Réservistes au sein de la gendarmerie : Roselyne et Julien témoignent de leur engagement
Les réservistes sont des composantes de la gendarmerie, des hommes et des femmes qui consacrent leur temps libre à leurs concitoyens et à leurs convictions. Les réservistes sont des civils qui choisissent de s’investir davantage dans leur vie quotidienne. Julien et Roselyne, réservistes à Saint-Martin, partagent leur parcours et les raisons de leur engagement.
Cet engagement au sein de la gendarmerie va au delà d’assouvir leur « passion » pour la sécurité. Pour Julien et Roselyne c’est servir leur île et être utile. « Faire partie de la réserve, c’est donner de son temps, aimer l’institution militaire ou vouloir la découvrir et servir son pays », explique fièrement Julien.
Julien, 38 ans, employé dans un cabinet d’assurances a intégré la réserve de gendarmerie de Saint-Martin en avril 2022, un mois après Roselyne, agent à l’aéroport de Juliana. Sur leurs jours de repos, ils endossent l’uniforme bleu fièrement.
Passionné par l’armée depuis toujours, Julien a été réserviste pendant neuf ans en métropole dans l’armée de terre. Ensuite, il «n’arrivait plus à concilier ma vie professionnelle et ma vie en tant que réserviste à l’armée de terre ». «J’ai dû arrêter», confie-t-il. Mais le monde militaire lui manquait. «Un matin, on se réveille on se dit merde j’ai bientôt 40 ans et si je veux y retourner c’est maintenant », conçoit-il. Il a donc postulé à Saint-Martin, deux ans après son installation.
«Cela s’est fait naturellement, ma femme était en accord avec mon choix. Ça arrive de devoir partir des week-ends, il y a des moments où nous sommes avec nos proches et on doit les quitter. Lorsque nous avons leurs soutiens, c’est plus facile d’exercer, de faire ce que l’on aime», considère Julien.
Roselyne, elle, a eu le déclic après le passage de l’ouragan Irma. «La situation était très difficile. Je voyais tout ce qui se passait autour de moi et je me sentais impuissante », raconte celle qui éprouvait ce besoin de «se rendre utile pour la population. «En tant que citoyenne saint-martinoise française, ne pas pouvoir aider, a été compliqué », admet-elle. «Puis, j’ai eu un déclic en me disant, pourquoi je ne serai pas réserviste dans la gendarmerie ? », s’est-elle interrogée. A l’époque, la gendarmerie recherchait des réservistes, elle a donc décidé de s’engager. Et «c’est devenu une passion», avoue-t-elle.
Julien et Roselyne auraient aimé que cet engagement devienne leur activité principale, mais ils ne peuvent passer le concours de l’Etat car ils ont dépassé l’âge limite, soit 35 ans. Réserviste était donc «la dernière chance pour remettre l’uniforme» pour Julien.
Les missions des réservistes sont très diverses. Elles peuvent consister à effectuer des patrouilles, des interventions pour les vols à main armée, violences intrafamiliales, exploitation de vidéos ou encore « s’assurer que les gens sont en règle en faisant de la prévention. Le but n’est pas toujours de sanctionner mais de les amener à se régulariser », précise Julien. «On ne sait vraiment jamais trop ce qui va se passer lorsqu’on commence une patrouille, c’est ce qui est intéressant aussi», avouent Julien et Roselyne.
«Je me souviens de ma première intervention, c’était une bagarre entre voisins et quand nous sommes arrivé l’un des deux saignait, ça nous amène déjà dans le vif du sujet », se rappelle Roselyne. « Ce qui m’avait marqué, c’était les gens qui étaient instables psychologiquement… Cela peut être impressionnant quand on ne connaît pas », confie celle pour qui, la présence des enfants a pu être difficile à gérer. «Les voir au milieu de cette violence, émotionnellement c’est très difficile », estime-t-elle. Pour faire face à ce genre de situation, les réservistes peuvent s’appuyer sur les professionnels.«Pour nous, les réservistes sont très importants, ils sont issus de la population et peuvent témoigner de nos actions. Cela nous interpelle avec un regard neuf sur nos comportements et il y a un transfert de cela des deux cotés», conçoit un capitaine de la gendarmerie. «Ils sont des relais plus que nécessaires entre les mondes militaire et civil. Ils nous expliquent ce qu’est le monde civil et font de même à l’extérieur avec le monde militaire. Ils nous apportent aussi des idées qui peuvent nous échapper ou en étant pris dans la routine », a-t-il ajouté.
Selon Julien et Roselyne les qualités nécessaires pour être un bon réserviste sont le désir de consacrer son temps pour ses concitoyens, aimer ce qu’on fait ou avoir envie de découvrir l’institution militaire et servir son pays.
« Pour les jeunes qui veulent devenir réserviste ou qui hésitent, il faut venir essayer, c’est un bon tremplin. Tout d’abord pour découvrir si le métier et le côté militaire peuvent plaire, pour, peut-être s’engager, plus tard. Cela donne également des avantages pour passer des concours en interne et rentrer définitivement dans l’institution indique Julien.
39 réservistes ages de 22 à 38 ans, ont été recrutés à Saint-Martin en octobre 2021.