À Saint-Barth, il agresse sexuellement son (ex) copine pendant son sommeil
Hier, un jeune homme d’une vingtaine d’années a comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour des faits d’agression sexuelle sur une jeune femme. L’audience s’est tenue sans la présence de la victime, elle n’était pas représentée par un avocat et n'avait pas souhaité se constituer partie civile.
Les faits se sont produits il y a deux ans, le 14 juin 2021 à Saint-Barthélemy. P.L [prévenu] et la victime se sont rencontrés quelques mois plus tôt sur le lieu de travail de P.L. Ils entretiennent une relation sentimentale pendant cinq mois, lui était «très épris de cette relation», décrivait la victime. Cependant, elle, ne souhaitait pas continuer cette relation n’étant pas prête à prendre des engagements à long terme et n’était pas disposée à poursuivre cette relation. Quelques semaines avant les faits, elle a accusé P.L de lui avoir transmis un herpès génital ce qui provoquera sa décision de ne plus avoir de rapport avec ce dernier.
Ce 14 juin 2021, P.L et la victime se retrouvent lors d’une soirée et s’échangent des messages. La jeune femme et lui prévoient de se revoir ultérieurement dans la soirée au domicile de la victime. « Il était prévu que je passe la voir chez elle et qu’elle laisse la porte-fenêtre ouverte », explique P.L au tribunal.
Cette nuit-là, lorsque P.L entre dans le domicile, il se glisse dans le lit de la victime qui s’est endormie, et s’endort à son tour. Puis, l’homme se réveille dans la nuit et commence à faire des actes sexuels sur la jeune femme car «il avait envie d’entreprendre une relation sexuelle», non seulement en lui touchant les parties génitales et en effectuant des pénétrations avec ses doigts. La jeune femme se réveille en sursaut et hurle, sa colocataire qui dormait dans la même pièce est réveillée par les cris.
L’alerte est donnée auprès des gendarmes, ils interviennent au domicile aux alentours de 4h. À leur arrivée, l’homme en question ne s’est pas enfui et la victime est en état de choc, elle accuse clairement P.L de l’avoir violée en répétant «mais qu’est-ce que tu as fait ? »
La jeune femme décide de porter plainte à l’encontre de l’homme après quelques hésitations au départ. Selon elle, à aucun moment elle n’était consciente de ce qu’il se passait, elle dormait. «Il a profité de moi», raconte-t-elle. Elle ajoutera s’être réveillée sous l’effet de la douleur.
Ce jeudi 15 juin au tribunal, comme il est souvent le cas dans ce type d’affaire, c’est la question du consentement qui se pose, notamment dans la mesure où il n’y a eu aucune interaction verbale ni physique avant l’acte qui indiquerait que la victime était consentante. Mais, le prévenu affirme qu'elle a montré des signes de conscience pendant l’acte. « Est-ce que c’était régulier avec [la jeune femme] d’avoir des relations sexuelles pendant son sommeil ? », demande la juge au prévenu. «Oui c’est arrivé plusieurs fois de se réveiller l’un et l’autre ainsi, sans même échanger un mot », répond-il.
La victime a adressé deux courriers au tribunal. Dans le premier, elle mentionne avoir passé de bons moments avec P.L tout en précisant ne pas souhaiter à cette période aller plus loin dans la relation et bien qu’elle le lui ait dit plusieurs fois, ce dernier n’acceptait pas la rupture d’après elle. «Je lui ai dit clairement mais c’était devenu presque obsessionnel ce refus », écrit-elle. «Cette nuit-là je n’ai pas eu le temps de réaliser ce qui se passait, j’étais en état de choc. Ce que je souhaite aujourd’hui c’est que plus personne ne souffre de cette histoire, notre vie a volé en éclats», ajoute-elle.
Dans son second courrier elle déclare : « je me rends compte aujourd’hui que P.L n’a pas réagi avec la volonté de me faire du mal mais sous l’emprise de sentiments et sans réellement avoir conscience que je dormais», confie-t-elle. « Mon état de choc a été provoqué par la surprise en sentant la présence d’un homme chez moi et dans mon lit car je n’ai pas réalisé tout de suite que c’était lui. J’ai réagi de façon impulsive et sous le choc mais avec le recul, cette situation a été trop loin selon moi et je regrette d’avoir invité la justice», complète-t-elle. Elle demande au tribunal de prononcer un non-lieu à l’encontre du jeune homme, auquel cas la levée de l’interdiction d’entrer en contact avec ce dernier.
La victime a tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec le prévenu après les faits. Surprenant pour l’avocat de la défense. Selon lui, l’attitude de la jeune femme est éloignée des victimes de viol, d’agression sexuelle. «Ces victimes sont tétanisées à l’idée de revoir leur bourreau, ce qui ne se passe pas dans ce dossier car elle tente de rentrer en contact avec le prévenu avec une multitude d’appels manqués, multitude de messages, des lettres déposées sur son scooter lui donnant des rendez-vous », ajoute l’avocat.
Pour ce dernier, sur les faits, il faut s’appuyer sur la surprise du geste qui ne doit pas permettre de juger s’il y a eu défaut du consentement. « Mon client n’a pas un profil de prédateur sexuel et n’a pas tenté de fuir face à la situation », rappelle-t-il. En ce sens, il demande la relaxe de son client car «ce dossier s’écarte de ce que nous pouvons connaitre. La victime s’est désintéressée de cette affaire, de ce procès. Elle désire même un non-lieu pour mon client», conclut-il.
Selon le ministère public, la relation était «ambiguë» entre les deux individus. «La victime reprend conscience de son corps lorsqu’elle est réveillée par les actes sexuels de P.L», dit-il. «Il aurait dû avoir conscience des circonstances de la situation car lorsque l’on rentre chez quelqu’un de nuit, même si c’est sa compagne et que l’on a ce type d’acte, on doit s’assurer du consentement de la personne», souligne le vice-procureur. Ainsi, il demande à entrer en voie de condamnation et requiert une peine de huit mois d’emprisonnement avec sursis.
Le délibéré sera rendu le 22 juin.