Reconstruction post Irma : des progrès lents à St Maarten, des crédits peut-être insuffisants
En mai dernier, l’Algemene Rekenkamer, institution supérieure de contrôle des finances publiques (ISC) néerlandaise (l’équivalent de la cour des comptes en France) a actualisé son rapport sur l’avancée de la reconstruction post Irma à St Maarten.
En 2018, elle avait constaté que «peu de fonds d'aide avaient été dépensés». «Au-delà de la difficulté de mobiliser massivement les fonds octroyés en raison des multiples garanties exigées par [la Banque mondiale], la reconstruction se heurtait également localement au manque d’expertise et de personnel. Cette situation a nécessité le déploiement d’une assistance technique», soulignait alors l’ISC. La Banque mondiale faisait aussi remarquer que «la situation politique particulière à Sint Maarten, notamment au dernier trimestre de 2019, [avait retardé] la préparation de divers projets».
Pour rappel, le coût total de la reconstruction de la partie hollandaise a été estimé à environ 2 milliards d'euros. Les Pays-Bas ont mis à disposition 550 millions d'euros dont 470 millions d'euros via la Banque mondiale.
Le budget pour l’année 2020 a été révisé à la hausse pour permettre le financement de deux projets en cours : la rénovation d’infrastructures (services publics, logements notamment) a nécessité 46,2 M€ supplémentaires (total de 83,9 M€), la gestion d’urgence des déchets a demandé 20,9 M€ supplémentaires (total de 41,8 M€). Le montant total de l’enveloppe 2020 de la Banque mondiale est au final passé de 183,7 M€ à 236,1 M€. Cela ne signifie pas pour autant que l’intégralité de cette somme a été versée au gouvernement de St Maarten. Celui-ci doit prouver entre autres l’avancée du projet pour recevoir les fonds. De plus, une partie de l’enveloppe sert à financer l’assistance technique pour monter les projets apportée par les membres de la Banque mondiale.
Au final fin 2020, la Banque mondiale disposait de 92,0 M€ déboursés. La plus grande partie de ce montant, 78,9 M€, a été consacrée à la réalisation de projets de reconstruction. 52,9 M€ des fonds décaissés ont été dépensés.
Pour l’ISC, les progrès de la reconstruction de Sint Maarten ont été lents. Sur un total de 379 logements devant être restaurés, seuls 44 % l’ont été effectivement. Quant aux 19 écoles endommagées, début 2021, les travaux n’étaient achevés que pour trois d’entre elles.
A ce jour, des projets aux objectifs variables étaient en préparation et en exécution pour un montant total de 338,2 M€. Or, la reconstruction est loin d’être terminée et le budget initialement prévu risque d’exploser ; le chantier de rénovation des services publics nécessitent déjà 60 M€ supplémentaires. Aussi l’ISC estime-t-elle que les fonds alloués par les Pays Bas ne seront pas suffisants pour couvrir les projets de reconstruction restants. «Il n'est actuellement pas certain que les 101,1 millions d'euros restants soient suffisants pour couvrir les pour terminer les projets de reconstruction en cours. Nous recommandons donc que le ministre de l'Intérieur et des Relations du Royaume, par l'intermédiaire du représentant néerlandais au comité de pilotage du fonds fiduciaire, insiste pour qu'aucun nouveau projet ne soit envisagé et qu'ils établissent des priorités communes à court terme, en indiquant quels projets en cours doivent être achevés de manière durable, bien entendu et en priorité », a convenu en mai la cour des comptes des Pays Bas. Au deuxième trimestre 2021, un comité de pilotage devait discuter de la répartition des ressources du fonds fiduciaire.