07.07.2021

Deux ans de prison ferme pour violences conjugales

M.B était présenté en comparution immédiate ce mercredi 7 juillet devant le tribunal de Saint-Martin.

Lorsqu'il rentre de soirée le 1er juillet dernier avec la voiture qu’A.M, sa compagne, avait pourtant refusé de lui prêter car il n’a pas le permis, M.B a faim. Mais quand il arrive dans la cuisine de la villa que loue A.M aux Jardins de la Baie orientale, il réalise qu’elle ne lui a pas préparé à manger. Pire, elle a jeté à la poubelle un bout de baguette vieux de quelques jours.

C’en est trop pour M.B, 37 ans et adepte de boxe thaï, qui sort passer ses nerfs sur les meubles du jardin tandis qu’A.M est devant la télé. Et puis tout s’enchaîne. Les objets ne suffisent plus. Il soulève violemment le canapé sur lequel est assise A.M ce qui la fait tomber par terre et se cogner la tête contre le sol. Il tente de l’étrangler, la pousse et la frappe contre les murs, puis se saisit d’un couteau de cuisine, lacère les murs et lui met sous la gorge tout en la menaçant : « je vais te tuer, tu ne partiras pas sans moi, c’est à la vie à la mort ».

Leur colocataire intervient, saisit le couteau et appelle les gendarmes. La fille d’A.M, âgée de 8 ans, réveillée par les hurlements de sa mère et de son compagnon, descend pour aller aux toilettes. M.B lui ordonne de remonter « pisser dans sa chambre » et lui jette un sandwich au visage. « Regarde je vais tuer ta mère et après toi » lui lance M.B. Le colocataire, J.L, conduit alors l’enfant chez des voisins.

Les gendarmes ont du mal à trouver la maison et mettent 45 minutes à arriver durant lesquelles J.L fait des aller-retours à l’extérieur pour leur indiquer le chemin. M.B profite de ses absences pour continuer à violenter sa compagne. A l’arrivée des gendarmes, A.M présente de multiples hématomes sur le corps et des marques de strangulation. M.B est placé en garde à vue puis en détention provisoire.

Il était déféré ce mercredi 7 juillet et présenté en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour violences aggravées (avec arme et sur conjoint) en récidive, menaces de mort en récidive, et dégradation de biens.

A son arrivée dans le box des accusés, face à la victime, M.B est pris d’émotion. Il affirme vouloir être jugé le jour-même en sanglotant. A.M, recroquevillée sur elle-même et se tenant le bras encore ecchymosé, alterne entre pleurs et tremblements, aux côtés de son avocate. « Je n’aurais jamais pensé qu’il serait capable d’autant d’acharnement envers moi. C’est impardonnable. J’ai demandé à être suivie par une psychologue parce que je sais que sinon je ne vais pas y arriver » déclare-t-elle douloureusement. Cet épisode marque la fin d’une relation qui avait tout pour elle d’un conte de fées.

A.M et M.B se sont rencontrés sur les réseaux sociaux. Leur relation virtuelle est si forte qu’A.M décide un an plus tôt, de vendre son fonds de commerce en métropole pour venir avec sa fille rejoindre M.B à Saint-Martin. « C’était le grand amour » rapporte leur entourage. L’activité professionnelle d’M.B a subi les conséquences économiques de la pandémie, et malgré ses 2000 euros de revenus mensuels en tant que décorateur, il se fait entretenir par A.M. L’illusion des premiers jours fait progressivement place aux insultes et aux gifles. Et les voisins sont aux premières loges.

Dans ses déclarations lors de son audition par les gendarmes, comme devant le tribunal, M.B pleure et ne commente que peu les faits qu’il ne reconnaît pas pour la plupart.« Je ne l’ai pas frappée personnellement. Je ne me souviens pas l’avoir étranglée. Je me rappelle avoir retourné le canapé mais je ne l’ai pas touchée directement. Le couteau je l’ai pris pour lui donner, pour qu’elle me tue, comme elle disait que si je la quittais elle me ferait la misère. ». En revanche, il énumère un tas d’excuses pour minimiser ses actes et pour essayer, en vain, d’amadouer l’auditoire. « Avant elle, j’avais une vie sociale avec tout le monde. Elle m’a enfermé dans une prison dorée » se défend-il. Son avocate a beau plaider qu’« on ne se dispute jamais tout seul » et qu’« un pétage de câble peut arriver à n’importe lequel d’entre nous », les faits sont là et les infractions caractérisées. M.B est d’autant plus difficile à défendre qu’il a un casier judiciaire fourni et a déjà été condamné, entre autres, pour les mêmes faits.

Le procureur réclame 18 mois de prison considérant que ce type de faits peut conduire à la cour d’assise, en référence aux nombreux féminicides. Après en avoir délibéré, le tribunal déclare le prévenu coupable des faits reprochés et, fait relativement rare, va même au-delà des réquisitions en le condamnant à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt et interdiction de porter une arme. Il reçoit la constitution en partie civile de la victime et ordonne une expertise avant l’audience sur intérêts civils qui se tiendra en janvier.


 

Fanny Fontan