Agression sexuelle sur une masseuse d’un hôtel de luxe
Jeudi 17 octobre, le tribunal de proximité de Saint-Martin devait juger une affaire d’agression sexuelle commis sur une masseuse d’un hôtel haut de gamme. Le prévenu n’était pas présent.
Les faits remontent au 10 janvier 2023. AD, client habituel d'un l’hôtel de luxe des Terres Basses, se rend vers 14 heures au massage qu’il a réservé dans le spa de l'établissement. S, masseuse et esthéticienne de formation, commence la prestation dans la cabine isolée prévue à cet effet. C’est alors que l’homme de 56 ans agresse sexuellement la jeune femme. À plusieurs reprises, et malgré de nombreuses verbalisations de demandes d’arrêt par la professionnelle, le Canadien d’origine ukrainienne lui touche les jambes, l’entrejambe, les fesses et la poitrine. «Il m’a demandé de lui faire un extra pour 500 dollars, que j’ai refusé» explique-t-elle à la barre. Par mesure de protection, elle choisit de focaliser davantage le soin sur les pieds de l’homme. «Je réfléchissais aux conséquences qu’entraînerait l’écourtement de la séance». Suite à une énième agression, la professionnelle décide de quitter la pièce. C’est à ce moment-là que l’homme «se jette» sur elle pour la bloquer derrière la table de massage et l’embrasse dans le cou. Après avoir effectué la majorité de la prestation, la masseuse sort finalement de la salle pour dénoncer l’homme à ses responsables. Celui-ci quittera l’hôtel comme prévu le lendemain en laissant un mot d’excuse ainsi que 100 dollars de pourboire. Il sera radié de la clientèle du groupe propriétaire de l'hôtel.
Reparti au Canada, l’homme sera finalement interpellé par la gendarmerie l’année suivante alors qu’il séjournait dans le même hôtel après avoir effectué une réservation sous le nom d’un proche. Lors de son audition, celui-ci niera avoir eu des gestes à caractères sexuels envers la jeune femme et ne l’aurait que «simplement serrée dans ses bras pour la remercier». Le mot d’excuse ? Simple précaution envers la jeune femme qui aurait pu «mal interpréter son comportement». Quant aux 500 dollars, il dit les avoir proposés pour qu’elle le soulage d’une douleur dans le dos.
Des arguments qui ne passent plus en 2024
«J’étais en totale sidération » répond la plaignante à la question « pourquoi n’êtes-vous pas sortie de la pièce quand vous vous êtes senti agressée ? » de maître Delphine Tissot, avocate de la défense. «Quand on est en état de sidération, on ne continue pas de travailler, on voit un médecin». Un argument qui ne passe pas auprès de l’avocate de la victime. «Je suis atterrée qu’en 2024, on pose encore ce genre de question. La première chose que m’a dite ma cliente, c’est qu’elle trouvait ça injuste. Injuste que ce moment soit une virgule dans la vie de son agresseur alors qu’elle le portera toute sa vie. C’est dommage qu’il ne soit pas là pour comprendre physiquement ce qu’il a fait à madame S ».
L’avocate s’attaque aux arguments de la défense qui considère que «le dossier est vide», dans lequel «personne ne détient la vérité», où «il n’y a pas de témoin» et dans «un contexte actuel qui vise à privilégier la parole des victimes». «Quand on est accusé, on se défend, on ne répond pas à coup de « je ne me souviens plus», conçoit le conseil. La victime présente des traumatismes psychologiques et a arrêté de travailler dans le milieu du spa. «Un domaine dans lequel elle était épanouie, reconnue professionnellement et bien payée. Elle est aujourd’hui assistante comptable et touche 1 500 euros. On ne quitte pas un emploi dans lequel on se plaît pour rien. Elle a décidé de privilégier sa sécurité», déclare son avocate.
Le parquet a requis trois mois d’emprisonnement avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 19 décembre.