Les autorités se mobilisent pour lutter contre l'insécurité routière
En décembre dernier, les premières assises de la sécurité routière se sont tenues à Saint-Martin, en présence de plusieurs acteurs de la prévention routière ayant la mission et objectif de lutter contre les comportements à risques sur les routes. Les principaux acteurs se sont retrouvés mercredi lors d’une conférence de presse afin de faire un point sur les mesures prévues.
Pendant tout le mois de mai, la population pourra contribuer en donnant son avis via une boîte à idées mise à disposition sur le site de la préfecture. Ces idées contribueront à l’élaboration d’un plan d’actions sur la sécurité routière à la fin du premier semestre de cette année, a indiqué Vincent Berton, préfet.
«Depuis vingt ans, Saint-Martin connait une grande stabilité en matière d’accidents de la route», débute le préfet. «Il n’y a pas de baisse significative, même si 2022 a été une bonne année en termes de résultats avec une diminution du nombre d’accidents et de blessés», déclare-t-il. Pour autant, cela reste «fragile». «Le début de l’année 2023 a été meurtrier sur les routes avec trois décès. Ce qui montre clairement une permanence de comportements à risques», ajoute le représentant de l’Etat.
« Les 25-64 ans sont les plus impliqués majoritairement dans les accidents de la route, mais avec un nombre important de jeunes âgés entre 18 et 24 ans souvent sur les deux roues », précise le préfet. Ils sont fréquemment exposés à des problèmes de comportements à risques majeurs, souvent associés à l’abus d’alcool, de stupéfiants, aux rodéos en moto dangereux, au non-port des équipements de sécurité (casque), à une vitesse excessive, l’usage du téléphone etc. «En 2022, tous les accidents mortels, soit cinq, ont concernés des deux roues avec la présence importante de stupéfiants et d’alcool», poursuit Vincent Berton qui précise la mise en place d’une équipe mobile de prévention et la mobilisation d’un addictologue de manière systématique au centre hospitalier à chaque admission de blessés.
Par ailleurs, la gendarmerie est fortement présente sur le terrain depuis le début de l’année. « Cela aurait très logiquement dû au moins s’accompagner d’une stabilisation des délits par rapport à 2022, mais cela n’a pas été le cas », déclare François Deneufgermain, capitaine de la gendarmerie. « L’activité de la sécurité routière a augmenté de 44%. Les infractions routières ont augmenté de 112% et les infraction graves génératrices d’accident de 100%», complète-t-il.
La gendarmerie a constaté « 133 conduites sans permis depuis ce début de l’année comparativement à 58 durant la même période l’année dernière ». Des chiffres qui peuvent être expliqués par le taux d’échec important au code de la route, soit 84% en 2022, rappelle le préfet. Selon lui, cette réalité est en partie « liée au manque de la maîtrise de la langue française, ce qui engendre un nombre important de conduites sans permis.Selon le préfet délégué des îles du nord, les infrastructures et la signalétique routière doivent être cohérentes pour mieux inciter les usagers de la route à respecter les règles. En ce sens, les services techniques de la Collectivité ont entamé ces derniers jours des travaux de marquage au sol du réseau routier.
Face à ce constat alarmant, l’Etat, la Collectivité et leurs différents partenaires (associations, monde de l’entreprise etc.) établissent plusieurs axes d’actions pour lutter contre l’insécurité routière par la prévention, la sensibilisation et l’éducation.
Le préfet a annoncé que davantage de contrôles et de sanctions auraient lieu sur le territoire, notamment à l’égard de ceux qui téléphonent en conduisant. Ces comportements sont « extrêmement réprimés, en hausse de 136 % depuis le début de l’année», indique le capitaine de la gendarmerie. La vitesse sera également contrôlée ainsi que le taux d’alcool des automobilistes et pilotes de deux-roues.
Pour autant, « il ne s’agit pas de verbaliser pour verbaliser », assure le capitaine mais de «repérer des infractions graves génératrices d’accident, comme également le non-port de la ceinture de sécurité ou du casque, que l’on peut mettre «au sommet de la pyramide des infractions car nous pouvons vivre sans un membre, mais plus lorsque la tête éclate sur le bitume», poursuit le capitaine.
L’Etat envisage de mettre en place un pilotage de la politique de la sécurité routière avec l’aide de l’observatoire départemental en lien avec la Guadeloupe. Elle vise à rendre plus responsables les usagers vis-à-vis d'eux-mêmes (comportement de se protéger soi-même) et vis-à-vis des autres (comportement de protéger les autres).
Saint-Martin disposera prochainement d’une fourrière automobile, a annoncé le préfet. « La Collectivité de Saint-Martin va mettre à disposition une fourrière provisoire sur le port de Galisbay avant le lancement d’un marché pour installer ce service public de manière pérenne », indique-t-il.
Sensibilisation, prévention, éducation
Aujourd’hui, l’association SXM sécurité routière présidée par Thierry Verres en partenariat avec l’Education Nationale, continue à oeuvrer dans la prévention et la sensibilisation par l’éducation dans l’ensemble des écoles primaires du ce2 jusqu’au cm2. « Désormais, les élèves de Cm2 passent l’attestation de première éducation à la route. Depuis 2022, il y a eu une évolution. En plus de cette attestation, vient se greffer le savoir rouler (à vélo). Les élèves qui, jusqu’à maintenant étaient formés sur un plateau au sein de l’école, vont devoir circuler dans le cycle urbain, en étant encadrés pour être formés sur l’aspect pratique », explique Bruno Ravier, représentant de l’association.
L’association intervient aussi dans les collèges et lycées avec divers outils tels que des simulateurs de deux-roues. SXM sécurité routière propose un plateau d’addictologie afin que les élèves se rendent compte des effets négatifs des stupéfiants, alcool etc. « Nous mettons en place également l’intervention de grands témoins touchés par les accidents de la route dans les établissements scolaires », poursuit Bruno Ravier.
« L’Education nationale prévoit la réalisation d’une charte du bon comportement routier aux abords des établissements scolaires qui servira d’outil pédagogique destiné aux classes de cinquième dans chaque collège », précise Andy Armongon, représentant de l’éducation nationale.
L’insécurité routière est « l’affaire de tous, « un travail de longue haleine » sur plusieurs années convient Vincent Berton. Cependant, c’est ensemble « que nous lutterons contre les comportements à risques par une forte mobilisation et sensibilisation de chacun ».