Bateaux hors d’usage : vers la mise en place d’une filière de déconstruction ?
En fin de vie, un bateau devient un déchet polluant. En théorie, il doit être déconstruit, dépollué et ses pièces doivent être triées pour être revalorisées. Aujourd’hui à Saint-Martin où le nautisme représente une activité importante, il n’existe pas de filière de traitement des bateaux hors d’usage (BHU). Toutefois, des discussions sont en cours entre une entreprise et un éco organisme.
La déconstruction d’un bateau est très réglementée. Les entreprises doivent disposer d’un agrément pour le faire, au même titre que celles qui gèrent les véhicules hors d’usage. En 2009, la fédération des industries nautiques a ainsi souhaité organiser une filière volontaire de déconstruction des bateaux de plaisance en créant une structure, l’APER, association pour la plaisance éco-responsable, devenue dix ans plus tard un éco organisme agréé par le ministère de la transition écologique et solidaire.
Comme Eco-Emballages pour les déchets ménagers, l’APER organise la fin de vie des bateaux de plaisance ou de sport. C’est-à-dire qu’elle finance la déconstruction des BHU en rémunérant les centres de traitement spécialisés et agréés qu’elle a sélectionnés après appel d’offres.
L’APER reçoit deux sources de financement : une quote-part du droit annuel de francisation et de navigation versée de l’État ainsi que l’éco contribution versée par ceux qui mettent sur le marché des bateaux (constructeur, importateur, distributeur). Cette éco contribution a été mise en place par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. C’est le même principe lorsqu’un particulier achète un appareil électroménager, une partie du prix est destinée à l’éco organisme qui est en charge de la destruction de l’appareil.
L’APER s’appuie sur un réseau de 26 centres. En deux ans, elle a pu financer la déconstruction de 3 116 bateaux, dont 19 en Martinique, seul territoire ultramarin où l’association est présente. Elle envisage d’agréer de nouveaux centres de traitement en Guadeloupe, en Guyane, à la Réunion mais aussi à Saint-Martin. Localement, elle est en discussion avec Verde SXM.
En outre-mer, les conditions d’implantation sont difficiles en raison des coûts. Les entreprises ayant les capacités de déconstruire les bateaux sont peu nombreuses et doivent supporter des coûts deux à quatre fois supérieurs que leurs homologues en métropole, en raison d’un volume moins grand.
Les étapes de la déconstruction
- Réception des bateaux livrés par des transporteurs spécialisés ou par apports directs des propriétaires,
- Dépollution du bateau (fluides divers dont carburant, batteries…),
- Enlèvement des parties importantes (mat, balcon avant, éléments de confort intérieur) et démantèlement complet du bateau,
- Broyage et tri sélectif des matériaux puis envoi en filières dédiées (bois, métaux, plastiques, composites).