24.08.2021

Saint-Martin, l'un des outre-mer où les récifs coralliens sont les plus dégradés

A Saint-Martin, la valeur totale économique rendue par les récifs coralliens est estimée à 26 millions d’euros par an : ils permettent 6 millions d’euros d’économies en termes de protection côtière et de séquestration du carbone et génèrent un chiffre d’affaires dans le tourisme et les loisirs de 20 millions d’euros. Environ 2 600 emplois, 400 sociétés et 1 000 ménages dépendent à différents degrés des services rendues par ces écosystèmes.

Dans un rapport récemment publié, l’Ifrecor (initiative française pour l’état des récifs coralliens) a dressé l’état des récifs dans chacun des territoires. «L’état de santé des récifs varie fortement entre les régions, les territoires, et au sein d’un même territoire», ont pu noter les auteurs du rapport.

Aux Antilles, la majorité (62 %) des récifs inventoriés sur ces territoires sont dégradés. En moyenne dans tous les outre-mer, 58 % des récifs sont dégradés, 35 % sont bons, 4 % sont très dégradés et 3 % sont dans un état dit optimal. A Saint-Martin, 20 % des récifs sont un état «très dégradé», 60 % dans un état dégradé ; seuls 20 % des récifs sont dans un état jugé «bon». Aucun récif n’est dans un état optimal. Saint-Martin est le territoire outre-mer qui possède autant de récifs très dégradés ; le second étant les îles éparses (14 %) et le troisième la Martinique (13%).

Depuis 2015, soit depuis la dernière étude des récifs par l’Ifrecor, l’état de santé des récifs est stable, voire en baisse à Saint-Martin. Un déclin du recouvrement en corail est de plus constaté même si une lente progression des recouvrements a pu être observée. Il est aussi vérifié que l’effet «réserve naturelle » est bénéfique : les biomasses d’herbivores sont plus élevées dans les zones protégées.

L’Ifrecor a par ailleurs mesuré l’intensité des pressions anthropiques sur les récifs en outre-mer. A Saint-Martin, trois catégories d’activités ont une «forte intensité » : les aménagements portuaires, l’urbanisation/aménagements et l’assainissement. Le trafic maritime/activités récréatives qui est en hausse, a une intensité moyenne.

Afin de favoriser un bon état de santé des récifs coralliens et des écosystèmes associés, l’Ifrecor a suggéré plusieurs mesures pour Saint-Martin :

améliorer les réseaux d’assainissement pour limiter les rejets d’eaux usées non traitées dans le milieu marin ;

mettre en œuvre des mesures de conservation et de restauration des écosystèmes associés (mangroves, herbiers) et de leurs fonctionnalités écologiques qui jouent un rôle majeur dans la protection des récifs coralliens (rôle épuratoire des eaux, stabilisation des sédiments, frayères...) ;

mettre en place et animer un réseau de veille et de gestion des organismes et espèces envahissantes impactant négativement les communautés coralliennes ;

gérer l’encadrement de la fréquentation nautique, en  l’étendant aux plaisanciers : interdiction d'ancrage sur l’ensemble de la réserve naturelle, mise en place de nouveaux mouillages et d’une réglementation encadrant leur usage en journée et la nuit (contribution financière, limitation de la durée, obligation de réservation et déclaration) ;

mettre en place un dispositif visant à plafonner la capacité d’accueil sur la réserve, à organiser les flux de fréquentation et à évaluer la pression de cette fréquentation par la plaisance non-professionnelle.

Classification de l'état de santé des récifs

Etat optimal : des conditions optimales, avec des taux de recouvrement corallien généralement élevés et des récifs en très bon état de santé ;

Etat bon : de bonnes conditions, avec des impacts légers, par exemple quelques signes de nécroses coralliennes, une faible présence de macroalgues et de bons taux de recouvrement corallien ;

Etat dégradé : des conditions dégradées, avec un milieu modérément à très impacté, de nombreux coraux nécrosés, une dominance de macroalgues et/ou un fort envasement et des taux de recouvrement corallien

réduits ;

Etat très dégradé : des conditions très dégradées, avec un milieu très fortement impacté, une majorité de coraux morts et des fonds recouverts de macroalgues et/ ou entièrement envasés, de très faibles taux de recouvrement corallien.

Estelle Gasnet