Hausse de 25 % des violences intrafamiliales à Saint-Martin en un an
On en parle de plus en plus mais le sujet reste encore tabou, celui des violences intrafamiliales. Pourtant il s’agit d’un vrai fléau à Saint-Martin. En 2021, les gendarmes ont recueilli 291 plaintes, soit 59 de plus qu’en 2020 (+25,4 %).
Plus de 7 plaintes sur 10 sont déposées par des femmes. En 2021, les services de gendarmes ont reçu 210 femmes victimes de violences intrafamiliales. C’est 34 de plus que l’année précédente. C’est 4 femmes par semaine qui dénoncent les violences qu’elles subissent.
A l’échelle du territoire, ce sont 11,7 femmes sur 1 000 âgées de plus de 15 ans qui sont frappées. 13 femmes majeures sur 1 000. Il s’agit du territoire où ce fléau est le plus important : en Guyane, 10,4 femmes sur 1000 âgées de plus de 20 ans sont victimes de violences conjugales, en Seine Saint-Denis 9,2 sur 1000 et en Guadeloupe 7,7 sur 1000 ; la Guyane, la Seine Saint-Denis et la Guadeloupe étant les trois départements où ces violences sont les plus nombreuses par rapport à la population.
Parmi les 210 femmes victimes, 37 sont âgées de moins de 18 ans. Les violences exercées sur mineurs au sein du foyer familial sont aussi très nombreuses à Saint-Martin. 58 plaintes ont été enregistrées en 2021, 1,7 fois plus qu’en 2020. 37 plaintes ont concernées des filles et 21 des garçons.
Afin de sensibiliser le public à ces violences, l’association France Victimes a mis en place une campagne d’information baptisée Mots et Maux de femmes. Relayée localement par Trait d’Union avec le soutien de l’Etat et de la Collectivité, cette expographie illustre ces violences, le public peut ainsi voir des visages tuméfiés ou autre gestes chocs. Au total ce sont 12 photos et 81 textes qui sont présentés. «L’exposition peut parfois être heurtante et provoquante mais nous avons voulu une démarche artistique pour dénoncer autrement. Il est temps de plus avoir peur de gêner. Les violences doivent enfin déranger suffisamment pour permettre des prises de conscience, des actions, des protections», se justifient les organisateurs de l’événement. La prise de conscience doit être d’autant plus forte à Saint-Martin que la moitié des femmes victimes sont jeunes, puisqu’âgées entre 18 et 39 ans. Et qu’il y autant d’hommes violents que de victimes.
L’expographie est itinérante : elle a été inaugurée à Saint-Martin mardi à l’occasion de la journée européenne des victimes et sera visible jusqu’au 8 mars sur différents sites. Durant cette même période, elle est aussi présentée en Avignon, à Lille, Paris, Strasbourg, Cayenne, Nouméa, etc.