Camille et Patricia veulent créer une application mobile pour donner une seconde vie à nos vêtements
Que faire de tous nos nombreux vêtements et accessoires de mode entassés dans nos placards à qui on ne donne plus de vie ? Comment redonner vie à ses vêtements oubliés, ceux qui ne nous plaisent plus alors que leur potentiel peut-être encore très intéressant pour d’autres ? Ces questions, Camille Reache et Patricia Rodrigues se les sont posé avant d’avoir l’idée de créer leur propre application mobile Wear it Again, permettant de vendre ou acheter des vêtements et accessoires de mode de seconde main avec une livraison disponible par le biais de points relais.
«Les vêtements sont souvent un sujet de conversation lors des soirées entre filles», débute Patricia, 29 ans. «Le lancement de cette aventure a vraiment pris forme lorsque j’ai été à nouveau confrontée au défi de trier mes vêtements. J’ai souhaité donner un sac à Camille mais elle m’a dit qu’elle ne pouvait plus accepter car elle-même n’avait plus de place et devait faire du tri. J’étais embêtée car je ne savais pas quoi en faire de ce sac», poursuit-elle.
Camille y a introduit l’idée d’un projet dédié aux textiles. Originaire de la région parisienne, celle-ci fait part à Patricia d’une application connue en France hexagonale, visant à redonner vie aux vêtements. «Il faut qu’on la crée ici à Saint-Martin», lâche Camille Reache, 30 ans. Ainsi, les deux associées ont décidé de se lancer dans la création d’une entreprise, un univers familier pour Patricia.
En effet, pour cette dernière, entreprendre c’est dans l’ADN familial. « Mon père était entrepreneur, c’est quelque chose qu’il m’a transmis, ce qui m’a poussée à suivre ses pas. Le fait de créer des choses que l’on souhaite, gérer son entreprise me plaît et ne me fait pas peur », déclare-t-elle. Du haut de ses 29 ans, cette jeune femme née à Saint-Martin est déjà à la tête de deux entreprises. Très jeune, elle entre dans le monde du travail et intègre ce milieu entrepreneurial en 2014.
Si cette aventure est une première expérience pour Camille, cela lui a souvent effleuré l’esprit. Née en région parisienne, elle dépose ses valises en 2019 à Saint-Martin et se lie d’amitié rapidement avec Patricia. « Nous nous complétons bien, je lui ai expliqué le concept de l’application et elle m’a exposé comment monter une entreprise puis Wear it again est né », explique Camille.
Le projet est pensé depuis un an et cet été les deux jeunes femmes ont sauté le pas. Elles se sont inscrites au concours de l’innovation organisé par Initiative Saint Martin Active. «Nous nous sommes lancées car cela pouvait être un bon tremplin pour nous. C’est mettre un premier pied à l’étrier pour pouvoir commencer à développer notre dossier, faire une étude de marché etc. », considérait Camille. « C’était l’occasion aussi de pouvoir présenter le projet face à un jury et voir si l’idée plaiait, etc », complète Patricia.
Ainsi, le 10 novembre, elles remportent la première place de la huitième édition du concours de l’innovation avec un chèque de 5 000€, un premier appui pour la mise en œuvre de leur entreprise. «Ce concours nous a permis de vraiment faire une synthèse et il nous a donné un cadre», raconte Camille.
« Nous ne le pensions pas, mais grâce à ce concours et notre idée dévoilée au grand public, nous avons eu beaucoup de retours positifs notamment sur le fait que ce soit une application car ça n’existe pas ici et cela a donné un caractère plus fluide. C’était le but que ce soit accessible au plus grand nombre », insiste le duo.
« Nous avons aussi eu quelques commentaires négatifs, particulièrement sur notre idée innovatrice, alors elle ne l’est peut-être pas ailleurs mais pour Saint-Martin c’est innovant. Bien qu’il existe des pages acheter, vendre, échanger ou des groupes message dédié aux textiles, le concept que nous proposons n’est pas la même chose », ajoutent les créatrices de Wear it again.
« De plus, notre projet peut permettre de ralentir entre guillemets la surconsommation à acheter des vêtements d’où est venu le nom, Wear it again », poursuivent-elles.
L’application sera gratuite téléchargeable sur IOS et Android. Il faudra créer un compte pour devenir membre avec deux interfaces disponibles. Dont celle du vendeur, il devra poster des photos des articles qu’il souhaite vendre avec un prix à fixer et une description du produit. De plus, plusieurs filtres indicatifs du produit seront disponibles tels que la couleur de l’article, la marque, l’état du produit etc. Une fois ce dernier vendu, il leur suffit de déposer le colis dans un point relais.
Le duo souhaite démarcher plusieurs entreprises, commerces de l’île afin de faire office de points relais pour les colis. « Leur rôle sera simplement de réceptionner le colis, le stocker jusqu’à ce que le livreur passe le récupérer et ils seront rémunérés pour ce travail», précise Camille. « Nous ne voulions pas dépendre de La Poste, l’idée était de trouver un autre système », confie-t-elle.
Il y aura aussi l’interface en tant qu’acheteur, grâce à la barre de recherche, l’acheteur indique ce qu’il recherche « par exemple, un t-shirt vert en bon état de taille M, des propositions correspondantes seront affichées. L’acheteur aura quant à lui à sa charge les frais de livraison qui restent à définir », complète-t-elle.
« Nous voulons également donner soit une partie de nos bénéfices ou accorder un pourcentage à chaque transaction des achats via l’application à des associations locales qui sont dans le besoin de vêtements. Ce point d’honneur nous tient à cœur », expriment Camille et Patricia.
Pour l’heure, le duo doit encore réaliser des démarches administratives et créer l’application mobile .L’objectif est qu’elle soit disponible en septembre 2024. «Nous avons désormais tout en main pour développer notre projet », concluent Camille et Patricia.
