Selon le président de CCI France, Saint-Martin a une capacité de développement "extraordinaire"
Alain Di Crescenzo, président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de France, était de passage sur le territoire saint-martinois en fin de semaine dernière afin de rencontrer les élus de la chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin (CCISM).
Depuis sa mandature en 2022, il s’était engagé à visiter les territoires d’outre-mer une fois tous les deux ans ; son dernier passage sur l’île remonte en juillet 2022. «Imaginer ce qu’il se passe sur les territoires d’outre-mer depuis Paris, ça ne marche pas », considère-t-il lors de la conférence de presse à la CCISM. «Nous nous dirigeons de plus en plus vers la microéconomie qu’il faut comprendre et intégrer pour proposer des solutions», poursuit-il.
Lors de la réunion avec les élus de la CCISM vendredi, les discussions ont porté sur le commerce, notamment sur le centre-ville de Marigot afin de dynamiser ce secteur, les problématiques vis-à-vis de la Caisse générale de la sécurité sociale (CGSS), la nécessité de favoriser l’investissement et déterminer des priorités dans lesquelles la CCI de France pourra s’investir. « Mon rôle consiste à contribuer au développement de ce territoire », confie Alain Di Crescenzo.
Ces dernières années, le centre-ville de Marigot a connu une certaine perte de son dynamisme, notamment à la suite de l’ouragan Irma. Pour cette raison, la CCISM collabore avec la CCI de France sur des projets et actions typiques comme le e-commerce, ma ville mon shopping. Cette plateforme permet aux producteurs locaux, aux artisans et aux commerçants de proximité de développer de nouveaux services de vente et soutenir la reprise d’activité du commerce local.
De plus, la CCISM ambitionne de mener d’autres actions d’animations plus importantes en accompagnant l’association des commerçants de Marigot. «Nous allons élaborer un plan d’attaque pour la redynamisation de Marigot», déclare Angèle Dormoy, présidente de la CCISM. Elle explique que le plan inclura certainement des horaires d’ouverture prolongés, une ouverture de nuit pour certains soir et des animations «de qualité », décrit-elle. « Il faut un décalage d’horaires pour pouvoir permettre de toucher la population locale qui travaille souvent aux mêmes horaires d’ouverture des commerces», reconnaît-elle.
«Nous savons que nous devons attirer de la clientèle pendant la saison touristique. En ce sens, nous allons accompagner les entreprises à passer en e-commerce, en leur proposant des formations etc », explique Angèle Dormoy. Des experts de la CCI France feront le déplacement sur l’île afin de faire un diagnostic sur la situation du commerce à Saint-Martin et ainsi de déployer certaines actions.
Par ailleurs, selon le président de la chambre de commerce et d’industrie de France, les recettes fiscales ont été mauvaises sur le quatrième trimestre 2023 et les lignes budgétaires pour les départements et régions d’outre-mer (DROM) ont été revues à la baisse. « Il va falloir travailler sur des budgets contrats, d’où l’importance de prioriser et de se focaliser sur ce qui créera le plus de valeur localement », estime-t-il.
« Si vous regardez ce qui se passe dans l’Hexagone, le développement économique a atteint sa maturité et il est très difficile de trouver des points de compétitivité et de croissance », constate-t-il. « Dans les DROM, nous avons vraiment des effets de levier qui sont des grandes opportunités, puisqu’il y a encore des infrastructures à développer, des initiatives à mettre en place comme le e-commerce et bien plus encore. Il y a du potentiel et ce potentiel est une opportunité pour la France avec laquelle on doit pouvoir trouver de la croissance et nous voulons y parvenir en poussant des actions », développe Alain Di Crescenzo.
« Sous son mandat de 5 ans, ce dernier a montré beaucoup d’intérêt envers le territoire. Raison pour laquelle nous avons calé nos élections sur ceux de CCI de France puisque mon mandat s’étale avec celui d’Alain et nous aurons la possibilité de travailler plus longtemps sur certains dossiers», confie la présidente de la CCISM.
Selon Alain Di Crescenzo, Saint-Martin a une capacité de développement « extraordinaire » et il faut « accélérer ». La spécificité de l’île avec les petites tailles des entreprises, le coût des transports et des produits, la continuité territoriale etc, la crainte du président est de se tromper de priorité sur les différentes opportunités que présente le territoire. « Notre travail consiste à aiguiller et à orienter l’État, la Collectivité à investir de l’argent là où ça peut créer de la valeur ajoutée et de l’emploi. Ces secteurs pour Saint-Martin comprennent le commerce, le tourisme, l’artisanat, l’agriculture etc », complète-t-il.
La chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin alimente le fonds de tourisme durable sur l’île en apportant un soutien financier aux porteurs de projets liés à la transition écologique. « Il y a une forte vitalité touristique sur le territoire qu’il faut rendre plus pérenne et aussi essayer de casser la saisonnalité. Lorsque les personnes viennent sur la partie française de l’île, il faut qu'elles aient envie de rester, de consommer plus que sur la partie hollandaise. Donc, il faut que nous proposons un peu plus d’animations », souhaite Angèle Dormoy. Ce qui amène à revenir sur l’opportunité de mettre en place sur la partie française un casino, qui apporterait une valeur ajoutée à la partie française en matière touristique.
Le projet du casino avait été validé par le comité interministériel des Outre-mer (CIOM). «Une belle opportunité pour l’île à laquelle on restera attentif », promet la présidente.