Accusé d'agression sexuelle sur personne vulnérable, il a été relaxé
RF a été jugé jeudi dernier par le tribunal de proximité de Saint-Martin. Il était accusé d’avoir commis une « agression sexuelle sur une personne vulnérable » en prétextant un rendez-vous professionnel dans une chambre d’hôtel le 10 mai dernier. La victime avait déposé plainte et RF avait été interpellé puis placé en garde à vue. Il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.
Quelques jours auparavant avant les faits, la victime avait fait sa rencontre dans la rue et lui avait fait part de sa difficulté à trouver du travail. Ce dernier, étant un agent de la Collectivité, lui aurait signifié d’apporter son CV ainsi que sa lettre de motivation à la Collectivité. R.F l’a reçue et lui a signifié que sa lettre de motivation n’était pas correcte et qu’il fallait la refaire et la porter de nouveau à l’accueil de la Collectivité.
« On m’a toujours dit qu’il était important de remettre ce genre de document en main propre pour le travail », a rétorqué la victime à la juge lorsqu’elle lui a demandé « pourquoi ne pas avoir remis ces documents à la Collectivité ? »
A la barre, le prévenu a déclaré que c’est la victime qui a insisté à ce qu’ils se rencontrent pour lui remettre en main propre sa lettre de motivation corrigée. L’accusé lui a donc envoyé sa localisation ce 10 mai, il se trouvait alors dans cette chambre d’hôtel où ont eu lieu des échanges de baisers et des caresses entre les deux intéressés.
Au tribunal, la victime a expliqué qu’elle était d’accord avec la majorité des dires de RF : «la première fois que je l’ai rencontré, je sentais déjà qu’il voulait quelque chose avec moi». Elle précise qu’elle s’est rendue dans la chambre d’hôtel en toute confiance car sa tante lui avait dit qu’il travaillait avec elle à la Collectivité.«Lorsque vous êtes dans la chambre, il y a des jeux entre vous, des échanges de bisous puis vous descendez manger au restaurant de l’hôtel et vous remontez dans cette chambre. Pourquoi ? Pourquoi n’êtes-vous pas partie après le restaurant ?», a demandé la juge. «Il m’a dit qu’il fallait récupérer le dossier», répond-elle tout en confiant qu’elle avait hésité. Mais elle «avait vraiment besoin de travail». La juge insiste : «Est-il normal pour vous d’aller dans une chambre d’hôtel dans un cadre professionnel ? » La victime ne répond pas.
«C’est un dossier qui témoigne des dérives du mouvement #MeToo. Le contexte de la situation peut démontrer une mauvaise interprétation de la situation. Il s’agit ici d’un jeu de séduction, entre deux adultes consentants. La juridiction n’a pas à apprécier les jeux de séduction. Au vu de ce doute, je demande la relaxe de mon client et de tenir compte des faits», a déclaré l’avocate de l’accusé.
«Ma cliente à 20 ans, elle est d’origine dominicaine… Si je comprends bien la stratégie de la défense, ma cliente est une coureuse d’hommes par besoin. C’est l’image donnée de ma cliente», déclare en face l’avocat de la partie civile pour qui «RF a joué de son statut social». C’est pourquoi la victime demande réparation des préjudices subis à hauteur de 20 000 euros.
Pour le parquet, RF est coupable car «il y a une contrainte socio-économique» car RF «se présente comme quelqu’un en capacité de pouvoir offrir un travail». Cependant, le représentant du ministère public admet que l’on puisse être interpellé par le fait que la victime rejoigne RF dans sa chambre une première puis une second fois. «La question est pourquoi ? Dans quel but y est-elle retournée ?», s’interroge le parquet. «Peu importe ce qu’elle avait en tête» convient-il. «C’est la manière dont RF a construit cette situation» qui importe, «il a mis tout en place pour avoir une relation sexuelle avec les moyens disponibles pour placer la victime en situation de contrainte».
Le procureur a requis une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis, son inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes ainsi qu’une inéligibilité pendant cinq ans.
Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé RF des faits qui lui sont reprochés, car il a estimé que la victime n’a pas agi sous la contrainte.