Retour sur la conférence-exposition d’Art for Science
Samedi 15 avril à la CCISM, l’association Art for Science a clôturé la semaine des artistes lors d’une conférence-exposition dans le cadre de la journée mondiale de l’art, avec la présence pour la première fois de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) représentée par Isabelle Wachsmuth. Près de 150 personnes y ont participé.
Cet évènement a été l’occasion de présenter les bienfaits de l'art sur la santé, le bien-grandir, le bien-guérir, le bien-vieillir. Le public a pu découvrir et observer les expositions des 14 artistes saint-martinois qui ont rejoint la communauté d’Art for Science: Corrina et Norma Trimborn, Wilfrid Moizan, Raphaël Novella, Mash, Claudio Arnell, Alexandra Viotty, Nathalie Lepine, Agnès Etchegoyen, Alexis Melchoir, Cindlab. Les photographies et tableaux exposés sont en lien avec le cerveau et son fonctionnement à travers l’art. 25% des fonds récoltés par Art for Sciences grâce aux œuvres d’art réalisées, sont reversés aux chercheurs neuroscientifiques pour encourager le progrès médical.
« L’art peut enrichir le monde et lui donner une voix »
Isabelle Wachsmuth a présenté en début de conférence l’histoire de l’art sur la santé comme une discipline. Tout commence entre les années 1930 et 1960 aux Etats-Unis d’après la représentante de l’OMS. « L’art est utilisé pour promouvoir la santé notamment par les thérapeutes en arts créatifs », indique-t-elle. « Ceux-ci sont des professionnels de la santé mentale ou du conseil qui utilisent des méthodes distinctes basées sur les arts et des processus créatifs dans le but d’améliorer le handicap, la maladie et d’optimiser la santé et le bien-être », d’après le national coalition of creative arts therapies associations, précise-t-elle.
Différentes actions et initiatives artistiques sont utilisées dans le monde pour soutenir l’art en santé. Exemple concret du « living museum », il y en a plus de 40 dans le monde entier. « Ce sont des espaces libres où chacun peut venir créer toute la journée. C’est un lieu où chacun rencontre d’autres patients. Une communauté se crée entre eux car ils se comprennent et peuvent complètement et librement s’exprimer. Chacun est vu à travers son humanité, sa créativité, personne n’est catalogué », explique Isabelle Wachsmuth.
Différentes actions et initiatives artistiques sont utilisées dans le monde pour contribuer à améliorer la santé dans plusieurs domaines, notamment la maladie, la réhabilitation et handicap, la violence, le deuil etc.
La conférence s’est poursuivie par l’intervention de Chloé Germentier en visio-conférence depuis Montréal afin de présenter le projet culturel Mozaik né en 2017. C’est un magazine qui présente des articles et illustrations réalisés par des patients atteints de maladies mentales graves et psychiques. « Mozaik est le petit frère de Citad’elles, premier magazine réalisé par des femmes détenues en longues peines à la prison de Rennes. L’idée est de leur permettre de reprendre confiance en elles et de s’ouvrir sur le monde et de se retrouver créatrices, elles-mêmes », explique Chloé Germentier. Elle a accompagné ses patients dans leur travail au cours de huit ateliers au sein de l’hôpital psychiatrique de Montréal afin qu’ils deviennent des rédacteurs et rédactrices malgré leur enfermement, leurs pathologies et leurs passés.
« On ouvre une fenêtre pour ces personnes enfermées, qui ont accès à peu d’activités », confie Chloé Germentier. « Lorsque l’on renforce leur créativité, on ne les réduit pas à des patients car ils avaient la possibilité tout au long des ateliers proposés, d’exister différemment » complète-elle.
Ensuite, Valentina Vento, historienne de l’art et passionnée de son métier, a fait voyager le public dans la vie d’artistes de renom tels que Vincent Van Gogh, Monet ou encore Frida Kahlo. Selon Valentina Vento, Frida Kahlo a changé la position de la femme dans la société par l’art. « La peinture était sa bouée de sauvetage », indique-t-elle.
Enfin, la conférence a touché à sa fin avec un poème écrit par Vincent Berton, préfet délégué des îles du nord. « Art pour la science, art pour les sens. Essence de l’âme qui nous proclame. Vivant et valdinguant au fil des alizés. Caressant notre pysche secrète et impensée. Comme une glaise. Immaculée ».
Selon Fabien Sésé, secrétaire général de la préfecture des îles du nord, cette conférence a «conforté que l’art est un bénéfice sur (notre) santé et qu’elle ouvre plusieurs chemins ». Pour la présidente de la CCISM, Angèle Dormoy, cette semaine a été «extraordinaire et de qualité par la présence de la maison des artistes et de l’OMS ».
Après la conférence, le public a continué à interagir avec les artistes présents, sur leurs œuvres. Après l’évènement du 15 avril, Art for Science a poursuivi tout le long de la semaine des masterclass sur la santé, l’éducation, mécénat et l’addiction, toujours avec la présence d’Isabelle Wachsmuth.