Accident vasculaire cérébral (AVC) : chaque minute compte
En France, 155 000 nouvelles personnes sont touchées par un accident vasculaire cérébral (AVC), et 62 000 surviennent chaque année. Pour lutter contre ce fléau, l’agence régionale de santé (ARS) a souhaité informer sur cette pathologie à l’occasion d’une conférence suivie d’un débat qui s’est tenue le 9 novembre dernier à la CCISM.
Cette conférence/débat était ouverte à tous les professionnels de la santé de Saint-Martin ainsi qu’au grand public désireux d’en savoir plus sur l’AVC. Elle était organisée sous la direction du Dr Blaise Bartoli et animée par le Dr Landais et le Dr Woga de l’équipe de l’unité neuro-vasculaire du centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe.
Le but est de sensibiliser aux enjeux majeurs liés à cette pathologie qui touche une personne toutes les cinq secondes dans le monde. L’OMS parle de pandémie et projette une augmentation de l’incidence des AVC de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030. Chaque minute compte, un accident vasculaire cérébral est une urgence médicale absolue en raison du risque de lésions cérébrales irréversibles.
L'AVC est un terme utilisé pour décrire l'arrêt soudain de la circulation sanguine dans une partie du cerveau. Selon la société française de neuro-vasculaire (SNFV), «les maladies cérébro-vasculaires sont la première cause d'invalidité chez l'adulte en France, la première cause de décès chez la femme, et la deuxième cause de démence après la maladie d'Alzheimer». Trois quarts des patients qui survivent à un accident vasculaire cérébral gardent des séquelles.
Tous les âges de la vie sont concernées par ces facteurs de risque. La lutte contre l’obésité infantile prévient ainsi le diabète et les pathologies cardio neuro-vasculaires chez les futurs adultes. Cependant, certains facteurs peuvent accroitre le risque : la consommation d’alcool, de tabac, obésité, l’hypertension artérielle, etc.
L’AVC est une course contre la montre : plus la prise en charge est rapide, moins les séquelles sont importantes. A l’apparition des premiers symptômes, il faut appeler le 15 pour faire intervenir les secours rapidement. Le temps d’intervention est primordial puisque les traitements désobstructifs doivent être administrés dans les 4 heures qui suivent l’apparition des premiers signes.
Les symptômes dépendent de la zone du cerveau qui est atteinte et de l’étendue de la lésion, certains signes, correspondant aux zones les plus fréquemment touchées, doivent y faire penser tels que : une déformation de la bouche, une faiblesse d’un coté du corps bras ou jambe, des troubles de la parole. Ces trois signes d’alerte peuvent être accompagnés tout aussi soudainement de troubles de l’équilibre de maux de tête intenses ou d’une baisse de vision. Il est primordial d'appeler le 15 dès le premier symptôme.
Les hommes de plus de 50 ans et les femmes de plus de 60 ans ont un risque significativement accru d'accident vasculaire cérébral et de maladie cardiaque. Les femmes sont mieux protégées contre les maladies cardiovasculaires que les hommes jusqu'à la ménopause. En fait, les hormones les protègent. Cependant, après l'âge de 60 ans, les femmes sont aussi susceptibles de développer une maladie cardiovasculaire que les hommes.
Plusieurs sujets ont été abordés lors de cette conférence/débats. Le numéro d’urgence, le 15 localisé en Guadeloupe a été au cœur des débats, notamment sur les barrières linguistiques, la non-connaissance du territoire saint-martinois par le service d’urgence en Guadeloupe et le temps d’attente.
«Mon oncle a été victime d’AVC, une heure pour avoir quelqu’un du SAMU, j’ai dû appeler un pompier personnellement pour intervenir, ce n’est pas normal », a raconté Alfonso (prénom d’emprunt).Samantha, (prénom d’emprunt) a été victime d’un AVC il y a trois ans. Elle déplore sa prise en charge par le corps médical et le manque d’empathie dans son cas. Elle a expliqué avoir eu des maux de tête importante et a décidé de passer un scanner, «j’avais une tache au cerveau, à la taille d’une balle de golf donc bien visible, et là on me dit «madame prenez votre voiture et précipitez-vous aux urgences, toute seule sans médecin. J’aurais pu avoir un accident…» Elle a été opérée neuf mois après son AVC, le manque de place en Guadeloupe et l’arrivée du covid, a retardé son opération. Elle n’a aujourd’hui aucune séquelle, comme elle le dit «j’ai eu une très bonne étoile ».Les AVC sont à l’origine de nombreux handicaps sur le territoire caribéen, chaque jour ce sont 2 à 3 personnes qui en sont victimes.
En Guadeloupe, on dénombre environ 800 AVC par an, avec une moyenne d’âge de 68 ans pour les femmes, plus jeunes que les hommes. A Saint-Martin, l’âge moyen des victimes d’AVC est de 64 ans et 54% sont des hommes. L’AVC ou l’accident ischémique transitoire qui résulte d’une obstruction artérielle très transitoire surviennent dans 66 cas par an. 49% n’ont pas eu de séquelles, 27% des séquelles discrètes, 15% des séquelles lourdes. 9% des victimes ayant un AVC décèdent, cela représente 4,6 % des décès enregistrés à Saint-Martin.