Accident mortel à la Savane : les faits, les prévenus, le début de l'enquête (1/3)
Les faits
Le 30 juin 2019 vers 20h30 sur la route principale à la Savane, un pick-up circule dans le sens Grand Case-Marigot. Il suit une voiture. En la doublant, il percute un scooter venant en face et qui se trouvait sur le bas côté de la route.
Contrairement à ce qui a pu être dit, «le choc n’a pas été frontal. Le pick-up montre des traces sur son côté gauche», a rectifié la juge. Selon le témoignage de la conductrice qui a été doublée, le pick-up a «pris large », c’est-à-dire qu’il se trouvait largement à gauche sur la voie de gauche au moment du dépassement ; l’impact a eu lieu plus près du bas côté qu’au milieu de la voie de circulation. Une distance de 34 mètres a été relevée entre le point d’impact et le point d’immobilisation du véhicule.
Sur le scooter se trouvent deux jeunes, âgés de 17 et 18 ans. Ils sont tués sur le coup. Une enquête est ouverte pour déterminer les causes et les responsables de l’accident. A son terme, les trois passagers du pick-up sont renvoyés devant le tribunal de proximité de Saint-Martin. Leur procès s’est déroulé jeudi 16 septembre.
Les prévenus
FR aujourd’hui âgé de 24 ans, est le premier à être mis en cause. Juste après l’accident en 2019, il déclare aux gendarmes qu’il est le conducteur du pick-up. Aussi est-il immédiatement accusé d’homicide involontaire par conducteur terrestre à moteur.
Rapidement circule une rumeur selon laquelle FR n’était pas le conducteur du pick-up, il était seulement passager. AB, âgé aujourd’hui de 43 ans, serait le conducteur. L’enquête va le confirmer : AB a demandé à FR de mentir pour le protéger.
Au final, de nouvelles poursuites sont engagées à l’encontre de FR : il lui est aussi reproché des dénonciations mensongères ayant entraîné des recherches inutiles. AB est aussi accusé de dénonciations mensongères ainsi que d’homicide involontaire par conducteur terrestre à moteur avec deux circonstances aggravantes.
Le troisième homme qui se trouve à bord du pick-up le soir de l’accident, est DB, 63 ans. Juste après les faits, il déclare aux gendarmes que FR est le conducteur. Puis plus tard dans le cadre de l’enquête, il revient sur ses déclarations en affirmant qu’il dormait dans la voiture et qu’il n’a rien vu. Il est aussi poursuivi pour dénonciations mensongères ayant entraîné des recherches inutiles.
Pour dénonciation mensongère, ils encourent chacun une peine de six mois de prison et une amende de 7 500 euros ; pour homicide involontaire une peine de cinq ans de prison et une amende de 75 000 euros.
Le jour du procès, AB et FR ont été entendus en visioconférence car ils étaient en métropole où ils résident depuis. Ils étaient assistés par maîtres Marion Tillard et Pierre-Yves Chicot. DB n’était pas présent.
Les parents proches des deux victimes étaient présents à l’audience et représentés par maîtres Delphine Tissot et Davy Barreiro.
Le début de l’enquête
Après l’accident, les sapeurs-pompiers arrivent sur les lieux puis les gendarmes. Le vice-procureur se déplace également. Personne n’est interpellé, ni interrogé le soir même ; le parquet convoque les trois hommes du pick-up le lendemain. Seul FR est dépisté et les tests révèlent aucune présence d’alcool dans son sang.
FR déclare qu’il était au volant. AB qui est le propriétaire du pick-up, le lui avait demandé car il avait bu. AB est alors passager avant et DB est assis à l’arrière. FR raconte qu’au niveau de la Savane, il suivait une voiture dont la conductrice lui a fait signe de la doubler. Il a vérifié la visibilité dans ses rétroviseurs, mis son clignotant et effectué le dépassement. Il assure ne pas voir vu le scooter arriver en face. Au dernier moment, il a appuyé avec les deux pieds sur le frein mais n’a pu éviter le choc.
Face à ces déclarations, l’enquête est clôturée le 3 juillet, soit trois jours plus tard. FR est convoqué devant le tribunal correctionnel pour homicide.
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