Alefpa-Le Manteau dispose désormais d'un centre d'hébergement d'urgence pour les hommes
Après un travail de longue haleine, le centre d’hébergement d’urgence (CHU) pour hommes mis en place par l’association Alefpa-Le Manteau et financé par l’État à hauteur de 125 000 € a ouvert ses portes le 5 juin.
La structure est composée d’une chambre avec quatre lits, une chambre de trois lits, une chambre de deux lits et une chambre avec un lit, soit un total de dix couchages ainsi que des salles de douches.
Le CHU a pour mission l’urgence sociale dont la compétence revient à l’État. L’établissement accueille des personnes majeures, sans solution d’hébergement.« Cela faisait longtemps que nous travaillions sur ce projet d’hébergement d’urgence pour les hommes car c’était vraiment un manque sur le territoire », déclare Audrey Gil, directrice de l’association Alefpa-Le Manteau lors d’une conférence de presse ce matin.
« En tant que professionnels, nous ressentions le besoin pour ceux qui étaient dans la rue car ils ne dorment pas la nuit, c’est dangereux. Ainsi, ils ne peuvent pas se reposer ce qui engendre du stress, de la colère, de l’agressivité », considère-t-elle.
En effet, le fait de pouvoir se reposer, dormir, s’alimenter et être en sécurité dans un lieu, permet à ces personnes « de baisser leur garde pour obtenir une meilleure réussite afin de s’insérer socialement. Ces derniers temps, nous observons un changement positif auprès de nos usagers notamment de l’ambiance au sein du centre », insiste Audrey Gil.
Cependant, être dans un centre d’hébergement d’urgence implique un règlement « strict» d’intérieur à respecter qui n’est pas toujours simple a assimiler au départ pour des personnes qui avaient l’habitude d’être « à la rue », « libres », « sans règles ». Des règles qu’elles finissent par apprécier notamment lorsqu’ils peuvent s’endormir en sécurité dans un lieu propre. Les portes de l’hébergement de nuit sont ouvertes entre 19h et 22h. L’extension des feux est de 22h à 22h30.
Les hébergements se font à la semaine à partir du lundi, « l’organisation est plus simple ainsi, mais nous restons un hébergement d’urgence, évidemment si en pleine semaine il y a besoin, le centre est accessible s’il y a de la place », précise la directrice de l’association. Depuis le 5 juin, le CHU est fréquenté entre 90-95%, « la typologie du public est assez variée, toutes nationalités confondues, avec une moyenne d’âge de 45 ans avec deux profils, des personnes âgées qui n’ont pas leur droit de retraite ouverte ou des personnes jeunes en rupture familiale », explique-t-elle.
Selon Vincent Berton, préfet délégué de Saint-Martin il était indispensable d’avoir un dispositif d’hébergement d’urgence également pour les hommes dans la mesure où eux aussi sont sujet à la précarité. En effet, par l’association le territoire dispose d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) pour les femmes qui comprend 12 places. Si le CHU est une première réponse à l’hébergement d’urgence pour les hommes, l’État et l’association souhaiteraient faire bénéficier aux hommes un CHRS, « un coût plus cher mais un travail social plus complet », estime le préfet.
Pour rappel, le CHU est en quelque sorte une étape qui précède le CHRS. L’admission en CHU se fait via le numéro d’urgence 115 dont la plateforme est en Guadeloupe mais le numéro est opérationnel à Saint-Martin tandis que l’entrée dans un CHRS se fait via une orientation des services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO), un entretien et par la signature d’un contrat de séjour avec le responsable du CHRS, géré par la Croix-Rouge.
Le CHU a pour vocation de répondre à une situation d'urgence en hébergeant des personnes sans-abri. « Le but premier est de sortir les gens de la rue, de les mettre à l’abri et ainsi d’enclencher un parcours de réinsertion par le logement puis par le travail. L’objectif est qu’ils redeviennent autonomes, qu’ils retrouvent une dignité d’eux-mêmes, etc. », déclare le représentant de l’État.
Enfin l’association attend la rénovation de ses locaux, pour laquelle « la Collectivité s’est engagée », indique Audrey Gil. « La collectivité mettrait à disposition l’ancienne croix-rouge et l’établissement des eaux de Fort Louis, ce qui nous permettrait d’avoir les centres d’hébergements hommes et femmes sur le même lieu et d’ouvrir d’autres pensions de famille », poursuit-elle.
Témoignage
Alexis Dosithee, 23 ans, issu de parents divorcés avec une situation familiale complexe, a souhaité témoigner de son expérience au sein du centre d’hébergement d’urgence. Celui qui fréquente les locaux de l’association depuis trois ans et qui a passé un peu plus d’an à dormir dans la rue est heureux de cette structure mise en place en faveur des hommes car il l’attendait « depuis longtemps » et qu’il peut enfin « dormir en sécurité ». La structure lui permet également de lui tenir un cadre et une « dignité » qui lui accorde une « meilleure insertion sociale ». Grâce à celle-ci, ce dernier a pour ambition dès le mois prochain d’intégrer le RSMA et de s’engager en tant que marin afin de servir son île.