04.03.2024

Extension du port : quel impact pour l'unité de production d'eau ?

La question de l’impact sur l’usine d’eau potable a été abordée lors de l’atelier de concertation à la CCISM vendredi dernier dans le cadre du projet d’extension du port de Galisbay. Cet agrandissement aura lieu dans une zone non loin de l’unité de production d’eau, qui nécessitera «un dragage extrêmement important», précise Albéric Ellis, directeur général du port de Galisbay. Les travaux impacteront-ils la qualité de l'eau ? Quelles mesures pour limiter les risques seront prises ? Les acteurs impliqués dans le projet ont apporté des réponses lors de l’atelier.

Les travaux de dragage des fonds marins et de construction de digues augmentent la turbidité de l’eau et une altération de sa qualité. Autrement dit, l’accumulation de matières en suspension pourrait perturber le fonctionnement de l'usine de production d'eau potable gérée par l’établissement des eaux et de l’assainissement de Saint-Martin (EEASM) et dont la prise d'eau est située à proximité du port.

« Nous avons une usine vieillissante, très fragile, qui traite difficilement la turbidité », précise Sébastien Gallego, directeur général de l’EEASM. « L’idée est de traiter la turbidité le plus tôt possible, c’est-à-dire avant le lancement des travaux et le faire dans la continuité sans que les administrés ne voient le moindre impact», explique-t-il.

Les travaux induisent aussi une augmentation de la turbidité des eaux en raison de la remise en suspension de sédiments. Celle-ci est déterminée par de nombreux paramètres, dont la nature des travaux, les cadences, les volumes mis en jeu, la présence ou non de particules fines dans le sédiment dragué, les matériaux déversés.

Pour analyser les impacts du projet, l’établissement portuaire a pris l’attache d’un bureau d’étude DHI spécialisé dans l’hydraulique qui a établi un modèle numérique hydro sédimentaire. « L’idée est de reproduire, modéliser via des calculateurs la propagation des houles, l’évolution des courants et le transport des particules dans l’eau. Grâce à ces calculateurs, on est capable de connaître la direction que va prendre une particule dans l’eau auprès des courants », explique Alexandre Mabille, chargé d’accompagner l’établissement portuaire dans le pilotage de toutes les études environnementales. En conséquence, le projet a été adapté pour réduire cet impact, notamment en priorisant la technique de dragage ayant le moins d’impact sur la qualité de l’eau, c’est-à-dire un dragage à pelle mécanique montée sur ponton pour la qualité de l’eau.

La principale mesure pour réduire l'altération de la qualité de l'eau est l’installation d’un barrage pour filtrer les matières en suspension (MES). Par conséquent, les particules fines de sables ou d'argiles mises en suspension par les travaux seront être ainsi confinées. Le projet prévoit aussi de mettre en place cet écran anti-turbidité autour de l'atelier de dragage, autour de la zone de construction de la digue ainsi qu'autour de la prise d'eau de mer de l'usine d'eau potable. « L’objectif est d’isoler les zones de travaux les plus impactant, de casser le courant, sans pour autant poser de problème sur le pompage de l’usine d’eau », souligne Alexandre Mabille.

La pose d'un écran anti-turbidité permet de réduire les départs de particules fines vers l'extérieur. Le retour d'expérience de l'utilisation de ce type d'écran montre que la turbidité peut être réduite de 80 à 90 % à l'extérieur de l'écran. De plus, les simulations réalisées par modélisation numérique font état d'une protection suffisante pour préserver la qualité de l'eau de l'usine de production d'eau potable.

Un suivi quotidien de la turbidité de l'eau sera exécuté dans le cadre des travaux afin de ralentir les cadences ou de mettre en arrêt le chantier si certains seuils venaient à être dépassés. Les mesures seront réalisées grâce à des capteurs installés sur des bouées qui permettront la télétransmission des données en temps réel à un centre d'analyse.

Pour rappel, l’une des premières phases dans l’extension des travaux du port de Galisbay sera l’approfondissement du chenal à neuf mètres, la profondeur est aujourd’hui de 5,5 m. «720 000 mètres cubes de matériels seront retirés dont 440 000 serviront à créer les terre-pleins. Ce qui reste sera renvoyé en mer à vingt km au large dans des fonds de 600m de profondeur», détaille Alexandre Mabille. Une partie du sable sera aussi utilisée pour remplir la digue d’enclôture autour d’un nouveau terre-plein de dix hectares.

Ensuite, viendra la création des quais, avec l’encrage dans les fonds marins de pieux d’environ 80 cm à 1m de diamètre, « que nous allons enfoncer dans le sol, avec un rideau métallique que l’on appelle palplanche. Puis sur la tête des pieux, nous allons couler des ouvrages en béton, permettent la constitution des quais du futur port », développe Alexandre Mabille.

Siya TOURE