Délinquance : 2022 a été "une année en demi-teinte"
2022 a été «une année en demi-teinte avec des chiffres encourageants mais également des éléments de préoccupations, à commencer par une augmentation nette de l’atteinte volontaire à l’intégrité physique», a commenté hier Vincent Berton, préfet de Saint-Martin, lors d’une conférence de presse en préfecture pour dresser un bilan de la délinquance en 2022 en présence du procureur de Basse Terre, Xavier Sicot.
L’année dernière, 911 faits ont été enregistrés contre 770 en 2021, soit 2,5 fois plus que la moyenne nationale. Un contexte «préoccupant pour le territoire», entend le préfet. Cependant le nombre d’homicides a légèrement diminué : avec 3 contre 5 en 2021. «Mais rapportés au territoire, les chiffres sont extrêmement importants », convient le préfet. En 2022, les forces de l’ordre ont recensé 25 tentatives d'homicide, 320 faits de violences intrafamiliales, et 61 violences sexuelles, contre 41 en 2021.
Concernant les violences sexuelles, conjugales, ces chiffres «répondent aux plaintes déposées par les victimes, elles sont à relativiser et peuvent refléter une certaine liberté d’expression, ce qui reste positif», précise Vincent Berton.
Quant aux atteintes des biens, le territoire est sur «la même dynamique de hausse » avec 1367 faits confirmés contre 1119 en 2021, soit 1,3 fois plus que la moyenne nationale. Le vol à main armée (VAMA) est une préoccupation majeure sur l’île : 78 vols avec une arme à feu ont été perpétrés contre 47 en 2021, 6 avec une arme blanche contre 2 l’année précédente, soit une augmentation de plus de 71,43 %. 42 des 78 enquêtes liées aux VAMA ont été élucidées, a précisé le procureur. «D’autres le seront prochainement», a-t-il ajouté.
Les chiffres relatifs aux cambriolages sont «un peu plus encourageants» : 120 faits ont été enregistrés contre 131 en 2021.
En revanche les vols de voitures ont largement augmenté : 343 vols constatés « ce qui est énorme » contre 231 l’année précédente.
«Une activité très soutenue sur le territoire»
Selon le procureur Xavier Sicot, parmi les différentes thématiques soulevées par le préfet « il n’y a pas grand chose de nouveau sous le soleil de Saint-Martin. Nous ne sommes pas pires ni mieux », a-t-il déclaré. Il convient cependant que des thématiques suscitent davantage d’inquiétude, notamment celles liées aux armes. «Une activité très soutenue sur ce territoire, qui laisse penser à une dérive difficile à réguler», conçoit le procureur.
Maxime Wintzer, lieutenant-colonel de la gendarmerie, a indiqué que 22 armes (dont 3 fusils à pompe) ont été saisies dans le cadre de procédures judiciaires en 2022. 15 autres armes ont été confisquées dans le cadre d’affaires administratives.
Pour le représentant du ministère public, une réponse ferme doit être apportée : «les détenteurs d’armes de catégorie A ou B sans autorisation seront immédiatement amenés devant le tribunal et condamnés à une peine d’emprisonnement, sous la forme de la comparution immédiate. Et ce, même si ces personnes ne sont pas connues des services de la gendarmerie », a-t-il affirmé.
Enfin, Vincent Berton souhaite renforcer les moyens et la présence des forces de sécurité sur le territoire par un travail plus intensif sur le terrain en 2023. Le service douanier fait également partie de ce renforcement avec trois douaniers supplémentaires. Le préfet a aussi évoqué l’installation d’une brigade de gendarmerie à Quartier d’Orléans.
D’autres actions en partenariat vont être relancées comme le renforcement du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) à l’initiative de la collectivité ou du comité territorial anti-fraude (COTAF). « Ce comité consiste à faire participer les acteurs administratifs aux actions de contrôle et de répression de la délinquance dont les victimes sont : les personnes non déclarées et donc non protégées et l’ensemble de la collectivité à travers les taxes non récoltées », explique-t-il.
Sécurité routière et stupéfiants
Le taux d’accident est «très élevé ». En 2022, quatre personnes sont décédées sur les routes de Saint-Martin, essentiellement des conducteurs de deux-roues. 21 accidents corporels se sont produits, 19 personnes ont été blessées dont 10 ont été hospitalisées.
Sur l’année 2021, les forces de l’ordre avaient comptabilisé 42 accidents. « Bien que ces chiffres soient encourageants ils restent fragiles, les comportements à l’origine de ces sinistres ne montrent pas d’amélioration des facteurs comme la vitesse excessive ou encore les addictions », déplore Vincent Berton. Un point sur lequel les services de l’Etat continueront de travailler en 2023.
Lors des premières assises de la sécurité routière en décembre dernier, le procureur avait proposé au représentant de l’Education Nationale, Harry Christophe de se rapprocher de son parquet afin que les jeunes puissent assister aux audiences pour les sensibiliser dès le plus jeune âge aux faits tels qu’accident de route, entrave au code de la route etc. Lors de la conférence de presse, il a réitéré sa volonté. « La politique pénale va continuer fortement sur ce sujet », soutient-il.