Rencontre collectif/Etat : l’obligation vaccinale, 3e sujet abordé
L’obligation vaccinale des soignants a été le troisième sujet abordé par le collectif avec le préfet lors de leur rencontre mardi. Pendant plus d’une heure chacune des deux parties a essayé de convaincre l’autre.
«30 % des gens sur l’île sont vaccinés et l’autre partie ne veut pas se faire vacciner. Nous les Antillais ne sommes pas habitués avec ces vaccins de merde, nous sommes habitués avec nos tisanes, nos thés… Ces personnes qui ne veulent pas se faire vacciner estiment qu’il n’y a pas assez de recul avec le vaccin», a fait observer Cédrik André. A tour de rôle, les membres du collectif ont tenu le même discours : le vaccin est inefficace (et de faire référence à la situation en Israël), il est encore en phase de test, etc. Ils souhaitent que le préfet laisse le choix à la population de se faire vacciner ou non.
Le préfet a exposé le contexte sanitaire, le nombre d’hospitalisation et de décès dus à la pandémie et tenté de convaincre que le seul moyen de freiner la propagation du virus est la vaccination. «On ne soigne pas une maladie du cœur avec des tisanes. Si cela était le cas, on le saurait. On peut améliorer le bien être d’un patient mais pas le guérir», a-t-il convenu.
Une représentante du personnel du centre hospitalier Louis-Constant Fleming a voulu sensibiliser le préfet sur l’enjeu de l’obligation vaccinale. Elle a lu un extrait d’une note de service envoyée aux employés par la direction de l’établissement indiquant qu’à partir du 15 septembre ils doivent montrer la preuve d’un schéma vaccinal complet, du moins d’avoir entamé le processus et qu’après le 16 octobre, ceux qui ne le font pas ne pourront plus travailler. «Que va-t-il se passer après cette date ? Comment l’hôpital va-t-il fonctionner s’il y a une pénurie de personnel, notamment en saison cyclonique ?», a demandé la représentante du personnel au préfet. «S’ils font venir des gens d’ailleurs, on les chassera», a répondu Cédrik André.
Pour sa part, le préfet s’est aussi dit confiant en le personnel soignant qui agira dans «l’intérêt général». «Malgré leurs peurs, les personnels soignants ont une obligation morale par leur fonction, celle de continuer à soigner leurs patients… », a affirmé Serge Gouteyron qui a aussi fait référence à son passé militaire. «En tant que militaire, je ne me serais pas poser la question, je me serais fait vacciner car je suis un obligé du peuple, un obligé de mes soldats. Il y a des professions où l’on doit l’exemplarité de son comportement… Vous avez des obligations morales», a-t-il convenu. Et parmi ces professions, celles liés au monde de la santé.
«C’est une dictature médicale ! », a rétorqué Cédrik André. «Bienvenue en dictature ! Vous voyez nous sommes en dictature et nous sommes en train de discuter autour d’une table !», a répondu ironiquement le représentant de l’Etat. «Vous êtes en danger monsieur le préfet », a répliqué Cédrik André. S’en est suivi des échanges sur la notion de liberté. Pour les membres du collectif, la liberté est de faire ce que l’on veut.
La représentante du personnel du centre hospitalier a insisté pour obtenir des réponses quant à l’organisation de l’établissement en cas de pénurie de personnel, la liberté de se faire vacciner et de choisir le vaccin, etc. Des questions auxquelles le préfet a dit qu’il ne pouvait pas répondre car ce n’est pas de sa compétence, mais de celle de la directrice de l’hôpital. «C’est là alors qu’on doit aller faire le bordel», a déclaré le collectif. Cédrik André a confié qu’il va demander aux personnels de l’hôpital de ne pas se faire vacciner afin de voir si la directrice est capable de les licencier après la date butoir en octobre. «La machine est mise en route avec les syndicats de Guadeloupe et de Martinique», a-t-il ajouté.
Une autre membre du collectif a confié pour sa part qu’elle présentait un schéma vaccinal complet, qu’elle avait fait ce choix car elle avait perdu des proches. «Mais comprenez monsieur le préfet que certaines personnes puissent être sceptiques. Regardez les problèmes que le Médiator a faits… Pourquoi obliger les gens à se faire vacciner ? », a-t-elle demandé.
Le préfet a rappelé que seules certaines professions ont l’obligation de se faire vacciner. Il a aussi précisé que contrairement à ce que certains membres du collectif pensaient, la vaccination pour les mineurs n’est pas obligatoire, seulement recommandée.
Les recrutements, autre sujet au cœur du débat
La question des recrutements au sein du centre hospitalier a été abordée. La représentante du personnel a rapporté qu’«ils souhaitaient avoir du personnel médical et paramédical compétent, des gens qui se soucient de la population saint-martinoise et pas uniquement ceux qui viennent pour être en vacances et toucher un salaire important». Et de s’opposer au «tourisme salarial». «Oui il y a une pénurie partout, mais il faut des gens compétents pour travailler à Saint-Martin», convient le collectif qui a demandé de faire un point sur le projet d’école dans le domaine de la santé.
Le préfet a rappelé qu’un projet de restructuration de l’établissement pour mieux «penser l’hôpital public» était en cours. Une communication sera faite par l’agence régionale de santé lorsque le projet sera finalisé. Quant aux problèmes de ressources humaines, le préfet l’a répété, ce n’est pas de sa compétence mais celle de la direction de l’hôpital et de l’ARS