Assises de la sécurité routière : plusieurs propositions ont émergé pour lutter contre les comportements à risque
Les premières assises de la sécurité routière ont eu lieu ce mardi 13 décembre à la CCI de Saint-Martin en présence de plusieurs acteurs de la prévention routière. Organisées par la préfecture en collaboration avec la collectivité, le parquet de Basse-Terre, les forces de l’ordre et les associations locales relatives à la sécurité routière, elles s’inscrivent dans le cadre de la politique gouvernementale de lutte contre la violence routière.
Elles sont destinées à sensibiliser les citoyens non seulement aux règles de la conduite et aux dangers de la route, mais aussi aux partenariats entre les différents acteurs : Etat, Collectivité, compagnie d’assurances, associations, auto-écoles, concessionnaires réunis autour de ces problématiques du territoire.
« Cette matinée est un point de départ pour partir sur une nouvelle dynamique sur la sécurité routière», a déclaré le préfet. Bien que le nombre d’accidents corporels et de blessés ait diminué cette année tout en restant «fragile », le nombre de décès reste le même, soit 5 morts, convient le préfet, Vincent Berton. « Nous déplorons encore les mauvais comportements de certains usagers qui n’évoluent pas dans le bons sens», a-t-il ajouté. «Comment faire en sorte d’aller murer ces comportements ?» s’est interrogé le représentant de l’Etat.
Bernadette Davis, vice-présidente de la Collectivité, a souligné l’importance de créer «une dynamique commune» afin de mettre en place les outils d’accompagnement nécessaires et inciter tous les citoyens à se comporter de manière appropriée.
Xavier Sicot, le procureur de la république de Basse-Terre, a souhaité faire ce déplacement pour ces assises qu’il juge «importantes», c’est un sujet qu’il suit de très près notamment en Guadeloupe et dans les îles du nord.
Les accidents de la circulation entraînent des blessures, parfois graves voire mortelles. Souvent, ils sont provoqués par des comportements liés à la vitesse excessive, consommation d’alcool ou autres que le procureur considère être de la «délinquance routière», «une réalité», dit-il. Une réalité qui doit cesser convient-il. «Ces jeunes doivent comprendre qu’ils ne sont pas seuls dans cette société, sur les routes. La répression c’est trop tard. Nous devons agir maintenant», a-t-il ajouté.
«Cinq personnes sont décédées à Basse-Terre le mois dernier, souvent des jeunes, des familles submergées par la colère, le chagrin et l’incompréhension. Nous prenons toutes ces souffrances en pleine figure lors des audiences», a confié Xavier Sicot. « La réalité du moment nous rappelle qu’il ne faut jamais lâcher cette sensibilisation, il faut répéter et répéter. Il y a une réelle volonté de pédagogie que ce soit pour la gendarmerie lors de leurs interventions ou encore au tribunal lors des audiences », a soutenu le procureur.
Dès lors, le représentant du ministère public estime qu’il est nécessaire que cette sensibilisation passe par l’Education nationale, auprès des plus jeunes notamment, afin d’encourager un meilleur comportement et une meilleure réflexion. « Plusieurs heures doivent être consacrées à la sécurité routière sur l’éducation civique », dit-il en s’adressant à Harry Christophe, représentant vice-recteur des îles du nord.
Il a également demandé au représentant de l’Education nationale, de se rapprocher de son parquet afin que les jeunes puissent assister aux audiences sur des faits tels que les accidents de la route, entrave au code de la route, afin de les sensibiliser davantage. Une proposition approuvée par Harry Christophe.
En effet, les affaires d’accidents de la circulation impliquant des accidents corporels ou des infractions au code de la route sont assez fréquentes. Les auteurs condamnés pour conduite sans permis, se justifient par le fait que l’examen du permis est « couteux ».
Face à cela, certaines auto-écoles proposent des solutions adaptées à ceux qui n’ont pas les moyens de payer le permis en offrant des heures de conduites.
Le préfet a en effet rappelé le rôle des auto-écoles et des concessionnaires en tant qu’acteurs clés sur la sécurité routière. « On ne fera pas tout, tout seul, il faut que chacun y participe ».
Evelyne Fleming chargé de mission auprès du vice-recteur, Harry Christophe a tenu un discours fort sur les dangers que produisent ces usagers à bord de leurs motos ou scooter, qui slaloment entre les voitures sans casque et à une vitesse importante, d’autres en shilling en pleine voie publique. «Nous sommes sur une petite île, que des parents ne me disent pas qu’ils ne savent pas que leur enfant est sans casque dans la rue en train de se mettre en danger et de mettre aussi la vie des autres en danger », confie-t-elle.
Pour alimenter ces assises, trois tables rondes ont été organisées sur divers sujets afin de sensibiliser davantage le grand public au caractère dramatique de la situation. Corinne Escalpez, experte à la sécurité routière estime qu’il faut agir sur la formation et l’information pour faire émerger une culture sur la sécurité routière et impliquer tous les acteurs pour assurer un meilleur encadrement des conducteurs et prévenir les risques routiers. « Une fois l’obtention du permis de conduire il n’y a plus de contrôle ou de suivi après. Aujourd’hui les nouvelles cartes de permis de conduire sont renouvelables certes mais aucun examen ou formation n’est nécessaire pour savoir si la personne est toujours apte à avoir son permis de conduire », a-t-elle déclaré.
De son coté, la Collectivité a rappelé ses différentes actions, avec la participation de l’Etat, qu’elle réalisait pour sécuriser les routes en s’engageant sur le réseau routier et l’éclairage publics. Notamment une amélioration de visibilité et de lisibilité par des travaux de marquage au sol qui prendront fin au premier trimestre 2023 pour un coût de 1 million d’euros. Les travaux pour la signalétique, démarreront au second trimestre 2023 pour un coût de 200 000 €. Les travaux pour l’éclairage public et des bornes lumineuses seront engagés pour le second trimestre 2023 pour un coût de 12 millions d’euros.
La Collectivité va apporter également davantage de protection physique sur la sécurisation aux abords des écoles avec une mise en place de barrières de sécurité et de garde-corps avec des couleurs voyantes, le fonctionnement de la RN7 sur le secteur de la zone Hope Hill et la rénovation du réseau routier à hauteur de 4,5 millions de travaux.
Elle a aussi pour projet d’instaurer un règlement de voirie et un autre de mise en place d’une fourrière automobile car même si les gendarmes parviennent à saisir les scooter/motos ou les véhicules ; l’absence de fourrière pose difficulté.
Enfin, plusieurs pistes ont été suggérées par différents intervenants présents lors des assises. Notamment une piste cyclable, casques customisés afin d’inciter davantage à leur port, un terrain dédié pour les motos afin que les jeunes puissent s’y rendre pour exprimer leur « talent » comme le soutenait le préfet. Le covoiturage également a été un point abordé pour offrir des moyens de circuler en sécurité aussi bien aux piétons, qu’aux cyclistes, motards, voitures.
L’essentiel de ces assises de la sécurité routière est que chaque citoyen, conducteur, piéton, motard, cycliste prenne pleinement connaissance des règles réglementaires régissant l’esprit d’une conduite saine. «Nous ne sommes pas seuls sur la route car notre sécurité ne dépend pas seulement de nous-mêmes mais aussi celles des autres », ont rappelé les acteurs.