L'État crée un groupement d'intérêt public afin de porter des actions de prévention aux risques requins
C’est la première fois que cela arrivait à Saint-Martin et dans les Antilles françaises, une personne attaquée mortellement par un requin tigre à la Baie Orientale en décembre 2020. Un mois plus tard, une autre femme est victime d’une morsure par le même requin à Saint-Kitts-et-Nevis, l'ADN du requin «a été retrouvé dans les plaies des deux victimes », déclare Hadrien Biedenbach, chargé de mission du projet one Shark et biologiste marin.
Dans ce contexte, l’État a décidé de porter un projet de prévention, de formation et d’amélioration de la connaissance du risque requin dans les eaux saint-martinoises en prévoyant une enveloppe de 500 000€. Ainsi, c’est à cette époque que l’État s’est rapproché d’Éric Clua, vétérinaire français et chercheur en biologie marine basé en Polynésie Française pour apporter une proposition d’action pour traiter ce risque requin.
«Même si la menace d’attaques de requin est limitée dans les Antilles, pour autant, il y a des requins dans nos eaux, notamment des requins tigres avec des attaques de manière ponctuelle certes mais que l’on ne peut pas ignorer », déclare Vincent Berton, préfet délégué des îles du nord lors d’une conférence de presse ce mercredi.
À cet effet, les autorités locales ont lancé un appel à projet afin de sécuriser l’économie bleue à court terme tout en protégeant les eaux de Saint-Martin des risques requins dans le cadre des activités nautiques, tout en ayant un impact minimum sur l’écologie des requins créant ainsi les bases du groupement d’intérêt public (GIP) One Shark SXM. Le préfet assure qu’il ne s’agit pas de faire paniquer la population. Le GIP consiste à mener des actions de prévention sans pour autant surestimer la menace de l’attaque requin et nuire à l’attractivité du territoire en dissuadant les touristes. Le but recherché est de positiver la perception et la prévention du risque par le public.
Les prérogatives du GIP se structurent autour d’un volet institutionnel basé sur l’émergence et la fonctionnalité d’une personnalité morale multilatérale dédiée à la gestion du risque requin, la mise en place de mesures préventives par le biais d’informations notamment par un projet de travail d’affiche en concertation avec l’office du tourisme sur les bords des plages. « Ces affiches auront une approche pédagogique et ne seront pas dans une approche alarmiste, bien au contraire», rappelle Vincent Berton.
Le groupement d’intérêt public portera aussi sur un volet de formation au premier secours avec une mise à disposition du kit de premiers secours. « Lorsqu’il y a une attaque de requin, le seul moyen de réagir est de poser un garrot pour stopper l’hémorragie. «L’objectif est que les professionnels de la mer aient accès à un kit de secours », explique le préfet.
Le GIP a aussi pour vocation l’amélioration de la perception du risque à destination des professionnels et des usagers de la mer, la mise en œuvre d’un volet scientifique visant à une meilleure compréhension des risques, et un volet technique basé sur une veille scientifique [suivi des animaux] à l’échelle locale puis régionale.
«Notre stratégie consiste à mettre en œuvre des pêches non létales, à la suite de la morsure fatale de décembre 2020, et à développer aujourd’hui la stratégie reposant sur le profilage génétique individuel des requins (PROGENIR) pour retrouver l’individu à problème, extrêmement rare, qui a tué la nageuse à Saint-Martin et a quasiment tué la nageuse de Saint-Kitts un mois plus tard, à 85 km du lieu de la première morsure », indique la préfecture.
En ce sens, Saint-Martin fait office de précurseur pour tester des approches potentiellement plus efficaces et respectueuses de l’environnement et capables d’éviter une crise requin catastrophique sur le plan économique insulaire directement dépendant du tourisme balnéaire.
Par ailleurs, le projet proposé apparaît «comme un atout majeur et incontournable afin d’apporter un complément d’informations crucial en permettant l’évaluation de la taille de la population de requins tigre et l’obtention d'informations sur leur écologie comportementale (déplacements, temps de résidence, etc)», poursuit la préfecture.
Ce GIP est constitué par les services de la préfecture, la Réserve naturelle de Saint-Martin, l’ordre des médecins, l’association des métiers de la mer (Métimer) et une association de syndicat des pêches [Swali-Fishermen].
Enfin, le préfet invite tous les acteurs qui le souhaite à rejoindre ce groupement d’intérêt public afin de porter des actions aux risques requins. Il souhaite également donner une dimension internationale à ce GIP notamment avec les îles avoisinantes pour parfaire la connaissance de la menace d’attaque requin.
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