Six mois de prison dont trois ferme pour violences conjugales
Un homme et une femme ont comparu mercredi matin devant le tribunal de proximité de Saint-Martin, lui pour violences et elle en tant que victime. EB et NP sont séparés mais vivent sous le même toit avec leur enfant de 11 ans dont la garde partagée a été fixée par le juge aux affaires familiales en 2013.
A cette époque, NP est hébergée par sa tante avec son fils. Elle part ensuite quelques mois en métropole et à son retour va habiter chez EB car elle n’a pas d’autres endroits où aller. Lui occupe le deuxième étage, elle une chambre au troisième étage avec leur fils. L’entente n’est toutefois pas si parfaite car, selon la femme, dès qu’elle sort et rentre tard, le couple se dispute, parfois violemment. C’est ce qui s’est passé dans la nuit du 22 mai dernier.
Le lendemain, NP se rend à la gendarmerie pour déposer plainte. Elle raconte que son ex compagnon l’a frappée dans la nuque, qu’il a essayé de la frapper avec une batte de base ball et précise que ce n’est pas la première fois. Elle détaille d’autres violences commises en mars de cette année et en 2017. Elle raconte qu’une fois il l’a poussée et qu’elle s’est blessée à la jambe en tombant sur le dérailleur d’un vélo. Un témoin est entendu et confirme certaines disputes violentes au sein du couple.
L’enfant est aussi interrogé et corrobore les propos de sa mère. Il précise que dans la nuit de 22 mai dernier sa mère avait une machette et son père un bâton. Il a fait une vidéo de ses parents, qui a été transmise aux gendarmes et visionnée à l’audience. On voit EB monter les escaliers derrière NP puis le téléphone tombe au sol, est récupéré et on voit le couple se disputer.
A la barre du tribunal, EB explique qu’il n’apprécie pas que son ex sorte tard le soir car «quand elle rentre ça réveille l’enfant qui dort». Le 22 mai, lorsqu’elle pousse la porte de la maison vers 1h30 du matin, il essaie de l’en empêcher «en la bloquant avec la porte». Elle parvient tout de même à entrer. Elle monte à l’étage, il la suit. Il affirme qu’elle prend une machette et du coup pour se défendre, il saisit un bâton. Elle dit qu’elle a pris la machette pour se protéger de lui.
Le tribunal lui demande pour quelles raisons il la suit dans les escaliers au lieu de la laisser monter dans sa chambre tranquillement. Il répète que son ex «sort deux à trois fois par semaine, que ce n’est pas correct pour l’enfant». «Mais qu’est ce qui vous dit qu’elle réveille votre fils en se couchant ? L’avez-vous vérifié ? Elle peut très bien se coucher discrètement», rétorque le juge.
La défense ne cesse de répéter qu’il agit pour «le bien de l’enfant», que NP «en vivant chez lui, doit respecter le cadre de vie l’enfant, doit respecter son sommeil». Et de lâcher : «trouvez-vous normal de dormir dans le même lit que votre enfant de 11 ans ? » Sur ce sujet, la défense et le tribunal se sont renvoyés la balle : d’un côté on estime que la mère hébergée et nourrie gratuitement peut très bien acheter un lit pour son fils, de l’autre que le père peut très bien acheter un lit à son fils s’il trouve que ce n’est pas normal qu’il dorme avec sa mère.
Au sujet des violences, EB les nie. Il reconnaît uniquement avoir poussé un jour son ex et l’avoir bloquée dans la porte mais «ne savait pas que pousser était une violence ». Concernant la chute sur le vélo, il explique qu’elle a glissé toute seule en haut des escaliers et a atterri sur le dérailleur. Il dément également avoir tapé sa tête contre le disjoncteur comme l’a rapporté la victime et le témoin. «Mais si elle avait fait le bon choix de partir, il n’y aurait pas eu d’altercation la nuit du 22 mai», veut-il faire admettre.
«Si elle est revenue c’est par besoin. Souvent dans les situations de violences conjugales, il y a une dépendance financière, économique», fait remarquer le parquet. «Souvent les auteurs des violences disent qu’ils n’ont rien fait… Leurs avocats disent qu’on n’était pas là au moment des faits et donc qu’on ne peut savoir ce qui s’est passé… Or nous avons des certificats médicaux qui confirment des coups sur le corps et des ITT », ajoute-t-il. Il précise également que la victime avait déjà déposé plainte en 2017 mais qu’elle l’avait retirée à la demande de EB. Le représentant du ministère public a requis une peine de douze mois de prison dont quatre assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et l’obligation d’indemniser la victime qui s’est constituée partie civile.
Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé EB de deux faits de violences en raison d’un manque de preuves mais l’a condamné pour les autres à une peine de six mois de prison dont trois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans comprenant l’obligations de soins, d’accomplir un stage de sensibilisation aux violences. Le tribunal a reçu la constitution de partie civile et a renvoyé l’affaire sur intérêt civil.