Comment la situation a dégénéré jeudi matin
Vers 2 heures dans la nuit de mercredi à jeudi, des gendarmes sont en patrouille à Sandy Ground. Ils croisent deux individus de type caucasien qui vont vers la Baie Nettle. Au niveau de l’ancien centre culturel, ils aperçoivent une dizaine de jeunes dont le visage est en partie masqué, puis continuent de rouler vers la Baie Nettle où ils retrouvent leurs collègues positionnés sur ce secteur. Après avoir échangé, la patrouille repart vers Sandy Ground et croise à nouveau les deux individus de type caucasien qui leur dit qu’ils ont été braqués par des individus en scooter.
Lorsque la patrouille arrive au niveau de l’ancien centre culturel, les jeunes au visage en partie masqué, prennent la fuite dans les petites rues adjacentes. Les gendarmes tentent de les poursuivre, en vain, et essuient des jets de pierre. Ils rejoignent leurs collègues en poste au pont près des carcasses de voitures et voient cinq à huit jeunes revenir armés de fusil painball et de pierres. «Ils utilisent des billes en verre », précise le lieutenant-colonel Wintzer.
Les gendarmes sont pris à parti, ripostent et tentent des interpellations. «Il est alors aux alentours de 3h40. Devant la pression des jeunes, les gendarmes décident d’utiliser une grenade de gaz lacrymogène pour les repousser », explique le lieutenant-colonel dont les hommes continuent d’être la cible de jets de pierres et de billes en verre.
Au lever du jour, «de plus en plus de gens s’amassent et la tension augmente progressivement», constate le chef d’escadron en arrivant sur place. Il ordonne à ses équipes de reculer à l’arrière du pont de Sandy Ground. La tension ne baissant, les gendarmes se retirent vers le rond-point de l’office de tourisme, face à eux une cinquantaine de jeunes qui continuent de progresser et monter des barricades à l'anse des sables. Ils mettent le feu à une voiture sur la chaussée.
Un peu plus tard, le préfet se rend sur place, discute avec les représentants du conseil de quartier. Les gendarmes se trouvent au rond-point de l’office de tourisme et voient les jeunes cagoulés quitter l’anse des sables. La tension baisse. Mais une trentaine de minutes plus tard, les huit gendarmes positionnés à la Baie Nettle avertissent leurs collègues, qu’ils se trouvent face à des jeunes qui leur jettent des pierres, des cocktails molotov. Les individus jettent aussi des pierres sur des riverains et pénètrent dans des résidences. Dans l’attente de l’arrivée de renfort, les gendarmes reculent au niveau de l’accès à la Belle créole.
«Nous sommes alors dans une situation de statu quo, nous en position défensive en face de jeunes cagoulés armés qui nous tirent dessus et cherchant à nous déborder en passant par la plage et les propriétés», précise le lieutenant-colonel.
Une fois la situation calmée, un individu à moto roulant à plus de 100km/h, se dirige droit vers les gendarmes qui lui font signe de s’arrêter. Il refuse de s’arrêter et fonce une deuxième fois sur les gendarmes. Il va perdre le contrôle de sa moto et se retrouver à terre. C’est à ce moment que les gendarmes vont l’arrêter. Il sera placé en garde à vue et déférer devant le procureur vendredi matin. Il est connu défavorablement des services de police.
«Pendant l’interpellation, nous entendons une détonation et à la radio qu’un gendarme est blessé », confie le lieutenant-colonel. Et d’insister : «les gendarmes n’ont pas riposté, n’ont pas utilisé leurs armes à feu alors qu’ils étaient dans un cadre légal de le faire». L’auteur du tir n’étant pas isolé, les gendarmes ont préféré de ne pas tirer afin de ne pas prendre le risque de blesser les personnes qui se trouvaient autour de l’auteur du tir.
«Nous avons ensuite essuyé deux salves de tirs qui étaient clairement des tirs pour tuer. Nous avons retrouvé un projectile dans le coffre de l’un de nos véhicules à bord duquel se trouvait un homme. Mais encore une fois, nous n’avons pas riposté, nous avons utilisé des moyens non létaux pour garder ces jeunes à distance et ainsi d’éviter la surescalade », explique le chef d’escadron.
La situation s’est calmée en début d’après-midi et sans que les gendarmes ne puissent l’expliquer, les jeunes sont repartis sur Sandy Ground. La route a été libérée et « ce sont les habitants de Sandy Ground qui ont nettoyé la chaussé », précise le lieutenant-colonel.
Concernant, le gendarme blessé, il a été évacué et pris en charge au centre hospitalier Louis-Constant Fleming ; ses jours ne sont pas en danger ; la balle a traversé sa jambe gauche pour se blottir dans la droite. Au cours de la même journée, six autres gendarmes ont été blessés par des pierres, morceaux de verre et autres projectiles.
Suite à cette journée de violence, des renforts en hommes et en matériels ont été sollicités de même que des unités spécialisées. L’objectif des gendarmes est d’identifier et d’interpeller le ou les tireurs ainsi que les personnes porteuses d’une arme.