Pour V. Lurel, «on s'est servi de la vaccination pour lutter contre l’Etat»
Lors du compte-rendu de la mission commune d’information sur les effets des mesures de confinement au Sénat, plusieurs personnalités des outre-mer (inspecteurs généraux des affaires sociales, conseiller médical à l'Agence nationale d'appui à la performance, Iedom, etc.) ont été auditionnées parmi lesquelles le sénateur guadeloupéen Victorin Lurel. Plusieurs volets de la crise ont été abordés dont celui de la faible vaccination.
Victorin Lurel qui «appréhende une éventuelle cinquième vague », estime qu’il y a eu un manque de communication auprès de la population. Pour lui, la pédagogie n’a pas été assez «massive» et dénonce l’impact des réseaux sociaux. «Il y a un quasi-monopole des réseaux sociaux en matière d'information. Chacun prétend être médecin. On n'a pas fait entrer dans la tête des gens, surtout dans nos territoires, que l'on va vivre longtemps avec ce virus et qu'il faudra tôt ou tard un deuxième vaccin obligatoire. On n'a pas encore réussi à répandre dans les outre-mer l'idée que le vaccin n'est pas provisoire, qu'il n'est pas expérimental, qu'il ne change pas le génome, que la pharmacovigilance fonctionne. Les gens ont peur du vaccin et privilégient notre pharmacopée locale. (…) Le problème est culturel. Cela paraît un détail, mais l'aiguille qui plonge dans l'épaule effraie les gens ! Il faut en tenir compte», rapporte-t-il à ses collègues.
Victorin Lurel regrette en outre qu’une «partie de l'élite ait politisé la question : on s'est servi de la vaccination pour lutter contre le gouvernement, contre l'État ou contre le colonialisme ». «La classe politique continue à écrire qu'elle est de la génération des rimèd razié. Lorsque des scientifiques ont déclaré, à l'occasion d'un grand forum politique, avoir découvert un traitement préventif, les gens ont couru l'acheter en pharmacie... », souligne-t-il. «En face, la communication est faible, pour ne pas dire inexistante. Au niveau national, on appelle à se faire vacciner, mais on ne donne pas d'explication pour rassurer. De nombreux facteurs expliquent la résistance au vaccin. C'est un fait sociologique qui n'a pas été appréhendé et qu'il faut aujourd'hui traiter en extrême urgence. (…) On n'a pas pris conscience de la résistance intellectuelle, psychologique et peut-être religieuse au vaccin», convient-il. Il est convaincu de «l’importance de reprendre la communication ».