09.06.2021

Au tribunal, elle insulte la victime et les magistrats

Après avoir réitéré des menaces de mort à l’encontre de ses voisins, une femme âgée de 42 ans a été interpellée par les gendarmes. Elle a placée sous contrôle judicaire dans l’attente d’être présentée devant le tribunal de proximité de Saint-Martin en comparution immédiate le 2 juin dernier*. Elle est poursuivie pour insulte, menace de mort et détérioration de bien.

«Vous allez crever, je vais aller chercher du renfort en partie hollandaise», a-t-elle lâché fin avril. Le 31 décembre dernier, elle avait déjà défoncé leur porte avec un manche à balai. «Les gendarmes étaient venus et elles les avaient copieusement insultés», raconte la victime. Les militaires avaient aussi déposé plainte ; elle les avaient qualifiés notamment de «nazis».

La prévenue prétend que ses voisins «la pillent, lui volent sa nourriture dans son frigo». «J’ai changé cinq fois ma serrure de porte. La dernière fois, le serrurier m’a dit que personne ne pourrait la casser », a-t-elle précisé au tribunal.

A la barre du tribunal, elle s’énerve rapidement et essaie de faire comprendre qu’elle est en fait la victime. Victime de ses voisins mais aussi du système, de la société en général. «Je suis dans une République bananière. Ce sont des brebis galeuses », dit-elle en parlant des victimes. «Les gendarmes sont ses amis», poursuit-elle. Elle affirme aussi qu’elle avait connaissance depuis longtemps «du réseau Air Cocaïne à Juliana», qu’elle «avait essayé de le démanteler et de le dénoncer» mais personne n’avait voulu l’entendre. «On m’en veut depuis que je suis arrivée sur l’île… on m’en veut à cause de mes origines», confie celle qui est native du Maroc.

Toujours à la barre du tribunal, elle accuse le procureur de l’avoir séparée de ses enfants. «Vous avez détruit ma vie», lui lance-t-elle. De plus, elle réitère ses menaces envers la victime présente. «Si je l’avais vraiment menacée, je j’aurais déjà tuée», lance-t-elle. Des propos qui incitent le vice-procureur à appeler les gendarmes. Quelques minutes plus tard, trois militaires arrivent et à la demande du parquet, évacuent la prévenue.

En amont du procès, elle a été examinée par un médecin psychiatrique qui a relevé une paranoïa. Toutefois, il ne conseille pas une hospitalisation car «elle pourrait croire à un complot contre elle». En l’absence de la prévenue, le vice-procureur prononce ses réquisitions : une peine de huit mois de prison et une interdiction de détenir une arme.

Pour la lecture du délibéré, le tribunal demande à ce que la prévenue revienne dans la salle d’audience. Une peine de six mois de prison et une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans est prononcée. Elle doit aussi verser 200 euros au titre du préjudice moral aux six victimes (voisins et gendarmes) qui s’étaient constituées partie civile.

«200 euros ??? Vous pouvez les mettre dans votre c..., », a-t-elle lancé. Et de redire au parquet : «vous êtes une République bananière.» Pour avoir proféré des insultes, elle pourrait de nouveau faire l’objet d’une procédure judiciaire.

* Une première audience a eu lieu le 5 mai et l’affaire avait été renvoyée à la demande de la prévenue qui voulait un délai pour préparer sa défense.

 

Estelle Gasnet