06.12.2023

Sem Air Antilles : les éléments de contexte qui ont changé depuis la reprise

Entre le jour où la majorité a présenté au conseil territorial son projet de délibération de création de société d’économie mixte pour racheter la compagnie aérienne Air Antilles, soit le 20 septembre, et le jour où la majorité a présenté une autre délibération permettant de récupérer 13,2 millions d’euros dans le budget 2023 pour la SEM Air Antilles (soit lundi de cette semaine), les éléments contextuels ont changé mais ne semblent pas inquiéter la majorité et la Sem Air Antilles.

Le 20 septembre dernier, Laurent Cotret, avocat au sein du cabinet qui a accompagné la Collectivité dans sa démarche de reprise de la compagnie, avait expliqué que le repreneur choisi par le tribunal de commerce sera le nouveau propriétaire des avions. Pour autant, pour faire voler des avions, la société doit être titulaire d’un CTA (certificat de transport aérien) et d’une licence. Ces deux documents sont délivrés par la direction générale de l’aviation civile sur dossier.

«Le dossier a été déposé dans les délais», a confirmé, lundi, aux élus Albert Holl, le directeur général des services de la Collectivité. Louis Mussington espère un retour des autorités fin janvier. Il se base sur la durée minimum de l’instruction d’un dossier, soit trois mois.

La nouvelle Sem est confiante de ce délai au regard des enjeux pour le territoire, dont, selon elle, la DGAC doit prendre en considération : il s’agit de repositionner au plus vite une compagnie pour assurer la desserte des îles françaises. En septembre dernier, il avait notamment été souligné qu’avec la cessation d’activité d’Air Antilles, Air Caraïbes était devenue la seule à opérer sur le réseau régional et entretenir une situation de monopole n’était pas idéal. Or, depuis, Air France a ouvert deux lignes par semaine au départ de St Maarten vers la Guadeloupe. La donne concurrentielle a donc évolué en faveur des voyageurs. La DGAC pourrait alors voir sa pression de casser un monopole, se réduire. Pour autant, Albert Holl s’est aussi voulu rassurant sur ce point. «Le dialogue se poursuit normalement dans les conditions qui ont été prévues», a-t-il affirmé. Louis Mussington a aussi confié qu’il appelait de manière régulière les services concernés pour se tenir au courant.

Pour éviter de laisser Air Caraïbes seule aux commandes du réseau régional, les avocats et les membres de la future Sem avaient également mis en place une stratégie : affréter des avions et leurs équipages auprès d’une entreprise du groupe Regourd Aviation. L’intérêt était en outre pour la Sem de pouvoir générer des recettes via la vente de billets. Et donc de «réduire les pertes d’exploitation» imposées par l’impossibilité de faire voler ses propres avions. S’il n’y a pas d’activité pendant plusieurs mois, «les besoins en fonds de roulement pour redémarrer seront plus importants», avait fait remarquer Laurent Cotret aux élus. Cela devrait être le cas puisque ladite entreprise qui devait affréter les aéronefs a eu «des difficultés pour mettre à disposition ses avions», a confirmé le DGS Albert Holl. Toutefois, il a voulu être rassurant sur les conséquences : «ça ne change qu’à la marge le budget de trésorerie tel qu’il a été arrêté».

Les explications de la majorité n’ont cependant pas réussi à lever les doutes et préoccupations des élus des deux oppositions présentes au conseil territorial quant à la fiabilité des investissements financiers de la COM dans ce projet. D’autant plus que la majorité entend contracter un prêt à hauteur de 10 millions d’euros auprès de la Banque des territoires ou de l’agence française de développement. Louis Mussington a demandé l’accompagnement de l’Etat dans cette recherche de fonds et le ministre en charge des outre-mer lui a assuré que l’Etat sera aux côtés de la COM.

Estelle Gasnet