12.04.2023

Art for Science Care : " l’art est utilisé en tant que médiateur entre le soigné et le soignant"

Art for Science lançait officiellement hier le dispositif Art for Science Care à Saint-Martin (AFSC), après un premier événement le mois dernier au centre hospitalier Diaconess Croix Saint-Simon à Paris. Pour rappel, Art for Science est une ONG basée à Saint-Martin. Art for Science Care est le nom du programme mis en place hier à travers l’installation de répliques d’œuvres d’art en collaboration avec lhôpital Louis-Constant Fleming et lEhpadBethany Home. Il vise à sensibiliser aux bienfaits de l’art sur le cerveau, stimuler le cerveau et engager une nouvelle approche entre patients-soignants.

L’association a fourni et installé cent quarante-neuf répliques d’œuvres d’art dans les couloirs des services psychiatrie, pédiatrie, oncologie avec le salon de famille et le service chirurgie. Il a pour but d’adoucir l’hospitalisation des patients et ainsi participer à leur rétablissement.

Ces premières répliques d’œuvres sont celles des artistes de l’hexagone de la communauté d’Art for Science. Elles sont exposées pendant six mois dans les services sous forme de galerie. Dans six mois, elles seront remplacées par celles des artistes saint-martinois. L’idée est que les répliques des artistes voyagent. Art for Science compte aujourd’hui« 32 artistes en France, 14 à Saint-Martin et 4 à New York ».

«Le programme AFSC sadresse à la fois aux patients et au personnels soignants», souligne Mélanie Dal Gobbo, co-fondatrice dArt for Science.«Les soignants ont à leur disposition un nouvel outil de travail. À travers l’art, ils peuvent réduire la douleur des patients et également améliorer les relations humaines», déclare Mélanie Dal Gobbo.

Ce programme est un moyen d'échanger sur de nouveaux sujets loin des conversations « classiques » axées sur les soins et de créer des liens entre les patients et les professionnels qui les accompagnent. « Pendant que le soignant réalise son acte de soin, il peut détourner l’attention de la douleur du patient en discutant de l’œuvre choisi par celui-ci », explique la co-fondatrice d’Art for Science.

« Les soignés sont invités à venir vivre librement cette expérience et à choisir l’œuvre ou les œuvres qui les attirent ou stimulent, pour l’accrocher dans leur chambre et la contempler. En quelques secondes, le cerveau donne une impulsion s’il apprécie ou non l’œuvre », déclare Tania Portas, chargée de mécénat et de partenariat Art for Science.

Parmi les œuvres installées, il y a de l’art abstrait et concret. Mais « l’art qui stimule le plus est l’abstrait », convient Mélanie Dal Gobbo. « Lorsque le patient installe l’œuvre qui lui plaît dans sa chambre, deux questions sont posées : quelles sont toutes les choses que je vois dans cette œuvre ? Qu’est-ce que j’aime dans cette œuvre ? Et en dessous est inscrit, discutez de celle-ci avec vos proches et l’équipe soignante, car ils ne verront peut-être pas la même chose que vous », précise la co-fondatrice d’Art for Science.

Ces deux questions vont faire fonctionner l’intelligence émotionnelle et rationnelle des personnes médicalisées qui vont permettre de stimuler activement leurs connexions neuronales.

Pourquoi le stimuler ? Car face à une œuvre d’art qui nous plait notre cerveau est totalement animée et il sécrète un certain nombre d’hormones dont la dopamine qui permet de lutter contre la douleur, l’anxiété et améliorer son moral voire repousser sa maladie. La contemplation d’œuvre d’art repousse par exemple la maladie d’Alzheimer.

Par conséquent, les malades trouveront dans leur panel de soin par le biais de l’art, un accompagnement dans leurs maladies, permettant de nouvelles interactions avec l’ensemble de la communauté hospitalière qu’ils côtoient quotidiennement.

Art for Science Care a créé un véritable «engouement» auprès des cadres de santé de Saint-Martin, indique Christelle Nerzic, directrice de soin à l’hôpital Louis-Constant Fleming. « Lorsque Mélanie nous a présenté la philosophie d’Art for Science, j’ai été immédiatement séduite, ça a été un coup de cœur », confie Christelle Nerzic.

Selon elle, ce dispositif est une innovation de soin dans lequel l’art est utilisé en tant que médiateur entre le soigné et le soignant. « Cest une rencontre, un échange à travers lart qui va permettre aux résidentsde l’Ehpad et aux patients de retrouver leur place en tant qu’individu », déclare la directrice de soin. « Le patient n’est plus défini qu’à sa pathologie. Il peut transmettre des opinions, des goûts, des émotions avec le personnel médical autour dun support commun, l’art », conclut-elle.

Les répliques sont imprimées sur un papier plume. C’est un support en mousse aérien non dangereux pour les patients, qui s’accrochent et se décrochent facilement grâce à un système de scratch. Ainsi, le patient même affaibli par sa santé à la possibilité dembarquer lœuvre dans sa chambre.

« Toutes les répliques d’œuvres d’art sont offertes aux hôpitaux et à l’Ehpad. Tania se charge d’aller chercher des mécènes qui nous aident à financer tous les programmes que nous mettons en place », précise Mélanie Dal Gobbo.

Art For Science Care a poursuivi son déploiement hier après-midi à l’Ehpad de Saint-Martin, le premier établissement médicalisé à en bénéficier. Trente-huit répliques ont été installées.

Le 27 avril, Saint-Barthélemy accueillera également le programme AFSC.

Siya TOURE