-mère décédée quelques jours plus tôt. Ça part en pugilat. On a aucune conscience des conséquences de la violence», observe le vice-procureur. Et de mettre en garde les deux parties de quelques moyens de représailles que l’une ou l’autre pourrait envisager : «si vous n’êtes pas contente sdu jugement qui sera rendu, vous pourrez faire appel».
Pour le parquet, «le comportement de JW a entraîné la réaction de MB» mais celle-ci a réagi de manière disproportionnée. «Elle ne se trouvait pas en situation de légitime défense», convient-il avant de requérir une peine de dix-huit mois de prison avec sursis dont huit assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans comprenant l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, de détenir une arme pendant cinq ans et l’obligation de trouver un emploi.
Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis et l’obligation de suivre un stage de citoyenneté. Il a aussi demandé à ce que la peine ne soit pas inscrite sur son casier judicaire car MB qui est en terminale au lycée professionnel, souhaite s’engager dans l’armée.
La victime s’est constituée partie civile et l’affaire a été renvoyée sur intérêt civil.