Fusillade à Concordia : les deux auteurs présumés placés en détention provisoire dans l'attente de leur procès
Mercredi 16 octobre, le tribunal de proximité de Saint-Martin a examiné deux faits de violences avec usage ou menace d’une arme, dont l’un entrainant une ITT supérieure à huit jours. Deux prévenus ont été présentés en comparution immédiate mais ont demandé un délai pour préparer leur défense, leur procès aura lieu le 19 novembre. Dans cette attente, le tribunal a dû statuer sur leur situation juridique.
Les faits remontent au 26 septembre dernier dans le quartier de Concordia. LT, 22 ans, qui travaille en tant que charpentier pour les espaces verts d'une résidence dans le quartier est interpellé par JY, 24 ans, sur des questions de vols de bijoux. C’est alors qu’un échange de coups de feu démarre entre eux, et certainement avec d’autres tireurs non identifiés, près d'autres bâtiments de la résidence.
Blessé à l’épaule droite, JY est transporté par un automobiliste à l’hôpital où il est pris en charge. Il présente des lésions qui lui valent trente jours d’ITT (interruption temporaire de travail). À l’heure actuelle, la balle est toujours logée dans l’épaule du jeune homme, qualifié de très fragile. Avisée de la fusillade, la gendarmerie est arrivée à 9h43 sur les lieux. Mais pris de peur, LT avait déjà pris la fuite ; il se rendra de lui-même à la gendarmerie le 14 octobre.
«Les faits sont graves. Je suis atterrée de la banalité du port et de l’usage des armes à Saint-Martin» atteste la procureure. Par soucis de maintien à disposition de la justice, de risques de fuite mais aussi de protection des accusés sans craindre un renouvellement des faits, elle requiert dans l’attente de la tenue du procès, leur placement en détention provisoire.
Si LT reconnaît les faits qui lui sont reprochés, ce n’est pas le cas de JY qui affirme, en plus de ne jamais avoir été impliqué dans l’affaire, être désarmé au moment des faits. Fin septembre, il était à Saint-Martin pour rendre visite à sa mère, le reste de l'année il habite à Toulouse et père d'un enfant en bas âge. Pour Marion Tillard, son avocate, il n’y a aucun doute : « il s’agissait d’une tentative de meurtre. Les faits ont été réalisés sur le lieu de vie de mon client. Monsieur L a pris la fuite pour préparer sa défense», délcare-t-elle. Après avoir rappelé que le casier judiciaire de son client est vierge a contrario de celui de LT qui mentionne une condamnation de six mois avec sursis pour tentative d’escroquerie, l'avocate estime que les deux hommes ne peuvent pas, sans compter les blessures, être traités de la même manière. «Quand on vient armé pour travailler, c’est que l’on a des intentions peu louables » conçoit-elle.
Pour le conseil de LT, maître Davy Barreiro, les protagonistes doivent endosser leurs responsabilités. Il indique que son client vivant chez sa mère à Quartier d’Orléans, ne connaissait pas JY et «s’est retrouvé noyé au milieu d’une fusillade. S’il a fui, ce n’est, non pas pour préparer sa défense, mais par peur des représailles». L'avocat invite monsieur J à « dénoncer ses petits copains, qui ont «canardé» [son] client ». Dans une version comme dans l’autre, des témoins, dont certains ont préféré garder l’anonymat, contredisent les dires des deux parties.
Après délibération, le tribunal a décidé de placer les prévenus en détention provisoire. Ils ont été transférés en prison dans l'après-midi. Refusant tous les deux le jugement en visioconférence depuis la maison d’arrêt de Basse-Terre, ils seront jugés le 19 novembre par le tribunal de Basse-Terre.