23.06.2021

Conflit au travail sur fond de crise sanitaire à Philipsburg

L’année dernière le patron de deux bijouteries situées à Philipsburg a fermé ses boutiques en raison de la crise sanitaire et informe ses 33 salariés de sa volonté de les licencier. La plupart d’entre eux acceptent les accords proposés. Une des employées refuse et conteste la décision de son employeur devant le tribunal de Sint Maarten. Le tribunal doit statuer sur la légalité du licenciement et sur l’obligation de verser ou non une indemnité.

La salariée prétend que son employeur rouvrira les boutiques une fois la crise passée, c’est-à-dire lorsque les croisiéristes reviendront. Au regard de la crise sanitaire et de la baisse du chiffre d’affaires enregistré depuis le passage d’Irma, le tribunal ne partage pas la pensée de la salariée. «L’employeur veut résilier les contrats de travail de tous les employés. Cela signifie que s’il veut rouvrir, il sera contraint de recruter de nouveaux employés sans avoir la certitude de trouver les mêmes compétences acceptant dans les mêmes conditions financières. Cette décision va à l’encontre d’une volonté d’une réouverture en douceur», conçoit le tribunal qui valide les procédures de licenciement.

Il considère en revanche qu’une indemnité est due même si l’employeur a essayé de prouver que la santé financière de ses boutiques ne lui permettait pas d’en verser. A la lecture des éléments du dossier, les juges ont noté que les deux bijouteries appartenaient à un groupe présent dans l’ensemble de la Caraïbe, que les conseillers clientèle de toutes les boutiques réalisaient des ventes en ligne gérées par l’entreprise à St Thomas où étaient stockées les marchandises. Il est aussi observé que le patron de Sint Maarten a expédié ses bijoux vers St Thomas afin, vraisemblablement, de les sortir de son entreprise et donc de son bilan financier.

Le tribunal estime que l’employeur doit verser une indemnité à hauteur de 36 810 dollars à ladite salariée. Cette dernière avait par ailleurs gain de cause du même tribunal pour l’obtention d’arriérés de salaires que son employeur ne lui avaient pas versés pendant la crise sanitaire.

Estelle Gasnet