Agri-networking : "les agriculteurs ne doivent pas se décourager"
Mardi, la chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin (CCISM), en sa qualité de chambre d’agriculture lançait la seconde édition d’Agri-networking dédiée au développement de la filière agricole. Actuellement, 37 exploitations agricoles actives sont enregistrées officiellement.
Cette matinée n’a malheureusement réuni que deux agriculteurs de l’île autour de la table ronde. Si certains ne pouvaient pas venir en raison de leur emploi du temps, de leurs activités professionnelles, pour d’autres cela avait certainement un lien avec la fermeture de l’abattoir.
«Je pense qu’ils sont frustrés et déçus et que leur temps, est selon eux mieux dépensé ailleurs. Nous les avons appelés un à un pour venir», débute Lil Degrendel, chargée de projets agricoles à la CCISM. Cependant, «c’est une dynamique générale qui ne se lie pas seulement à la fermeture de l’abattoir», constate-t-elle.
«Les agriculteurs ne doivent pas se décourager. En tant que chambre d’agriculture, nous sommes là pour les accompagner, nous sommes leur porte-parole, mais il faut qu’ils viennent nous voir. Nous avons aussi besoin d’eux», insiste Lil Degrendel. Face à ce constat et cette situation agricole à Saint-Martin, «il faut que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilité», alerte-t-elle.
La chargée de projets agricoles à la CCISM a débuté la matinée en faisant un point sur l’actualité, notamment sur la sécurité sociale, l’abattoir, ainsi que le foncier.
Sécurité sociale
«Nous avons avancé sur la Sécurité sociale des agriculteurs, mutualité sociale agricole (MSA). Nous travaillons activement sur la filiation», indique Lil Degrendel.
Dans ce cadre, l’année prochaine, un contrôleur sera présent sur le territoire afin d’affilier les agriculteurs concernés. «Normalement cela se fait sur la base des surfaces des exploitations, or à Saint-Martin elles sont trop petites pour être affiliées automatiquement. Ainsi cela demande la venue d’un contrôle qui octroie la filiation sur le temps de travail de l’agriculteur», explique la chargée de projets. De plus, un programme de formation sera organisé pour les agriculteurs sur les démarches de filiation, l’enregistrement des sociétés agricoles pour celles qui sont encore hors système etc.
Fermeture de l’abattoir
L’abattoir de Saint-Martin a fermé ses portesau premier trimestre de cette année suite à la perte de son agrément sanitaire temporaire. «L’établissement avait fait une demande d’agrément définitive, celui-ci a été refusé car il était estimé insuffisant pour respecter les exigences sanitaires», précise le représentant de la direction de l’alimentation de l’agriculture et des forêts (DAAF).
Pour pouvoir rouvrir, l’établissement public de gestion et d’exploitation (EGEA) qui gère l’abattoir, doit obtenir un agrément sanitaire définitif. Ainsi une nouvelle demande d’agrément doit être déposée dès janvier, «un dossier complexe», indique Élie Touzé, directeur de l’abattoir lors de la table ronde. «Nous devons garantir que l’ensemble des procédures internes à la structure puisse être respectées», poursuit-il.
«En attendant, des travaux seront réalisés dans l’établissement, de la formation également en matière de compétence du personnel pour répondre en tout point aux exigences pour la demande d’agrément sanitaire », complète Élie Touzé.
Foncier agricole
«Pour qu’un abattoir fonctionne, nous avons besoin d’autonomie alimentaire, qu’il y ait de plus en plus d’animaux», déclare Élie Touzé. Si l’abattoir est un outil économique pour la filière viande, il est aussi un outil sanitaire. Toutefois, «le tonnage annuel d’abattage doit être en constante progression. Pour y parvenir, il faut garantir aux agriculteurs et aux porteurs de projet la possibilité de s’installer sur des parcelles où ils pourront exercer leur métier sur le long terme», convient-il.
Pour cette raison, la Collectivité de Saint-Martin a dépêché un cabinet, la fédération nationale des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (FNSafer). Celui-ci va permettre de mettre en place un accompagnement technique pour les agriculteurs déjà implantés et aux nouveaux, en plus de lancer un diagnostic sur le foncier agricole de Saint-Martin. En d’autres termes, une cartographie permettra de situer les parcelles où il y a une possibilité d’installation pour de jeunes agriculteurs.
Enfin, «la situation administrative des terres saint-martinoises échappe à la rigueur normative de l’administration. Cette caractéristique englobe particulièrement les terres agricoles et compromet le développement des filières agricoles», indiquait la Collectivité. « Face à ce problème d’enregistrement des exploitations, la Collectivité travaille d’arrache-pied pour solutionner les problèmes des terres agricoles de Saint-Martin », confie Élie Touzé.