Le rugbyman S. Boueilh est à Saint-Martin pour parler non pas de sport mais de violences sexuelles
Sébastien Boueilh est un ancien joueur de rugby originaire du Sud Ouest de la France. Il est en déplacement aux Antilles pour parler non pas de sport mais de violences sexuelles. Pour inciter les jeunes à dénoncer les faits dont ils se font victimes. Vendredi il était à Saint-Martin et est intervenu en milieu de scolaire.
Dès les premières minutes, il plante le décor : il a été violé entre l’âge de 12 et 16 ans et en a parlé pour la première fois 18 ans plus tard. Il expose librement son histoire. «Ma femme veut organiser une fête surprise pour mon anniversaire et contacte l’un de mes anciens amis d’enfance, Mathieu. Il lui dit qu’il viendra à la condition que Cricket ne soit pas invité», raconte-t-il. Du coup, le soir le couple en discute. Cricket, ça fait tilt dans la tête de Sébastien Boueilh. Il appelle Mathieu. Tous les deux ont vécu la même chose : ils ont été violés lorsqu’ils étaient adolescents par Cricket, le mari de la cousine de Sébastien Boueilh. Ce dernier appelle son cousin, Frédéric. Lui aussi a été violé par la même personne durant la même période.
Ensemble, alors qu’ils ont trente ans, ils déposent plainte pour des faits commis il y a près de vingt ans. Après quatre ans de procédure judicaire et trois jours de procès, l’auteur a été a été condamné par la cour d’Assises des Landes à une peine de dix ans de réclusion criminelle le 29 mai 2013. «Cette date est tatouée sur mon bras», confie Sébastien Boueilh.
Dans la foulée, il a décidé de créer une association, Colosse aux pieds d’argile, pour lutter contre les violences sexuelles et apporter un soutien aux victimes. Depuis, il sillonne les routes de France pour évoquer ce sujet, souvent, tabou. Aujourd’hui, il est à Saint-Martin.
Accompagné de l’association Trait d’Union France Victimes, il s’est rendu au collège Mont des Accords, au lycée professionnel Daniela Jeffry et à la halle des sports à Marigot. Ce soir il participera à un colloque à 18h30 à l’hôtel Fantastic à Concordia.
«Le plus important est de parler», n’a-t-il cessé de répéter aux collégiens et lycéens. Simplement et avec des exemples concrets, Sébastien Boueilh leur a expliqué le moment à partir duquel ils pouvaient être victimes de viols ou d’agressions sexuelles de la part d’un adulte ou non. La notion de consentement et de «choix volontaire» d’avoir des relations sexuelles a été largement abordée, sans tabou.
Le «Colosse» a en outre insisté sur les signes alimentaires, troubles du comportement et autres envoyés par les victimes. «Si elles ne parlent pas, leur corps parle », a-t-il affirmé. «Le mécanisme d’autodestruction génère une baisse de l’espérance de vie de vingt ans », a-t-il expliqué aux jeunes.
Le directeur de l’association Trait d’Union a par ailleurs exposé les moyens dont les jeunes disposaient à Saint-Martin pour dénoncer des agressions sexuelles, les peines que les auteurs encouraient, etc. Et de préciser que si les faits sont commis par une personne ayant autorité (parents, membres de la famille, professeurs, animateurs, etc.), cela constitue une circonstance aggravante au regard de la justice.
«Parler permet de se protéger (de l’auteur des faits, ndlr) et de libérer la parole des autres victimes », a affirmé Sébastien Boueilh en guise de conclusion. «Je n’ai pas fait une conférence sans qu’une victime ne vienne à la fin parler pour la première fois », confie-t-il. Vendredi matin, à Saint-Martin, trois jeunes filles étaient en pleurs à la fin d’une intervention dans un établissement scolaire.