Régulation des singes : la partie hollandaise en a tué plus de 100 et la partie française réfléchit toujours à une action
Il y a un an, le gouvernement de Sint Maarten a débuté sur son territoire sa campagne de régulation des singes (Callitrichidae), espèces exotiques envahissantes. Les plaintes de la population étaient de plus en plus nombreuses, les singes à la recherche de nourriture s’approchant de plus en plus près des habitations et pouvant adopter un comportement agressif, voire dangereux, à l’égard des habitants.
Le gouvernement a sollicité la St Maarten Nature Fondation pour réfléchir et élaborer un plan de gestion des singes en partie hollandaise. Des études sur le terrain ont été menées entre août 2020 et février 2021 et ont permis à la fondation de noter la présence de six à neuf groupes comprenant chacun entre dix et cinquante individus. Sur son site internet, la fondation évalue à 450 singes vivant en partie hollandaise en 2020.
Face à ces constats, le gouvernement a décidé d’agir et a retenu comme action l’euthanasie. Selon l’étude de la St Maarten Nature Fondation, l’éradication était la solution «la plus rapide et la moins coûteuse». Le coût de l’euthanasie par un vétérinaire est estimé à 60 dollars par animal, sans compter celui de la capture et d’éventuels sédatifs supplémentaires ; la stérilisation aurait coûté cinq fois plus cher et nécessité «davantage de temps ». La Nature fondation considère qu’entre cinq et dix ans seraient nécessaires pour stériliser les singes et leur nombre n’aurait commencé à diminuer qu’à partir d’une quinzaine d’années plus tard.
Prévu de durer jusqu’en 2025, le programme d’euthanasie a débuté en janvier l’année dernière. Selon l’association de la Réserve naturelle de Saint-Martin*, quatorze pièges ont été installés en partie hollandaise et ont permis la capture de 108 singes qui ont ensuite été euthanasiés.
Fin 2023, le journal The Guardian indiquait avoir été contacté par soixante-quinze associations de défense des animaux pour dénoncer la campagne et demander son arrêt. Une pétition avait aussi été mise en ligne et avait récolté plus de 3 740 signatures. L’article révèle également que l’association Born Free USA indique que «des experts sont prêts à aider le gouvernement [de St Maarten] à mener un programme de stérilisation plus humain mais n’ont eu aucun retour».Selon les études menées sur le terrain par la St Maarten Nature Fondation, un tiers des personnes interrogées de la partie hollandaise était pour la stérilisation, plus de la moitié pour l’éradication, solution aussi souhaitée par la plupart des habitants de la partie hollandaise.
Côté français, les autorités avancent plus lentement et prudemment. Début 2023, la préfecture (qui a les compétences santé et environnement) avait diligenté une mission pour mesurer l’impact des singes en partie française. Une zoologiste était venue sur le terrain et devait rendre un rapport afin d’aider les autorités à prendre des décisions. Choisir des solutions.
Dans son dernier journal, la Réserve naturelle indique que lors d’une réunion en préfecture en août, «la problématique des espèces exotiques envahissantes» a été abordée «plus largement » ; les participants (préfecture, COM, Verde sxm, St Maarten Nature fondation) voulant «consolider une stratégie harmonisée à l’échelle de l’île». «Cette concertation a débouché sur des visites de terrains à Guana Bay et Cole Bay, destinées à évaluer les défis logistiques et sanitaires. L’ambition ? Perfectionner les opérations, sécuriser les intervenants et la communauté, tout en envisageant des études pour mesurer l’impact de ces régulations sur l’économie, l’écosystème et la santé publique de Saint-Martin », rapporte la Réserve naturelle.
Début 2024, selon l’association, le projet de régulation des singes verts en partie française est «toujours en cours d’évaluation financière ». «L’objectif est d’affiner le cahier des charges technique, de déterminer le coût total d’intervention, depuis la capture jusqu’à l’élimination des dépouilles, afin d’identifier la solution optimale et de rechercher les financements nécessaires. Néanmoins, le projet suscite des réactions mitigées et des alternatives sont encore à l’étude », complète la Réserve.
* Journal numéro 44 de la Réserve.
(crédit photo : St Maarten Nature Fondation)