Violences conjugales : «on n’est pas passé loin du drame»
Des violences «d’une intensité spectaculaire». Ses «menaces n’étaient pas en l’air». «On n’est pas passé loin de drame». Le vice procureur résume en introduction de son réquisitoire, les faits pour lesquels FCL a comparu vendredi matin devant le tribunal de proximité de Saint-Martin. Cet homme âgé de 31 ans est accusé de violences avec arme sur son ex conjointe pour la troisième fois et d’avoir dégradé des biens.
Dans la nuit de lundi à mardi, le prévenu fait la fête dans un établissement en partie hollandaise. Le matin, son père lui dit que son ex compagne l’a appelé au cours de la nuit. Selon FLC, ce n’est pas la première fois qu’elle appelle ses parents. Il estime qu’elle le harcèle, qu’elle ne cesse de lui demander de l’argent pour les deux enfants qu’ils ont eus ensemble. Aussi mardi, en milieu de matinée, est-il très énervé. Excédé par le comportement de son ex, il décide de la supprimer. Il lui téléphone pour «lui dire au revoir car il va la tuer». Quelques minutes plus tard, il se présente à son appartement armé d’un couteau de cuisine.
Il frappe, elle ne répond pas. Il casse la fenêtre et finit par pénétrer dans le logement. Apeurée, la femme se réfugie dans la chambre avec leur bébé de huit mois, puis va dans la salle de bains où il l’attrape par les cheveux et par le cou. La femme profite de l’instant où il la lâche pour s’enfuir de l’appartement. Elle court et entre dans une supérette. Il la suit et en chemin crève les quatre pneus d’une voiture.
Alertés, les gendarmes arrivent à la supérette. FCL est aussi présent et demande de manière spontanée à être arrêté car il est violent avec son ex. Les gendarmes procèdent à la fouille de son sac et y découvrent un couteau de cuisine. FCL est aussitôt interpellé.
Lors de ses auditions, il reconnaît le fait principal sans difficulté, celui d’avoir pris un couteau, de s’être rendu chez son ex avec la volonté de la tuer et de l’avoir saisie par le cou. Il a «pété un câble», confie-t-il. En revanche, il ne confirme pas avoir placé le couteau sous la gorge de la victime comme celle-ci l’a déclaré, ni même avoir menacé sa copine, seulement avoir «piqué une brique de jus avec le couteau, ce qui l’a soulagé ». Il précise également avoir crié qu’il voulait aussi tuer leur bébé de huit mois «mais c’était pour lui faire peur».
La copine qui a assisté à la scène et qui aurait été agressée, a refusé de témoigner et de déposer plainte.
Native de la République dominicaine, la victime a rencontré le prévenu en 2015 lorsqu’elle travaillait à Sint Maarten. Puis elle est rentrée en République dominicaine où ils se sont mariés en 2016. «C’est lui qui m’a fait revenir à Saint-Martin», affirme-t-elle.
Selon FCL, ils sont séparés «depuis longtemps» mais parfois ils se revoient, passent des «soirées comme ça… vite fait ». Ils ont deux enfants, un de 2 ans et un bébé de huit mois. «Je veux tourner la page, j’ai une nouvelle petite amie… J’en ai quitté plein à cause d’elle », confesse-t-il au tribunal. Il assure également au tribunal «être prêt à vendre son matos et quitter Saint-Martin» pour se sortir de cette situation.
Son avocat qualifie leur relation de «toxique». «Il n’en pouvait plus de cette personne. Il était au stade de l’exaspération, il ne savait plus comment réagir», rapporte-t-il avant d’adresser quelques reproches à la victime. «Si elle savait qu’il pouvait démarrer au quart de tour, elle aurait dû adapter son comportement » en ne le «harcelant» pas de coups de fils, notamment pour lui réclamer de l’argent pour les enfants.
Une défense quelque peu cavalière après des réquisitions lourdes du parquet. Le représentant du ministère public avait quelques minutes plus tôt qualifié l’accusé comme quelqu’un de «dangereux, colérique qui est dans l’ultraviolence» et dont la «seule solution pour se contrôler est de quitter l’île». Le procureur a sollicité une peine de cinq ans de prison dont 30 mois ferme et 30 mois assortis d’un sursis probatoire durant deux ans comprenant l’obligation de soins et les interdictions de porter une arme pendant cinq ans, d’entrer en contact avec la victime, de séjour à Saint-Martin pendant trois ans et d’exercer une activité professionnelle en relation avec des mineurs pendant trois ans.
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à une peine de cinq ans de prison dont 30 mois ferme et 30 mois assortis d’un sursis probatoire durant deux ans comprenant l’obligation de soins et les interdictions de porter une arme pendant cinq ans, d’entrer en contact avec la victime, de séjour à Saint-Martin pendant cinq ans. Le maintien en détention a aussi été prononcé. FCD doit être transféré en Guadeloupe dans la journée.
A l’issue des faits qui se sont déroulés mardi, le juge des libertés et de la détention avait mis à exécution la peine de six mois de prison et révoqué un mois de sursis. Ces deux peines avaient été prononcées en 2018 et 2020 par le tribunal pour des faits similaires sur la même victime.
Vendredi, FCL a aussi comparu pour avoir dégradé une voiture le 5 mars dernier. Lors d’une altercation avec la victime, il était énervé et avait saisi une barre en métal et avait donné des coups à une voiture dans laquelle se trouvait leur bébé.