Vie chère en outre-mer : une députée suggère une "adaptation de tous les minima sociaux au coût de la vie"
La députée réunionnaise Karine Lebon a interpellé le ministre en charge des outre-mer sur les mesures que le gouvernement entend prendre «pour la sauvegarde du pouvoir d'achat de tous les ultramarins».
Tout d’abord, elle estime qu’une réforme à la baisse de «la sur-rémunération des fonctionnaires en outre-mer» présente un risque. Cette réforme pourrait être envisagée car fixer des salaires majorés de 40 % aurait eu, selon des experts, tendance à faire augmenter les prix en outre-mer en donnant aux fonctionnaires un plus fort pouvoir d’achat et, ainsi, en incitant certains acteurs à en profiter.
«Il est vrai que cette rémunération, adaptée à la cherté de la vie des territoires, étant en vigueur depuis les années 1950, n'a guère réussi à endiguer la pauvreté endémique des territoires ultramarins. Aussi, une étude et mise en avant par le dernier rapport d'enquête sur le coût de la vie chère dans les outre-mer, sur l'incidence économique qu'aurait la suppression de ce régime de primes montre qu'elle pousse un peu les prix à la baisse mais surtout qu'elle crée du chômage, réduit la croissance et entraîne une surcompensation des revenus. [...] Au final, l'économie est perdante, puisque le niveau de vie de la population est censé reculer sous l'effet revenu défavorable », rapporte la députée.
Celle-ci conçoit, au contraire, que «cette sur-rémunération» est un exemple d'adaptation aux territoires que l'on doit généraliser à toutes les prestations sociales. Cette adaptation prendrait la forme d'une indexation de ces minima sociaux (SMIC, APL, AAH, RSA) sur le coût de la vie en outre-mer, basé sur un panier moyen déterminé par les services de l'État».
«Le gouvernement ayant la mainmise sur ces salaires et non sur les prix pratiqués dans les grandes surfaces, qui se démarquent par l'application de marges excessives, il convient d'affirmer que, tant que ces enseignes seront en situation de monopole et tant que les prix seront aussi élevés, le seul moyen d'obtenir des résultats probants pour la population serait cette indexation de tous les minima sociaux et en aucun cas une réforme de la rémunération des fonctionnaires», insiste-t-elle.
Pour compléter ses arguments, elle s’appuie sur un rapport sur la vie chère en outre-mer réalisé pari un maître de conférences au Centre d'économie et de management de l'océan Indien (Cemoi) de l'université de La Réunion : il «dressait un parallèle avec la principauté de Monaco en avançant que le pouvoir d'achat des Monégasques est beaucoup plus élevé que celui des Réunionnais, [alors que] les produits vendus en supermarché sont moins chers qu'à La Réunion. Si un pouvoir d'achat plus élevé entraînait mécaniquement un prix plus élevé, on l'aurait constaté ailleurs. Ce n'est pas le pouvoir d'achat des consommateurs qui fait baisser les prix, mais la concurrence».
Karine Lebon demande ainsi au ministre en charge des outre-mer «quelles sont les mesures prévues pour la sauvegarde du pouvoir d'achat de tous les ultramarins » et «quels moyens seront mis en œuvre pour lutter contre les marges et pour une TVA à 0 % sur les produits de première nécessité ». A noter que Saint-Martin ne pourrait être concernée par cette dernière option puisque la collectivité est seule compétente dans la fixation des taux fiscaux. Par contre,la dernière demande de la parlementaire concernerait les Saint-Martinois, elle lui demande «si une réflexion sera lancée sur l'adaptation de tous les minima sociaux au coût de la vie, dans les territoires ultramarins».La question a été publiée aujourd’hui au Journal officiel de la république et n’a pas encore eu de réponse.