L'esclavage a été aboli le 28 mai 1848 à Saint-Martin
L’esclavage dans les colonies françaises a été aboli par décret le 27 avril 1848. Dans son article 1er, il indique que «l’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elles». Ce sont les gouverneurs et les commissaires généraux qui sont chargés «d’organiser la liberté» notamment en Guadeloupe et dans ses dépendances.
À partir du mois de mai 1848, et sans attendre l’arrivée du décret, la nouvelle se répand dans les colonies : de violentes révoltes éclatent en Martinique devant l’incompréhension d’un décret voté mais ne devant entrer en application que deux mois après. Ces événements vont précipiter l’abolition effective de l’esclavage : le 22 mai en Martinique et le 27 mai en Guadeloupe, date à laquelle le gouverneur de Guadeloupe proclame l’abolition de l’esclavage par peur d’affrontements aussi meurtriers qu’en Martinique. Sans faire référence au décret du 27 avril 1848, l’arrêté du Conseil privé de Guadeloupe du 27 mai 1848 instaure donc en Guadeloupe et dans les dépendances, l’abolition de l’esclavage.
Dans un premier temps, à Saint-Martin, c’est la date du 27 mai qui a été retenue pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage mais des recherches ont montré que l’abolition a eu lieu le 28.
Preuves de la proclamation de l’abolition le dimanche 28 mai 1848 à Saint-Martin
Des recherches historiques engagées, notamment par Daniella Jeffry, ont permis de retrouver des documents d’archives permettant de conclure que la proclamation de l’abolition de l’esclavage est intervenue le dimanche 28 mai 1848 et non le 27 mai :
- Le Maire de Marigot Georges Dormoy, clôture le registre des actes de naissance, mariage et décès des esclaves par ces mots : «Clos et arrêté le présent registre contenant quarante et un actes par nous Maire de la commune de Marigot, fait à Saint-Martin, signé, en ce jour du vingt-huit mai mille huit cent quarante-huit, jour de proclamation de la liberté générale en ladite commune» (Registre […] des actes de naissances, mariages et décès des esclaves pour la commune de Saint-Martin, circonscription de Marigot pour l’année 1848 » ; Archives territoriales de Saint-Martin., 1 E371).
- Lettre du Comandant de la partie hollandaise à l’Officier commandant en date du 30 mai 1848 : «J’ai l’honneur de vous informer que le commandant de la partie française nous a informé de l’émancipation de la population esclave par proclamation du Gouverneur de la Guadeloupe et dépendances en date du 27 mai 1848 [samedi] dans la partie française dimanche dernier [dimanche 28 mai], et voyant que cette proclamation s’est faite sans compensation aux propriétaires pour la perte de leur propriété, nous craignons que les esclaves de la partie hollandaise essaient de s’évader à la partie française et là-bas, ils seront traités comme libres (…)» (Livre des archives 18747-1861, lettre n°10/30, 30 mai 1848, conservé au service des archives, Administration building, Philipsburg, Sint Maarten)
- Lettre du commandant de Sint Maarten du 1 mai 1848 demandant au commandant de la partie française de renvoyer 26 esclaves enfuis de la plantation de M. Louis de Durat appartenant à des propriétaires hollandais déclarant le 28 mai, jour de la proclamation de l’abolition de l’esclavage à Saint-Martin : «M. Percival propriétaire de la partie hollandaise est venu m’informer que le 29 de ce mois, le lendemain du jour où l’abolition de l’esclavage a été proclamée dans la partie française, vingt-six nègres, ont quitté son habitation et ses sont réfugiés, principalement sur l’habitation mont fortune appartenant à M. Durat, limitrophe de la partie hollandaise.» (Livre des archives 1847-1861, lettre n°11/31, 31 mai 1848, service des archives, Administration building, Philipsburg, Sint Maarten)
- Pétition des propriétaires de sucreries de la partie française de St. Martin, aux membres de l’Assemblée nationale législative en date du 1er août 1849 : «Citoyens représentants, notre petite colonie a souffert plus qu’aucune autre de l’affranchissement des noirs. Est-ce à dire que nous regrettons l’esclavage, loin de là. Le 28 mai 1848 le grand acte fut proclamé.» (Archives nationale d’Outre-Mer, Guadeloupe, C88, D617).
Toutes ces sources, originales et authentiques, produites ou destinées à différentes autorités officielles confirment que la date du 28 mai est bien la date effective de la proclamation de l’abolition de l’esclavage à Saint-Martin. Le 5 novembre 2015, le Conseil territorial a adopté à l’unanimité le changement de la date de commémoration de l’abolition de l’esclavage à Saint-Martin.
Le vœu de la COM a été pris en compte par le gouvernement même si une erreur matérielle s’est glissée dans le code du travail.
(photo d'archive)