15.05.2024

L’activité touristique reste en "forte progression"

Les résultats des données économiques de Saint-Martin sur l’année 2023 ainsi que les premières tendances du début de l’année 2024 ont été dévoilés par Thierry Beltrand  directeur de l’institut d’émission des départements d’outre-mer (Iedom). 

Pour son dernier déplacement sur l’île, Thierry Beltrand a présenté lundi lors d'une conférence de presse la conjoncture économique et financière du territoire. «Les chiffres sont plutôt porteurs », décrit-il. Bien que ceux-ci n’aient pas encore retrouvé leur niveau d’avant-crises (l’ouragan Irma en 2017, puis Covid-19 2020/2021), l’activité touristique reste en «forte progression ». 

Celle-ci se démontre tout d’abord par le trafic aérien, un des vecteurs principaux pour l’arrivée des touristes, qui retrouve presque ses niveaux d’avant crises. En 2023, on enregistre cinq cent mille passagers (pax) arrivés dans les aéroports de Grand Case et Princess Juliana. «On ne peut analyser l’économie de l’île que si on l’analyse globalement puisque les touristes se répartissent des deux côtés de l’île», explique Thierry Beltrand. La fréquentation aérienne totale de l’île de Saint-Martin a dépassé son niveau d’avant covid-19 et se rapproche de celui précédant l’ouragan Irma (six-cent trente-six mille pax). 

C’est l’aéroport de Grand Case qui a résisté le mieux après le passage d’Irma, effaçant «quasiment ses pertes» contrairement à celui de Princess Juliana. En 2023, l’aéroport régional a accueilli un peu plus de cent mille passagers. Quant à l’aéroport international de Juliana avec les dégâts importants causé par l’ouragan Irma et les retards de reconstruction ainsi que les restrictions de déplacements lors de la crise sanitaire, celui-ci n’a retrouvé que les trois-quarts de son niveau d’avant-crises. «Nous sommes encore assez loin du niveau d’avant Irma (cinq-cent trente-mille passagers), puisqu’en 2023 près de quatre cent mille pax sont arrivés», indique le directeur de l’Iedom. 

Sur les deux premiers mois de l’année 2024, on observe une légère baisse du trafic aérien sur l’aéroport de Grand Case, alors que celui de Juliana poursuit son redressement. Grand Case reste tout de même stable autour de quinze mille pax aériens arrivés sur l’île, avec un recul de moins trois pour cent par rapport à la même période en 2023. À noter que ces résultats en augmentation «se font malgré l’absence d’Air Antilles », fait remarquer Vincent Berton. «Cette stabilité montre quand même qu’Air Caraïbes a compensé l’arrêt de l’activité d’Air Antilles et avec la reprise de cette dernière, cela pourrait générer davantage de passagers », convient Thierry Beltrand.  

Juliana remonte avec quatre-vingt-quinze passagers contre quatre-vingt mille sur les deux premiers mois de l’année 2023. Cela peut s’expliquer grâce à la réouverture d’une partie de l’aéroport, notamment du nouveau hall de départ et avec le retour de certaines compagnies aériennes américaines et sud-américaines, ainsi que l’annonce d’Air Caraïbes de reprendre sa liaison avec Paris en fin d’année.

Concernant le trafic maritime, notamment la croisière qui a été particulièrement affectée par la pandémie, celui-ci repart. À Saint-Martin, la croisière rebondit significativement avec une multiplication par cinq sur un an. Mais elle reste marginale, avec seulement six-mille-cent-dix-huit croisiéristes débarqués en 2023. À l’inverse à Sint Maarten, l’activité est plus forte avec un million trois-cent-vingt-mille pax arrivés en 2023, soit plus de cinquante-six pour cent sur un an. L'activité de croisière a bien repris et se situe désormais à quatre-vingts pour cent de son niveau de 2019 et à soixante-trois pour cent du pic de 2014 qui représentait plus de deux millions de passagers. 

L’activité inter-îles avec Anguilla reprend, mais est encore en recul d’un quart par rapport à 2016 et la liaison avec Saint-Barthélemy « bat de nouveaux records », d’après l’Iedom. Le trafic maritime avec Anguilla, qui était à l’arrêt total de mars 2020 à janvier 2022, a repris progressivement et en 2023, avec près de cent-mille pax maritimes arrivés et départs contre cent-trente-mille avant Irma. 

La liaison avec Saint-Barthélemy à quant à elle perdu entre quarante et cinquante pour cent de ses passagers après Irma et la crise sanitaire, mais «elle a rebondi très vite et très fort après chaque crise ». Par exemple entre 2021 et 2022 avec plus de soixante-deux pour cent et dépasse aujourd’hui ses niveaux d’avant-crises avec plus de seize pour cent. Sur les deux-cent-trente mille trois-cent- quatre-vingt-neuf pax en 2023, cinquante-sept-mille ont embarqué et/ou débarqué à Marigot. 

Sur les deux premiers mois de l’année 2024, les trafics maritimes avec Anguilla et Saint-Barthélemy poursuivent leur hausse. Le trafic maritime avec Anguilla est supérieur de sept pour cent à son niveau d’avant-crises et progresse de dix-neuf pour cent par rapport à 2023. Pour Saint-Barthélemy, le trafic reste « très dynamique sur le début d’année », avec plus de trente-cinq pour cent par rapport à 2023 et dépasse de soixante-quatre pour cent son niveau de 2019. 

Siya TOURE