13.07.2021

Grève à la COM : les agents dénoncent « clientélisme et ségrégation »

Démarrée par un problème de local pour la police territoriale, la grogne s'est étendue aux agents de la COM, accompagnés par UNI.T 978.

L’aile de l’hôtel de la Collectivité qui avait été détruite par Irma était attribuée depuis 1986 à la police territoriale. Depuis le passage du cyclone, et en attendant la reconstruction de ses bureaux, celle-ci est hébergée près de l’école Nina Duverly, à côté de la CTOS. Un local jugé insalubre par les agents du fait de « fortes odeurs d’égout » et dans lequel ils ne disposent que de très peu de matériel.

Une fois la restauration terminée, la police territoriale a eu la surprise de découvrir que l’aile en question était finalement attribuée à la Directrice Générale des Services de la COM, Christiane Akashe, et à son équipe. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Nous avions déjà un préavis de grève en gestation depuis un certain temps » explique Albert Blake, secrétaire général du syndicat UNI.T 978 à l’origine du mouvement de contestation qui va crescendo depuis la fin du mois de juin.

Le local de la discorde

En colère, les agents de la COM commencent par placarder des affiches sur le bureau de la DGS, sur lesquelles ils ont écrit : « STOP clientélisme et ségrégation ». Ils reprochent en effet à Christiane Ayache de n’avoir recruté « que des métros, qui viennent principalement de la préfecture, qui ne se mélangent pas aux autres agents » et qu’ils jugent incompétents. Ils ont également l’impression d’une gestion à deux vitesses. Ils s’insurgent contre « les conditions de travail déplorables depuis 2017 des agents de la police territoriale » et les avantages des nouvelles recrues dans l'équipe de la DGS « qui ont des 4x4 neufs, des iPhones 12 et gagnent 7000 euros par mois ». Si les agents de la COM se disent victimes de discrimination, ils se défendent d’en faire un débat noirs/blancs, locaux/métros. Ils citent en exemple le nom de plusieurs « métros » travaillant à la COM et dont ils saluent le travail. « il faut être idiot pour juger quelqu’un sur ses origines. Tout ce qui nous importe est de faire avancer Saint-Martin » avance la secrétaire générale adjointe d’UNI.T 978, Francilène Paines.

Une délégation est reçue par le président de la COM qui propose les anciens locaux du Crédit Mutuel, rue de la République. Proposition que les agents et leurs représentants refusent pour plusieurs raisons parmi lesquelles le même problème d’égout, le manque de places de parking qui entraînerait la mort des commerces, la localisation qu’ils jugent moins pratique en cas d’urgence et enfin parce qu’ils considèrent qu’au moins une annexe de la police territoriale doit se trouver directement dans l’hôtel de la Collectivité « pour protéger les murs, nos concitoyens et les élus ».

30 revendications

Suite au refus, le président de la COM leur accorde finalement le droit de réintégrer leurs locaux dans l’aile restaurée. « Nous devions attendre que la DGS sorte ses affaires et on nous avait prévenu qu’elle récupérerait ses chaises » indique Albert Blake. Mais lorsque le 30 juin, on leur remet enfin les clés, ils découvrent des locaux entièrement vides. Ce qu’ils interprètent comme un manque de respect à leur égard. Ils décident alors de déposer un préavis de grève le 2 juillet, qui prendra effet le 5, dans lequel ils listent 30 revendications auxquelles la COM a cinq jours pour répondre. Parmi celles-ci quatre concernent directement la police territoriale. L'une d'entre elles, une demande « de bilan médical pour le personnel de la police territoriale », déjà formulée. Les autres concernent tous les agents. Le point numéro 1 est sans ambiguïté « le départ URGENT de la DGS et de son équipe ».

Le président Daniel Gibbs leur répond dans un courrier le 7 juillet qu’ils qualifient de « torchon » car les réponses sont selon eux « approximatives » et ne concernent que 13 points sur 30. Les agents entament alors un débrayage quotidien chaque matin devant la COM pour protester. Ils refusent les audiences proposées par le président car elles sont en présence de la DRH « qui quitte la COM et nous nous voulons parler d’avenir », et de la DGS en question. « On ne peut pas demander à la source du problème d’être la solution » argumente Albert Blake. Le président leur adresse un nouveau courrier le 12 juillet dans lequel il répond cette fois à 21 points sur 30 mais élude encore le point numéro 1, à savoir la demande de départ de la DGS. Cette réponse ne satisfait pas les grévistes car de nombreux points « sont remis à plus tard » ou sont avancés comme « être en cours, sans date précise », en partie parce que cette grève tombe à l’aube des congés.

Un blocage jugé "inapproprié"

Dans le même temps, hier, lundi 12 juillet, les grévistes bloquent la rue et l’accès à l’hôtel de la COM. « Nous en avions ras le bol, nous nous sentons méprisés par la politique de Daniel Gibbs.» explique Albert Blake qui fait part d’un « mal être » chez beaucoup d’agents de la COM et dit « ne pas vouloir attendre qu’il y ait un suicide ».

Comportement dénoncé hier soir par le président de la COM dans un communiqué. « L’entrée de la Collectivité a été obstruée, ce lundi 12 juillet 2021, empêchant les agents affectés dans ce bâtiment d’accéder à leur poste de travail. Une action inappropriée, entravant la continuité du service public. Face à ce constat, je demande au syndicat UNIT978 de lever immédiatement ce blocage qui n’a pas lieu d’être et qui pénalise inutilement les agents territoriaux affectés à ce bâtiment et l’accessibilité des Saint-Martinois aux Services Publics de base. ».

Dans ce même communiqué, Daniel Gibbs indique aussi : « suite au préavis de grève du syndicat UNIT978, en date du vendredi 02 juillet 2021, qui comportait des demandes spécifiques sur la localisation de la Police Territoriale, mais également diverses revendications relatives à la situation générale des agents territoriaux, j’ai immédiatement apporté des éléments de réponse concrets, dans un premier temps sur la localisation de la Police Territoriale dès le lundi 05 juillet 2021, dans le respect de la règlementation en vigueur. Comme je m’y étais engagé, j’ai effectivement adressé un courrier officiel et circonstancié sur la localisation de notre police et l’aménagement des locaux attenants à l’hôtel de la Collectivité.  J’avais, en revanche, demandé à Unit 978 de me laisser le temps nécessaire afin de répondre précisément aux autres points de revendication, au nombre de 29, concernant pour la majorité des points intéressant l’ensemble des agents. Ce fut chose faite le mercredi 7 juillet 2021, à travers un mail du président adressé à UNIT978. Afin de poursuivre le dialogue social dans un climat apaisé et serein, dans le respect des droits des agents de la Collectivité et au regard des revendications de UNIT.978, j’avais proposé une nouvelle rencontre avec le syndicat, le mardi 13 juillet à 14h00, de manière à pouvoir répondre aux demandes et à avancer ensemble dans l’intérêt de notre institution et de ses agents. Force est de constater que ma volonté affirmée et sincère de dialogue social n’a pas été entendue ni respectée. Afin de sortir de cette situation regrettable pour toutes et tous, je propose donc, dans un esprit d’apaisement, d’avancer la réunion programmée demain après-midi, au mardi 13 juillet en matinée, à 8h30, en Salle du Conseil Territorial. Des réponses concrètes démontrant le travail entrepris depuis 2019 en faveur des agents territoriaux et de leurs carrières, seront apportées lors de cette rencontre, afin de sortir au plus vite de cette regrettable situation de blocage. »

Mardi 13 juillet en fin de matinée, les grévistes se disent toujours insatisfaits et continuent de réclamer le départ de la DGS. « Nous voulons une rencontre honnête et constructive » affirme Albert Lake.

à suivre...


 

Fanny Fontan