25.10.2024

Une mère condamnée à de la prison avec sursis pour agressions physiques sur sa fille

«Reconnaissez-vous avoir été violente avec votre fille ? » demande la juge à madame MB. « Pas du tout, j’aime ma fille. C’est tout ce que j’ai ! » répond en pleurs l’accusée, à l’aide de son interprète. Le tribunal de proximité de Saint-Martin l'a condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir violenté sa fille de 15 ans entre 2015 et 2023, lui entraînant une ITT de deux jours.

Après une énième dispute, MB, mère célibataire originaire de Guyane, dépose sa fille à la Croix-Rouge. Cette dernière est alors reçue à tour de rôle, par l’éducatrice et la psychologue de l’association. Elle raconte que sa mère n’est pas stable et qu’elle en a peur. Elle la frappe et la menace régulièrement. Lors de leur dernière dispute, elle lui aurait reproché ses mauvaises fréquentations, blâmant ses ami.e.s d’être injurieux et de faire des danses irrespectueuses. Elle l’aurait alors insultée, tirée par les cheveux puis aurait jeté son portable dessus. Elle aurait même été jusqu’à la menacer avec un couteau accompagné des mots « je t’ai donné la vie alors je peux te tuer ». Jugée sincère et avec des émotions cohérentes par les professionnelles de la Croix-Rouge, la jeune fille sera confiée aux autorités compétentes.

Entendu par les gendarmes, MB dément l’avoir menacé avec un couteau. «Pourtant vous le reconnaissez dans le dossier» continue la juge. Les deux témoins de l’affaire, notamment l’éducatrice de la Croix-Rouge qui suivait MB depuis plus d’un an, confieront lors de leurs témoignages l’avoir trouvée possessive avec sa fille et dans la victimisation. Suite à son audition, la mère de famille sans casier judiciaire, présente un profil psychologique normal. «C’était une simple dispute, nous sommes en bons termes maintenant». Des faits validés par l’association France Victimes qui représente la jeune fille à l'audience : «J’ai rencontré à plusieurs reprises la victime et madame, j’ai pu constater que leurs relations sont apaisées. Au titre du préjudice moral, elle demande la somme d’un euro symbolique », confie le directeur de l'association.

«On part d’un fait bien précis, qui, finalement, est étendu sur cinq ans, ce qui en fait une enfant battue régulièrement. Le dossier est vide, il n’y a que les dires de la petite qui sont pris pour argent comptant, sans faire d’enquête, ni présence des services sociaux. On charge un peu la mule. Ma cliente n’a pas fait, pas voulu lui faire du mal, elle a simplement fait œuvre de correction pour affirmer son autorité sur sa fille qui lui mentait régulièrement, ce qui a engendré un léger hématome» déclare l’avocat de la défense. Sa plaidoirie s’axe aussi sur l’absence du père. «Il ne s’en occupe plus depuis 2018. Elle lui a été confiée deux jours pour cette affaire et il l’a rendue à sa mère car il ne pouvait pas la garder», précise le conseil.

Le tribunal déclare Madame B coupable des délits qui lui sont reprochés et la condamne à la peine de quatre mois d’emprisonnement avec sursis. Déclarée responsable du préjudice moral envers sa fille, elle est condamnée à payer en réparation la somme d'un euro symbolique.

Cyrile POCREAU