Réouverture de la Pharmacie de Grand Case
La pharmacie de Grand Case a rouvert ses portes lundi 29 février après quatre mois de fermeture. Dans la nuit du 25 au 26 octobre derniers, le commerce avait été entièrement détruit. La cause du sinistre demeure inconnue. Seule certitude : l’auto-combustion du tableau électrique, propagée à l’ensemble du circuit (câbles enterrés, murs…) provoquant une très forte chaleur. Pour intervenir, les pompiers n’ont pas eu d’autre choix que d’ouvrir une porte, causant un appel d’air et donc des flammes. Par chance, l’incident n’a engendré aucune victime. Mais Guy Leduc, docteur en pharmacie et gérant de l’officine se souvient : « tous les produits, le matériel et les murs étaient alors recouverts d’un dépôt de la consistance de la réglisse mâchée ».
Les dégâts sont tels que le démantèlement intégral de la boutique est nécessaire. Il faut mettre les murs à nu, et tout enlever : «Vous vous retrouvez avec plus rien, exceptés 265 m2 au sol vides ». Puis tout reconstruire après avoir recréé un projet en urgence. « Ma vie est un cauchemar depuis quatre mois » confie Guy Leduc qui court dans tous les sens depuis le sinistre événement.
Plutôt que le licenciement intégral, il a préféré mettre sa dizaine de salariés en activité restreinte. Une marque de confiance envers son personnel. Sur les 22 000 euros mensuels de masse salariale, l’Etat doit lui verser 9000 euros. En plus des salaires et des travaux de reconstruction, il lui a fallu assumer les frais de destruction des médicaments endommagés. Un coût considérable puisqu’il a dû les envoyer en métropole. Le gérant est reconnaissant envers ses banquiers qui lui ont permis d’emprunter malgré l’absence de recettes le premier mois. Il est encore plus reconnaissant envers son assureur Jacques Lelièvre de la compagnie Allianz qui l'a «soutenu tout au long de cette épreuve» et qui lui a déjà versé une avance. Il fallait attendre la réouverture afin de calculer la perte d’exploitation et donc le montant total de l’indemnisation.
Création de cabines de consultation thérapeutique
Malgré l'appui des architectes, décorateurs d’intérieur, et experts en tous genres, le pharmacien reconnaît s’être senti bien seul. Quitte à repartir à zéro, il en a profité pour faire aboutir le projet qu’il avait entamé six ans auparavant. « La pharmacie n’est pas à l’image de ce qu’elle était avant ». Entre autres innovations, la création de cabines qui fonctionnent comme des salles de consultation. « Les clients dont les pathologies le nécessitent peuvent désormais recevoir des conseils personnalisés en toute discrétion ». Selon lui, cette réouverture après seulement quatre mois au lieu de six s'avère « miraculeuse ». Paradoxalement à son sentiment de solitude, il explique le raccourcissement du délai par le fait d’avoir été bien entouré. Il reste encore quelques finitions à effectuer (éclairages, enseigne, parking, vitrification du parquet,…). Toutefois le gérant, éreinté, reste confiant : « Pour l’instant, on essuie les plâtres, la vitrine ressemble un peu à Beyrouth, mais dans un mois et demi, la pharmacie sera opérationnelle à 100 % et tout ne sera plus qu’un mauvais souvenir ».