Migrants : prison ferme pour les quatre passeurs arrêtés dimanche à Galisbay
Les quatre passeurs soupçonnés d’être impliqués dans le trafic de personnes clandestines, arrêtés dimanche et placés sous mandat de dépôt mardi, ont été présentés mercredi matin devant le tribunal de proximité de Saint-Martin en comparution immédiate.
Ils étaient poursuivis pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France. Deux sont originaires de la Dominique (BB et KSR), un de Saint-Martin (GH) et un du Guyana (RR). Ils sont respectivement âgés de 30, 60, 52 et 37 ans. Ils encouraient une peine de cinq ans d’emprisonnement et une amende 5 000 euros.
Ces quatre individus ont été interpellés par la police aux frontières (PAF) à Galisbay alors qu’ils se trouvaient sur un voilier de 35 mètres. Ce bateau avait attiré l’attention des douaniers qui l’avaient contrôlé au large de la Désirade en Guadeloupe cinq jours plus tôt et signalé à la police aux frontières. En direction de Saint-Martin avec à son bord les quatre individus et des clandestins, il avait continué à être surveillé par la PAF afin de pouvoir être intercepté à Saint-Martin.
Selon les déclarations de KSR, il était capitaine du bateau qui appartenait à G. KSR a pris la mer le 25 août à Saint-Martin pour «faire un petit tour afin d’essayer le bateau [qu’il souhaitait] acheter », explique-t-il. Le lendemain, le bateau est tombé en panne. Il a pris l’eau et a dérivé pendant trois jours avant d’être récupéré par un cargo qui l’a remorqué en Guadeloupe.
Là, selon KSR, BB a été sollicité par le propriétaire pour apporter les pièces nécessaires à la réparation du bateau. Lors de son interpellation les policiers trouveront en effet des factures de pièces mécaniques. Cependant, BB dément. A la barre du tribunal, il affirme que ces pièces étaient destinées «à [sa] maison qui avait pris l’eau après la tempête Fiona». BB précise qu’il ne faisait pas partie de l’équipage mais en était passager. «J’étais moi aussi clandestin.J’étais à bord de ce bateau car je voulais rentrer à Saint-Martin, je n’avais pas de passeport», confie-t-il.Le tribunal lui répond que les migrants ont tous été unanimes et confirmé qu’il faisait partie de l’équipage, qu’il était le second capitaine. Ils ont aussi précisé que RR était le mécanicien et GH tirait les cordes, les deux hommes étant montés sur le bateau avec KSR le premier jour.
A la barre, ce dernier déclare au tribunal que RR et GH ignoraient la situation des personnes clandestines. «Je n’étais pas au courant qu’il y avait des clandestins, moi je dormais, je n’ai rien compris », confie GH. KSR affirme qu’en partant de Saint-Martin, il n’avait pas l’intention de transporter des migrants, que ce n’est qu’en Guadeloupe qu’il a été contacté pour le faire, moyennant 1 000 dollars par passager. «C’est la première fois que je faisais ça », confie-t-il.
Les 21 migrants dont un enfant, découverts par la police, se trouvaient dans les deux cabines du voilier. Ils étaient originaires d’Haïti.
«C’est une affaire terrible d’exploitation de la misère humaine. Il s’agit bien d’une organisation, ce n’est pas le hasard qui les a amenés sur ce bateau », a commenté le procureur qui a requis une peine de deux ans de prison à l’encontre de KSR et BB ainsi qu’une interdiction de séjour en France pendant dix ans pour KSR. Il a demandé une peine d’un an de prison à l’encontre de GH et RR. Le maintien en détention est sollicité pour les quatre individus.
Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé des peines similaires aux réquisitions à l’encontre des quatre individus ; seule l’interdiction de séjour sur le territoire de séjour pour KSR a été réduite de moitié. Un mandat de dépôt a été délivré, ils ont tous les quatre été transférés en prison en Guadeloupe dans les heures qui ont suivi leur procès.
Seul le casier judiciaire de KSR ne portait pas de mention ; celui de GH en compte 32, il avait déjà passé 17 ans en prison.