08.11.2023

Lutte contre le moustique, vecteur de la dengue : "si chacun ne prend pas les mesures de précaution, c’est un combat illégal"

«Nous sommes actuellement au stade 2 du programme de surveillance d’alerte en gestion des épidémies de la dengue, ce qui correspond à un stade très épidémique», déclare Vincent Berton, préfet délégué des îles du nord lors d’une visio-conférence depuis Saint-Barthélemy avec la présence de Paul Guibert, délégué territorial de l'agence régionale de santé (ARS) sur les îles du nord. La dengue est ce que l’on appelle une maladie à vecteur (moustique tigre).

Il est possible que Saint-Martin et Saint-Barth connaissent un passage à un stade 3 épidémique estime le préfet. Ce stade 3 a pour objet de gérer dans les meilleures conditions les conséquences de l’épidémie et d’en atténuer les effets. «L’ARS est actuellement en responsabilité de la veille et des mesures de traitement de prévention de la dengue, au stade 3 elle passe le relais au préfet tout en restant expert du sujet », explique le représentant de l’État. 

Depuis quelques semaines les cas ressemblant à une dengue sont en croissance tant à Saint-Barthélémy qu’à Saint-Martin. «Nous avons relevé 31 cas la troisième semaine d'octobre, 55 et 70 cas les semaines suivantes sur Saint-Barthélemy. Il y a une évolution», constate Paul Guibert. « Tous ses cas ne sont pas tous des cas d’urgence, les deux hôpitaux restent peu impactés avec une dizaine de cas par semaine même si nous restons vigilants à cette possibilité », prévient-il. Si le délégué territorial de l’Ars n’a pas communiqué de chiffres précis pour Saint-Martin à cette même période, nous serions toutefois sur une dynamique similaire des cas.

D’après Santé Publique France, à Saint-Martin, 23 cas ont été confirmés durant la première semaine d'octobre contre 16 la semaine précédente dont 20 cas cliniquement évocateurs contre 50 auparavant. Deux passages aux urgences contre 4 la semaine précédente et 2 hospitalisations après passage aux urgences contre 2 auparavant.

La dengue peut avoir des effets «forts», notamment sur les personnes plus vulnérables, âgées, handicapés, nouveaux-nés, des publics qu’il faut surveiller, considère le délégué territorial de l’Ars, afin de lutter contre une montée des cas, la population doit rester vigilante en adoptant les bons gestes. 

Plusieurs mesures de démoustications sont effectuées sur les deux îles du nord par les agents de l’ARS et de la Collectivité, présents au quotidien sur le terrain, afin d’identifier les différents types de moustiques, par un travail de traitement biologique à travers l’implantation de petits poissons qui mangent les larves des moustiques. «Nous le faisons régulièrement sur les eaux stagnantes dans les espaces publics », confie Paul Guibert. 

Ces poissons sont à disposition de la population auprès des bureaux de l’ARS situé à Hope Estate. Cependant, ce n’est pas la réponse absolue à la lutte contre la dengue, insiste l’ARS. «Une vigilance humaine est nécessaire. Le poisson est un outil parmi d’autres mais ne remplace pas la vigilance de chacun», rappelle-t-elle.

Plusieurs recommandations doivent être adoptées, indique l’ARS. Évitez de laisser stagner de l’eau dans des seaux, bacs à plantes, bassines, gouttières. Aussi si vous ne pouvez pas vider certains contenants, comme des bassins de poissons, des récupérateurs d’eau ou si vous vivez à proximité d’un étang, pensez à utiliser une solution de préservation aquatique biodégradable aux propriétés larvicides pour stopper le développement des larves avant leur éclosion et d’empêcher les femelles de pondre. 

À l’intérieur, changez l’eau des fleurs une fois par semaine, et n’hésitez pas à équiper vos fenêtres de moustiquaires, en particulier dans les chambres où dorment de jeunes enfants. D’un point de vue vestimentaire, notamment le soir au crépuscule et le matin, l’idéal est de porter des vêtements légers, longs et amples pour éviter autant que possible les piqûres. Utilisez la climatisation le plus possible. L’utilisation de produits à base de citronnelle naturelle peut être utile et de pulvérisations d’insecticides contre les moustiques tropicaux, en étant raisonnable sur la quantité de produit utilisé.

Enfin, «malgré les actions des agents de la COM et de l’ARS si chacun ne prend pas les mesures de précaution, c’est un combat illégal», estime Paul Guibert. «Il faut que chacun se saisisse du sujet et fasse attention chez soi et autour », souligne-t-il. 

Un passage au stade 3 sera directement lié à l’évolution des cas. 

Siya TOURE