Saur et l'ASL de la Baie orientale toujours en conflit, les abonnés encore sans eau
L’enjeu se chiffre en milliers, voire en millions d’euros, ceux du coût de la réfection du réseau de distribution d’eau potable au sein du lotissement privé de la Baie orientale. Depuis des années, le mauvais état de ce réseau est dénoncé. L’établissement des eaux et de l’assainissement (EEASM) et les sociétés délégataires de distribution (Générale des Eaux et aujourd’hui Saur) ne cessent de rappeler aux riverains regroupés au sein d’une ASL (association syndicat libre) l’urgence à rénover le réseau. Si l’ASL ne nie pas les travaux, elle dénonce en revanche sa responsabilité à les réaliser. Le litige dure depuis plus de dix ans.
En 2013, la Générale des Eaux avait suspendu la distribution rue des Amers où de grosses fuites avaient été observées, ce qui avait créé un tollé général. Un référé avait permis le rétablissement de l’alimentation en eau mais le fond du problème n’avait pas été réglé.
En 2015, la présidente de la COM, Aline Hanson, avait mis en demeure l’ASL «d’assurer, par tout moyen, la résorption des atteintes à la sûreté, à la sécurité et la salubrité publiques causés par ses réseaux d’eau potable et d’assainissement défaillants dans un délai de trois mois et de justifier auprès de la collectivité des démarches engagées à cette fin».
Quelques mois plus tard, l’ASL avait alors saisi le tribunal administratif de Saint-Martin pour faire annuler la décision. En juin 2016, le tribunal indique que les travaux sont du ressort des copropriétaires et non de l’EEASM ou de la société délégataire. L’ASL fait appel de la décision mais la cour d’appel administrative de Bordeaux confirmera la décision du tribunal de Saint-Martin.Depuis aucun programme important de rénovation du réseau n’a été entrepris et les fuites persistent selon Saur. De manière fréquente dans ses communiqués de presse, Saur estime que ces fuites pèsent sur la production et la distribution de l’eau ; en clair, s’il n’y avait pas autant de fuites (et donc d’eu perdue), la distribution serait améliorée. Aussi la société suspend-elle régulièrement la distribution dans le lotissement.
Le 9 mai dernier, Saur a envoyé un courrier à l’ASL pour lui faire des conséquences des fuites observées : «Depuis plusieurs semaines, les équipes ont constaté une très forte augmentation des pertes en ligne sur le réseau privé du Parc de la Baie Orientale. Ces pertes quotidiennes d’eau potable dont le territoire a pourtant actuellement cruellement besoin sont évaluées à plus de 600 m3 (600 000 litres) par jour soit un peu moins de 10% de la capacité actuelle de production quotidienne. » Saur rappelle en outre qu’il apparaît que les instances de gestion des copropriétés [au Parc de la Baie orientale] cultivent, malgré les décisions de justice une dette, qui atteint aujourd’hui 2,8 millions d’euros ; dette qui grève fortement les capacités d’investissements de l’EEASM qui, sur ce montant, est collecteur des différentes taxes imputables au service public de l’eau ».
«Face à cette situation de tension qui pénalise l’ensemble des abonnés et surtout celles et ceux qui se situent en bout de réseau, Saur Saint-Martin se voit contrainte de réduire drastiquement la distribution d’eau potable sur le Parc de la Baie Orientale », a-t-elle annoncé.
Elle a aménagé «des plages horaires de distribution en cohérence avec les besoins des professionnels comme des abonnés particuliers ». Les riverains auront de l’eau au robinet de 6h à 8h, de 11h à 14h et de 17h à 22h.
«Ces mesures resteront en place tant que le volume de fuites sur ce réseau privé mettra en péril l’alimentation de la totalité du territoire », insiste la société qui « invite les instances de gestion des copropriétés à prendre l’exacte mesure de la situation et à cesser toutes manipulations sur le compteur général qui fera l'objet de relèves quotidiennes et aléatoires».
«En cette période de fortes chaleurs et de faibles pluies qui amènent les usagers de citerne à se reporter sur le réseau public d’alimentation en eau potable, il reste important que, collectivement et au bénéfice d’une distribution à tous, nous soyons vigilants quant à notre usage de la ressource et respections les mesures de restriction prises par arrêté du Président de la Collectivité et toujours en vigueur », déclare Mélissa Nicolas, la responsable territoriale de Saur.
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